Opinion
Hezbollah, vous
avez dit terroriste ?
Hedy
Belhassine
Dimanche 17 mars 2013 A titre provisoire sans doute, la
guerre traditionnelle entre deux
nations est passée de mode. On
cherchera en vain dans la période
récente un exemple de conflit ouvert
entre deux pays qui s’affrontent
avec toute la puissance de leurs
forces.
La dernière fut celle de l’invasion du Liban par
Israël en 2006.
Quoique… Officiellement, aucune de
ces deux nations n’a jamais pris la
peine de se déclarer la guerre et à
la fin des hostilités, l’armée
libanaise n’avait toujours pas été
mise en état d’alerte ! Nous y
reviendrons.
Parmi les exemples de « non guerre
», il y a celle d’Irak qui
continue d’opposer les mercenaires
américains à des partisans.
Dans la même typologie on peut
ranger le désastreux débarquement en
Somalie, pays de misère extrême où
la revente au marché noir de
l’équipement d’un GI permettait à
une famille de survivre plusieurs
années. D’avoir compris que l’argent
venait de la mer, les Somalis sont
devenus corsaires.
Que dire des absurdes expéditions
afghanes dont il est bien difficile de
mesurer les aboutissants.
L’Afghanistan exporte bon an mal an
plus de sept mille tonnes de drogue.
Cette« arme de destruction massive »
contribuerait par un singulier effet
boomerang au décès de deux cent
mille toxicomanes dont la moitié sur
le sol américain.
Enfin, comment qualifier les raids
en Libye pour tuer un dictateur camé
et au Mali pour traquer une poignée
d’irréductibles fanatiques
manipulés.
La guerre frontale d’antan n’est
plus.
On lui a substitué la lutte contre
le terrorisme international,
doctrine exposée pour la première
fois par Georges Bush père en 1972
auquel les Prix Nobel de la Paix
oublient trop souvent de rendre
hommage car l’héritage de cette
pensée unique reste 40 ans plus
tard, la principale justification
des expéditions sanglantes.
Le terrorisme c’est selon le point
de vue que l’on adopte la méthode de
chantage ou de résistance la plus
efficace du faible contre le fort.
Et inversement.
Pour l’Union Européenne il s’agit
«d’actes intentionnels qui peuvent
nuire gravement à un pays ou à une
organisation… » Mais chaque Etat
possède sa propre définition, dont
l’interprétation évolue au gré des
circonstances. Ainsi la dernière«
fatwa » du Département d’Etat US
cible une quarantaine
d’organisations à travers le monde.
Pour le GRIP qui dans un dossier
reprend les chiffres de la Rand
Corporation « il existe un fossé
entre la perception du terrorisme
international et la réalité ».
L’étude distingue d’une part le «
terrorisme international » qui
exporte sa violence sur les sols
étrangers et d’autre part, le «
terrorisme national » qui recense
les actions de nationaux contre des
cibles domestiques. Selon ces
critères, le terrorisme
international est en moyenne
responsable de 500 morts par an,
avec un pic de 3500 en 200. Sur la
même période analysée le terrorisme
national a fait plusieurs millions
de victimes. Dans cette énumération
macabre« le terrorisme d’Etat »
porteur d’uniformes n’est pas
recensé.
Comparaison n’est pas raison. Il y a
morts et morts.
Comment comparer les morts de
New-York avec ceux de Gaza ? Comment
comparer l’assassinat du Préfet Erignac en Corse, de l’avocat Belaïd
en Tunisie ou des écoliers de
Toulouse avec les quelques millions
de massacrés au Rwanda ou au Congo ?
Il ne faut pas confondre fait divers
et tuerie de masse. L’émotion n’est
pas la même ! L’indifférence n’est
pas comptable.
D’autant que la plupart des
troupeaux sont égorgés par leurs
propres chiens de berger.Ainsi va le monde islamique,
surtout dans sa partie arabe. Elle
baigne dans le sang. La violence est
en propagation constante. Spirale
génocidaire et fratricide. Car
victimes et bourreaux sont
pareillement musulmans. Algérie,
Irak, Soudan, Yémen, Libye, Syrie…à
ces niveaux de tueries s’agit-il de
guerres civiles, de révolutions
permanentes, de manipulations
coloniales…C’est un autre débat.
