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Commissions d'enquête sur le massacre
de Ghaza
Israël refuse de se plier à
l'obligation de l'ONU
Hassan Moali
Mercredi 27 janvier 2010
Une fois de plus, l’Etat hébreu donne la preuve que l’ONU de
Ban Ki-moon n’est qu’un « machin », pour reprendre la formule
proverbiale du général de Gaulle.
Alors que l’assemblée générale des Nations unies a adopté, en
novembre dernier, une résolution faisant obligation à l’Autorité
palestinienne et à Israël d’instituer des commissions d’enquête
nationales dans le sillage du rapport Goldstone sur Ghaza, Tel
Aviv affirme ne pas vouloir s’y plier. En effet, le ministre
israélien de l’Information, Youli Edelstein, a déclaré hier à la
radio publique que son pays « n’a pas l’intention de créer une
commission de vérification comme recommandé par l’ONU. » Pis
encore, il a tenu ces propos au lendemain d’une rencontre à New
York avec le secrétaire général de Nations unies, Ban Ki-moon.
« Israël ne transmettra à l’ONU qu’un document portant sur des
événements spécifiques ayant fait l’objet d’une enquête
interne » au sein de l’armée israélienne, a prévenu le ministre.
Ce niet israélien sera signifié officiellement demain à l’ONU.
« Ce genre de rapport (Goldstone) réveille l’antisémitisme et
renforce ceux qui nient la shoah et j’ai l’impression que le
secrétaire général a pris ce danger au sérieux », a affirmé M. Edelstein.
Il est donc évident qu’Israël a reçu la permission de Ban Ki-moon
de ne pas se conformer à la résolution de son organisation,
voire de les piétiner ! A ce statut d’intouchable dont use et
abuse Israël au nom de la « légalité internationale » et du
« droit » à l’agression que lui garantissent ses puissants
alliés au Conseil de sécurité, l’Autorité palestinienne, elle,
continue à croire que sa discipline et son légalisme allaient
lui permettre de se faire justice via l’ONU. En effet, son
président Mahmoud Abbas a ordonné hier, par décret, de mettre en
place une commission palestinienne chargée de mener des enquêtes
indépendantes sur les agressions israéliennes. Cette commission
d’enquête palestinienne sera composée de cinq membres avec, à sa
tête, l’ancien chef de la Cour suprême palestinienne, le juge
Aïssa Abou Cherrar, selon le décret de M. Abbas. Mais, à n’en
point douter, cette procédure - fuite en avant - décidée par
l’ONU est juste destinée à gagnée du temps.
Droit d'agression
Après avoir rejeté le rapport Goldstone qui l’accuse de
« crimes de guerre et de probables crimes contre l’humanité »,
il était du reste naïf de croire qu’Israël et ses soutiens
occidentaux allaient donner suite à ces commissions nationales.
Pourtant, si l’on s’en tient aux exigences onusiennes, le
rapport Goldstone recommande expressément la saisine de la Cour
pénale internationale (CPI) si Israël et les Palestiniens
n’annoncent pas d’ici fin janvier au secrétaire général de l’ONU
qu’ils entendent mener des enquêtes « crédibles » sur la manière
dont le conflit a été conduit. Mais voilà, une fois de plus,
l’organisation de Ban Ki-moon sera prise demain en flagrant
délit de laxisme, voire de compromission avec Israël.
Si l’Autorité palestinienne a installé sa commission sans
trop de conviction - juste par simple formalisme juridique et du
respect de la volonté de l’AG de l’ONU - l’Etat hébreu, quant à
lui, compte sur son impunité garantie pour se soustraire à
l’obligation. Il faut rappeler que la résolution onusienne
adoptée en novembre dernier à une grande majorité demande aux
Palestiniens et aux Israéliens d’ouvrir des enquêtes
« indépendantes, crédibles et conformes aux critères
internationaux » sur les « graves violations du droit
international humanitaire et des droits de l’homme à Ghaza. Mais
à l’arrivée, c’est précisément l’ONU qui devrait être condamnée
pour graves violations de ses propres résolutions…
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