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Al-Ahram Hebdo
Fausse route
Dr Hicham Mourad
Photo: Al-Ahram
Mercredi 6 octobre 2010
A peine un mois après leur
lancement, les négociations palestino-israéliennes sont sur le
point de s’effondrer en raison du refus de Tel-Aviv de prolonger
le moratoire sur le gel partiel des constructions dans les
colonies de peuplement juif en Cisjordanie. Pour sauver le
processus de paix, les Etats-Unis, parrains des pourparlers,
sont à la recherche de la formule « magique » et « novatrice »
qui permettrait de maintenir le dialogue. Ils penseraient
pouvoir la trouver dans un engagement secret, et non public, du
premier ministre israélien Benyamin Netanyahu de ralentir
l’extension des colonies, ce qui encouragerait le président
palestinien, Mahmoud Abbass, à poursuivre les négociations,
comme si de rien n’était. Cette recherche américaine effrénée
d’une solution « verbale » à un problème « réel » ne contribue
sûrement pas à résoudre la crise, ni, encore moins, à régler le
fond du conflit qui oppose Palestiniens aux Israéliens. Elle
fait au contraire le jeu de ces derniers, avides de terres
palestiniennes.
La dernière tentative de
Washington d’arracher une concession de Netanyahu était de lui
faire miroiter une série de gratifications aussi surprenantes
qu’exagérées contre un prolongement du moratoire de seulement
deux mois. L’administration de Barack Obama serait ainsi prête à
lui offrir des assurances, concernant des questions allant de la
paix et la sécurité à la livraison d’armes. Washington aurait
promis que les Etats-Unis ne demanderaient pas à Israël une
nouvelle prolongation du moratoire à l’issue des deux mois
supplémentaires et qu’elle opposerait son veto à toute
résolution de l’Onu sur les négociations de paix pendant un an.
Les Etats-Unis auraient également accepté les exigences d’Israël
en matière de sécurité, notamment le principe d’une période de
transition dans la vallée du Jourdain. Netanyahu insiste pour
maintenir des troupes israéliennes à l’Est de la frontière d’un
futur Etat palestinien, ce que les Palestiniens refusent.
L’offre américaine aurait consisté à ce qu’Israël, en cas
d’accord avec les Palestiniens, bénéficie d’une technologie
militaire américaine plus sophistiquée, notamment en matière
d’avions de combat, de systèmes de défense et d’accès aux
systèmes de surveillance par satellite.
De telles garanties auraient
pour effet d’inciter Israël à se conformer aux exigences de la
communauté internationale, ou au contraire de l’encourager à
maintenir son intransigeance ? Que se passera-t-il après
l’expiration des deux mois supplémentaires du moratoire, s’ils
seront effectivement acceptés par Netanyahu ? Qu’on ne se leurre
pas, les dispositions affichées par Netanyahu de parvenir à la
paix ne sont qu’une question de relations publiques destinée à
améliorer l’image d’Israël ternie par tant de crimes, de
violations des droits les plus élémentaires du peuple
palestinien et de refus de parvenir à une paix juste. Et ce
n’est sûrement pas par des moyens détournés, qui esquivent les
vrais problèmes, ou par des « cadeaux » que le conflit vieux de
plus de 60 ans sera résolu.
Droits de reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 6 octobre 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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