Opinion - El Watan
Réouverture du terminal de Rafah
La revanche
des Ghazaouis sur Moubarak
Hassan Moali
Rassemblement de Palestiniens à Rafah,
dans la bande de Ghaza, frontalière avec l’Egypte.
© El Watan - D.R.
Dimanche 29 mai 2011
Après quatre années de souffrances et d’enfermement pour les
habitants de Ghaza martyrisés par le blocus israélien, la
réouverture du terminal de Rafah constitue une bouffée
d’oxygène. En concrétisant sa promesse, la nouvelle direction
égyptienne aura renvoyé l’écho à la place Tahrir et enterré
l’ère compromettante de Moubarak.
Pour les Palestiniens de Ghaza, enfermés depuis quatre
ans dans une prison à ciel ouvert, la matinée d’hier est à
marquer d’une pierre blanche. L’Egypte, débarrassée de son
encombrant Moubarak, a tenu parole en procédant à la
réouverture «définitive» du terminal de Rafah. Ils étaient
des dizaines de Palestiniens visiblement heureux à avoir
traversé hier la frontière jadis interdite entre Ghaza et
l’Egypte.
La nouvelle direction politique du Caire, qui avait annoncé,
fin avril, par la voix du chef de la diplomatie égyptienne,
Nabil Al Arabi, de la prochaine réouverture à «titre
permanent», vient du coup enterrer l’Egypte du clan
Moubarak. Et cette mesure salutaire pour des milliers de
Palestiniens qui étouffent sous le blocus israélien, est
aussi une grosse pierre dans le jardin d’Israël habitué à
traiter avec une Egypte corvéable à merci. C’est la première
leçon politique à tirer de cette réouverture de la frontière
qui réconcilie ce grand pays – l’Egypte – avec sa vocation
de cœur palpitant du monde arabe et non plus de serpillière
de l’Etat hébreu et des Etats-Unis.
Au-delà de sa dimension humaine en ce qu’elle permet aux
Palestiniens de voir la lumière au-delà des barbelés et des
guérites de l’armée d’occupation, la réouverture du terminal
de Rafah se veut être un nouvel appel du Caire. La direction
politique de l’Egypte issue des «tripes» de la place Tahrir
n’entend plus servir de sous-traitant au couple
israélo-américain dans sa volonté de martyriser les
Ghazaouis coupables d’avoir élu Hamas. Signe de la tragédie
humaine que le clan Moubarak a cautionnée par sa lâcheté
depuis quatre ans, deux ambulances transportant des malades
ont été parmi les premiers véhicules ayant franchi
l’ex-ligne rouge de Rafah, selon l’agence officielle
égyptienne (MENA). Et c’est là une preuve, s’il en était
besoin, que la fermeture du terminal de Rafah par l’Egypte
de Moubarak équivalait à une non-assistance à population en
danger. Un juste retour des choses donc pour les
Palestiniens qui ont dû apprécier à sa juste valeur ce geste
des nouveaux maîtres du Caire. Cela étant dit, concrètement
le point de passage sera ouvert tous les jours de 9h à
17h locales, à l’exception des vendredis et des jours
fériés.
Une voie pour Ghaza, une voix pour la Palestine
La mesure concerne les personnes, selon une source de la
sécurité égyptienne. Les femmes palestiniennes de tout âge
seront exemptées de visa, de même que les hommes âgés de
moins de 18 ans ou de plus de 40 ans. L’exemption s’applique
aussi aux Palestiniens voulant étudier en Egypte tant qu’ils
ont une preuve de leur acceptation dans une université.
L’annonce de cette réouverture avait été faite deux jours
après le parrainage fin avril par l’Egypte d’un accord de
réconciliation entre les mouvements palestiniens Hamas et
Fatah. Ironie de l’histoire, le départ de Hosni Moubarak du
pouvoir en Egypte a débloqué toutes les situations que l’on
pensait compromises. Il y a eu d’abord cet accord de
réconciliation inter-palestinien.
Sous Moubarak, l’entente n’a jamais dépassé le cadre des
intentions. Et comme par enchantement, il a suffi que le
raïs «dégage» pour que les frères ennemis se remettent à
reparler, plus sérieusement cette fois. C’est que Moubarak
et son bras droit Abou El Gheit ont tout fait pour éloigner
le «spectre» de la réconciliation entre le Fatah et le Hamas
qui fait tant peur à Israël. Mission servilement accomplie
par Moubarak deux années durant. Quant à la réouverture du
terminal de Rafah, Moubarak a préféré ériger un mur en acier
pour cadenasser la frontière avec Ghaza et faire plaisir à
Tel-Aviv ! Désormais, la voie du Caire est ouverte aux
Palestiniens et la voie des Palestiniens est bien entendue
au Caire.
Le
sommaire Hassan Moali
Le dossier
Egypte
Dernières mises à
jour
|