Opinion
Il refuse
l'armement des rebelles syriens :
John Kerry déçoit les monarchies du
Golfe
Hassan
Moali
Mardi 5 mars 2013
Le passage du nouveau secrétaire
d’Etat américain, John Kerry, dans le
Golfe, ne semble pas tout à fait «béni»
par les souverains de ces monarchies
pétrolières. Et pour cause…
Ils attendaient de lui au moins deux
choses : qu’il donne le feu vert pour
l’armement des rebelles syriens et qu’il
menace directement l’Iran pour son
programme nucléaire. Mais au final, John
Kerry, qui connaît parfaitement les
enjeux de la région, aura donné un goût
amer au thé qu’il a pris «séparément»
avec les ministres des Affaires
étrangères de ces pays du Golfe.
Sur le dossier syrien, John Kerry a
clairement exclu que les Etats-Unis
puissent armer les rebelles, même s’il a
promis de les «renforcer». «Les
Etats-Unis s’engagent à continuer
d’œuvrer pour renforcer l’opposition
syrienne», a affirmé M. Kerry lors d’une
conférence de presse conjointe avec son
homologue saoudien, le prince Saoud Al
Fayçal.
Mais le secrétaire d’Etat américain,
dont l’Administration refuse d’armer les
rebelles syriens, a insisté qu’il n’y
avait «pas de garanties que des armes ne
tombent entre de mauvaises mains». En
creux, John Kerry a laissé entendre que
tous les rebelles syriens ne sont pas
forcément des opposants fréquentables
dans une allusion, à peine voilée, aux
mercenaires islamistes multinationaux
qui ont essaimé en Syrie grâce,
précisément, à l’argent des pays du
Golfe. Pas de quoi réjouir Saoud Al
Fayçal qui arborait une mine un tantinet
contrariée en écoutant les déclarations
de son invité, alors que son pays et ses
voisins du Golfe pensaient que les
Etats-Unis avaient enfin décidé de
solder les comptes à Bachar Al Assad et
aux dignitaires iraniens. C’est alors
que le chef de la diplomatie saoudienne
est intervenu pour soutenir «le droit du
peuple syrien à se défendre» et réclamer
un «embargo sur les armes à destination
du régime syrien».
Les doutes de
Washington
A propos de l’Iran, le fantôme des
monarchies du Golfe, l’envoyé spécial de
Barack Obama ne semble pas non plus
avoir fait sensation aux yeux de ses
hôtes. Il a certes déclaré que les
négociations sur le nucléaire ne
pourraient pas se prolonger
«indéfiniment», mais il a précisé que la
voie diplomatique reste l’option
prioritaire. «La diplomatie demeure
notre premier choix (....), mais les
pourparlers ne se poursuivront pas
indéfiniment», a-t-il nuancé. C’est dire
que cette première tournée du successeur
de Mme Clinton au Golfe ne risque pas de
rester dans l’histoire. Les six pays
arabes du Conseil de coopération du
Golfe (CCG), alliés des Etats-Unis qui
leur reprochent leur refus d’armer
l’opposition syrienne et leur attitude
moins ferme à l’égard de l’Iran, sont
restés une nouvelle fois sur leur faim.
John Kerry, un vétéran de la guerre du
Vietnam qui s’est découvert après une
âme de «pacifiste», a donc déçu plus
qu’il n’a satisfait le «groupe des six»
du Golfe.
Pourtant, ils avaient préparé le
terrain, dimanche dernier, en réitérant
leur soutien à un «règlement négocié» en
Syrie et appelé le Conseil de sécurité à
adopter une résolution pour «protéger
les civils syriens, sous le chapitre 7»,
qui prévoit des mesures coercitives.
S’agissant de l’Iran, le prince Saoud
s’est contenté, hier, d’exprimer
«l’espoir» que les négociations entre
l’Iran et les grandes puissances
«aboutiraient à une solution radicale».
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