Opinion
La réplique de
Trappes à Drancy
ou la confusion des genres
Hedy
Belhassine
Lundi 22 juillet 2013
« La République Française est laïque. L’État est
séparé des religions »
Sur quels frontons faudrait-il graver ces vérités ?
Qu’est venu faire l’ambassadeur d’Israël à la
mosquée de Drancy ? Le plénipotentiaire
de l’État sioniste en France n’est pas
musulman et ce serait le comble du
comble qu’il prétende représenter aussi
la communauté musulmane de son
pays ségrégationniste ?
De quoi s’est mêlé l’Imam autoproclamé
de cette banlieue ? Sans doute
était-il avide de parader dans les
médias au prétexte très lucratif de
prier pour la « réconciliation au Moyen
Orient ».
Pendant le mois de ramadan, la mosquée
est un lieu de communion réservé aux
fidèles. Il ne saurait en France servir
de rassemblement à des gesticulations
diplomatiques.
Au pays de la fille aînée de l’église le saint mois
d’abstinence du ramadan est devenu le
prétexte à des agapes de politicards
gastronomes. Imaginerait-on tenir un
banquet dans la nef de Notre-Dame de
Paris pour célébrer Pâques en compagnie
des ambassadeurs du Mali et de
Mongolie ?
La posture de certains imams français
est grotesque. Dans le cas de Drancy
elle est également dangereuse pour la
paix de la République. Loin de condamner
ces pratiques irresponsables le
gouvernement encourage
ces pantomimes d’inspirations
israélo-tunisiennes.
Il faut reconnaître que la doctrine de l’État est
confuse, elle se nourrit de débats en
tenues confinées hors de la lumière de
la réalité. Les musulmans sont les
otages béats d’un mélange des genres.
Ils paraissent exclus de la laïcité. Le
gouvernement s’ingère dans les affaires
de la mosquée. Il est complaisant envers
les forts du moment et intransigeant
vis-à-vis des faibles de toujours. C’est
ainsi que les musulmans de France sont
instrumentalisés par les représentants
de leur pays d’origine que souvent ils
ont fui. Le territoire français est
maillé d’associations sous influences
consulaires.
En quête d’interlocuteurs et de relais du commerce
extérieur, le ministère y consent de
bonne grâce et encourage Riyad, Doha,
Alger, Rabat, Tunis ou Bamako à
coloniser la foi de citoyens dont la
plupart sont des « bons
Français laïcs » (ce qui ne veut pas
dire athées) depuis plus de trois
générations ! La Place Beauvau,
ministère des cultes peine à effacer les
réflexes de l’ancienne Outre-Mer.
Pour la République, la séparation ne
concerne que l’Église exclusivement. La
communauté juive est adulée au
gouvernement et la posture de Hollande
démontre une volonté systématique de
câliner les musulmans dans le sens du
poil. Ainsi, ses visites des lieux de
prière lorsqu’il voyage officiellement
en terre musulmane. A-t-on jamais vu
Obama à la Grande Mosquée d’Alger ou
Merkel à celle de Rabat ?
En province, les élus et les collectivités locales
emboîtent le pas. Les repas d’iftar du
mois de ramadan prennent des allures de
buffet de campagne électorale. Les
Présidents des associations de musulmans
se complaisent dans ce rôle de supplétif
officiel et de fournisseurs sponsorisés
des traiteurs hallal. Ces agapes
sont choquantes lorsque l’on sait que
la rupture du jeûne est
traditionnellement un moment de
rassemblement et de recueillement dans
l’intimité familiale. Imaginerait-on un
gueuleton de Noël à la Sainte Chapelle
en compagnie de deux cents
personnalités officielles?
C’est pourtant ce qui vient d’avoir lieu
à la mosquée de Paris ! Le ministre de
l’intérieur (et des cultes) est venu au
nom du gouvernement saluer la
communauté. Soit. Mais il ne s’est pas
contenté de quelques dates et d’un verre
de lait ! Repas complet s’il vous plait.
Depuis l’harrira jusqu‘au thé à la
menthe ! Plus un discours dithyrambique
auquel ont répondu les autres
« représentatifs » d’un clergé qui
n’existe pas.
La Mosquée comme l’Église de France
mérite une parfaite égalité de
traitement : respect et indifférence
de l’État.
Les violences de Trappes sonnent comme un
avertissement en réponse à l’outrage de
Drancy.
Trappes était une ville de cheminots
résistants. Elle a été rasée pendant la
guerre. Reconstruite de briques et de
broc, elle a été longtemps une banlieue
ouvrière « rouge » de Paris avant de
devenir une rose cité-dortoir du
tiers-état musulman des Yvelines. Car
dans ce département chic de l’Ouest
parisien, les immigrés n’ont jamais été
« intégrés » dans les logements sociaux
de Versailles, Marly-le-roi, Rambouillet
ou Saint-Germain…Alors, ils ont trouvé
une niche dans la friche de Trappes, le
long de la gare de triage et de la
nationale.
Aujourd’hui, les nouveaux quartiers « en
voie de résidentialisation » sont
pimpants et les équipements collectifs
généreux ; pourtant, à parcourir
l’immense marché des Merisiers le
samedi, il y a comme un malaise. On se
sent ici comme chez soi. Comme
là-bas….On est transplanté au Maghreb.
D’évidence, Trappes est un lieu de
ségrégation. L’absence de mixité raciale
y est choquante.
A treize kilomètres de Trappes, le
marché de Versailles est tout aussi
décalé. C’est aussi un lieu de
ségrégation mais d’une autre couleur.
Incongrue Versaillaise observée des
pieds à la tête rue de la Paroisse :
mocassin, socquettes, jupe longue
plissée, chemisier boutonné jusqu’au
col, cheveux en foulard, missel à la
main, sourire crispé, regard lointain
brillant…
Incongrue habitante de Trappes
(Trappiste ?) vue avenue Henri
Barbusse : sandales, chaussettes, drap
noir de la tête aux chevilles, yeux et
phalanges masquées…
Deux bigotes françaises. Aux dernières
élections elles ont voté de façon
inversement symétrique.
Les Versaillais et les Trappistes ne se
rencontrent jamais. Ils vivent dans des
mondes qui ne commercent pas.
Triste constat d’une France d’en haut
qui ne croise plus celle d’en bas hors
des souks de Tunis et de Marrakech ! La
ville est à contre-sens de l’histoire.
Elle n’est plus un lieu de partage mais
de parcage !
Les citées musulmanes de la banlieue parisienne
sont pauvres et fragiles. Elles sont
vulnérables à toutes formes d’ingérences
et de provocations. L’affaire de Drancy
et sa réplique de Trappes sont l’exemple
même de la déflagration en chaîne qui
risque de conduire la France vers la
guerre des intégrismes religieux.
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