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El Watan
Après avoir diabolisé le Hamas
Israël agite l'épouvantail du Fatah
Hassan Moali
Mahmoud Abbas - Photo RIA Novosti
Lundi 10 août 2009
Le recentrage de la ligne politique du mouvement Fatah – dont
les délégués au congrès élisaient hier la nouvelle direction –
autour de la « légitimité de la résistance » contre Israël a,
comme il fallait s’y attendre, eu l’effet d’une bombe.
Cette allusion au recours éventuel à une lutte armée et le
rejet catégorique de la notion « d’Etat juif » tel que réclamé
par Netanyahu a fait monter les responsables de l’Etat hébreu
sur leur grands chevaux. La classe politique israélienne a réagi
unanimement, hier, contre le « nouveau » programme adopté par
les congressistes du Fatah, qu’elle assimile à une copie
conforme de celui de son frère ennemi, le Hamas. A Tel-Aviv, le
moral est désormais en berne. « Le congrès du Fatah est décevant
et non prometteur car au Proche-Orient, il n’y a pas d’autre
moyen que de s’asseoir pour conclure un accord sur un programme
de paix », a dit le ministre de la Défense, Ehud Barak.
Pour le ministre de l’Environnement, Gilad Erdan, le
programme montre « une absence de volonté de parvenir à un
accord avec Israël ». Par ces déclarations volontairement
pessimistes et faussement inquiètes, les responsables du cabinet
du Premier ministre tentent de justifier par anticipation le gel
des négociations de paix et le recours à la méthode forte des
colonisations sauvages et des instructions en territoire
palestinien. C’est une manière bien subtile de signifier à la
communauté internationale, aux Etats-Unis surtout, que ce sont
les Palestiniens qui freinent la cadence vers la paix. Pour ce
faire, il brandissent cette fois l’épouvantail d’un Fatah
soudainement devenu infréquentable pour avoir adopté, pour une
fois, une stratégie réaliste face à un adversaire intransigeant.
Longtemps désigné comme un partenaire crédible par Israël sans
pour autant lui faire de « cadeau », le Fatah de Mahmoud Abbas a
choisi cette fois la voie de la raison. Et cela ne plaît pas à
Israël qui surfait allégrement sur l’extrémisme du Hamas pour
justifier ses dépassements et reporter à plus tard les
négociations. En face, le Fatah, qui a chèrement payé ses
accointances infructueuses avec les travaillistes, la droite et
maintenant l’extrême droite israélienne, ne veut plus servir de
faire-valoir à une paix chimérique.
Realpolitik
En s’engageant à « libérer la Palestine » pour laquelle il a
été créé, le Fatah fait d’une pierre deux coups. Il coupe
d’abord l’herbe sous le pied du Hamas qui revendique le monopole
de la « résistance » et entend reprendre son aura perdue de
mouvement de libération. Ensuite, il signifie à l’Etat hébreu
que le temps des louvoiements est révolu et que désormais, le
Fatah ne signera plus de chèque en blanc à des gouvernements
israéliens qui se suivent et se ressemblent dans la spoliation
des droits nationaux des Palestiniens. La plateforme politique
du mouvement, adoptée samedi, confirme ce changement de cap. Le
Fatah rappelle ainsi « son attachement à l’option d’une paix
juste, mais réitère le droit du peuple palestinien à la
résistance contre l’occupation, conformément à la loi
internationale ». Il indique aussi que « le Fatah reste fidèle
aux martyrs et prisonniers, et exprime son attachement aux
constantes du peuple palestinien, à savoir la libération de la
terre et de Jérusalem, le démantèlement des colonies et le
retour des réfugiés » palestiniens. « Nous refusons de
reconnaître Israël en tant qu’Etat juif afin de protéger les
droits des réfugiés ainsi que ceux des Palestiniens de l’autre
côté de la ‘ligne verte’ » entre Israël et la Cisjordanie,
stipule ce texte en référence à près de 1,3 million de citoyens
arabes d’Israël. Que le Hamas critique sévèrement les
résolutions adoptées par le Fatah est un signe que ce dernier
lui a peut-être ravi son fonds de commerce politique.
Droits réservés © El Watan 2007
Publié le 10 août 2009
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