Curieusement, alors que le Mohamétisme anthropophage prolifère,
l’hystérie sécuritaire islamophobe
gagne les Européens pourtant
nullement menacés.
Ils sont encouragés par la
propagande de l’Etat hébreu
qui échafaude des théories
abracadabrantesques propres à
réveiller la mauvaise conscience du
vieux continent. Il feint d’ignorer
la complicité des pétro-monarques et
l’incapacité des armées arabes à
combattre sans l’assistance
technique de leurs fournisseurs
euro-américains.
L’exception africaine était la Libye
; elle est anéantie. L’exception
orientale était la Syrie ; elle
s’auto-massacre. Reste l’Iran
lointain dont l’histoire ne révèle
aucune agression extérieure et qu’un
chapelet de bases militaires
américaines encercle.
Israël, pour exister a besoin de se
nourrir de la peur. De celle qu’elle
inspire aux autres, mais aussi de sa
propre crainte d’une nouvelle
défaite comme celle du Liban en
2006.
Revenons aux épisodes marquants de
cette guerre.
Le 12 juillet 2006, l’armée israélienne
lance une « offensive préventive »
sur le Liban.
Officiellement, les bombardements
aériens ne sont pas dirigés contre
les Libanais,
mais contre les« terroristes » d’un
parti politique démocratiquement
représenté au Parlement : le
Hezbollah.
L’offensive fera des milliers de
victimes« collatérales » dont il n’a
pas été possible de distinguer les
opinions.
Les blindés lourds bardés de
capteurs, d’obus et de missiles
sophistiqués s’élancent dans une
conquête qu’ils pensent facile. Las,
en quelques heures, plus de
cinquante forteresses rampantes sont
mises hors de combats par des
fantassins libanais chaussés
d’espadrilles. Le char Merkava
équipé de son fameux système anti
RPG achève lamentablement sa
réputation d’invincible cuirassé des
sables.
Dans le ciel, un F16 est proprement
abattu.
Le 14 juillet le vaisseau amiral de
la flotte israélienne se fait
surprendre (dixit les autorités) par
un missile tiré depuis le rivage.
Mais le désastre de l’offensive
Israélienne est consommé lorsque le
leader du Hezbollah commente en
direct depuis la télévision Al Manar
(qui n’a jamais cessée d’émettre)
l’attaque du navire de guerre. Les beyrouthins
se
précipitent aux balcons pour
observer le naufrage à la jumelle.
Les généraux de Tsahal perdent leur
arrogance et commencent à douter de
la sécurité de leur propre système
de transmission. Ils se demandent
comment un parti politique conduit
par un chef charismatique, a pu
mobiliser dans la résistance la
majorité des Libanais
et repousser l’armée israélienne
forte de 2 600 chars, 370 avions,
200 hélicoptères, 70 navires.
Certes, le Hezbollah dispose de
supports étrangers, mais ce n’est
pas l’Amérique ! Elle n’a pas
d’aviation, pas de marine, pas de
blindés. Pire, dans les casernes
l’armée libanaise est restée l’arme
au pied.
Dans les capitales alliées c’est la
stupeur. Heureusement les médias
sont en vacances estivales et la
propagande de Tel-Aviv fait le
reste. Inquiets, les Etats Unis
proposent leur aide. Israël préfère
sonner la retraite et méditer
secrètement la leçon.
C’était il y a bientôt sept ans.
Depuis cette défaite, l’Etat Hébreu
craint les Libanais
Shimon Perez aussi.
A l’époque il était vice-premier
Ministre. Aujourd’hui il est
Président.
Le nonagénaire, Prix Nobel de la
Paix est venu à Paris et Bruxelles
demander aux européens d’inscrire le
Hezbollah sur la liste des
organisations…. terroristes.
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