Syrie
Les Etats-Unis
facilitent les achats d'armes
pour les rebelles syriens
Hannah Allam
Jeudi 2 août 2012
Comment les
Etats Unis arment les “rebelles” en
Syrie
Dans
mon précédent post, je relevais que le
gouvernement des Etats Unis avait résolu
de soutenir les opposants armés au
régime syrien en leur permettant
d’accéder à du «matériel non létal»
comme des radios cryptées.
Ce
dispositif, nous dit-on, exclut
la fourniture d’armes.
C’est du moins l’explication fournie
pour le Comité Nobel et pour les gogos
que nous sommes. Parce que, comme je
l’écrivais aussi, l’administration Obama
a bien sûr décidé de fournir armes et
argent en procédant indirectement tout
en s’assurant que les destinataires sont
ceux qui lui agréent et que les armes
sont celles qu’elle juge utiles.
On
comprend aussi que l’objectif de la
démarche est de modeler l’opposition sur
le terrain en fonction des desiderata de
Washington comme c’est déjà le cas pour
la majeure partie de l’opposition en
exil. C’est le sens des propos qui
clôturent l’article.
Sur
la base du nom du service qui a délivré
l’autorisation de collecte de fonds
destinés à l’Armée Syrienen Libre,
l’Office of Foreign Assets Control, on
peut déduire que l’argent sera en
réalité prélevé dans les avoirs syrien
gelés ou confisqués par les Etats Unis.
Tous
les détails sont dans l’article que je
vous propose ci-après
Les Etats-Unis facilitent les achats
d’armes pour les rebelles syriens
par
Hannah Allam, McClatchy Newspapers (USA)
2 août 2012 traduit de l’anglais par
Djazaïri
WASHINGTON – L’administration Obama a
discrètement ouvert la voie pour que des
personnes qui résident aux États-Unis
puissent acheter des armes pour les
rebelles qui se battent pour renverser
le président syrien Bachar al-Assad, par
l’octroi, rarissime, à une organisation
de soutien [aux rebelles] basée à
Washington d’une licence pour collecter
des fonds pour de l’armement et d’autres
équipements.
La
licence, qui a été délivrée sans tambour
ni trompette le mois dernier par le
Treasury Department’s Office of Foreign
Assets Control, donne à l’organisme à
but non lucratif Syrian Support Group
(Groupe de soutien à la Syrie) le
pouvoir de réunir de l’argent et de le
transmettre directement à des insurgés
armés. Auparavant, l’assistance à la
Syrie via des entités américaines était
restreint à des programmes humanitaires
et éducatifs.
Brian
Sayers, un Américain qui a travaillé
auparavant à l’OTAN comme chargé des
affaires politiques et est désormais le
lobbyiste du Syrian Support Group à
Washington, considère que cette licence
nouvelle va réduire les craintes de
nombreux bailleurs de fonds potentiels
d’aller à l’encontre des lois
américaines en aidant les rebelles à
acheter des armes “Beaucoup de donateurs
étaient réticents,” a-t-il dit.
D’autres
analystes considèrent que cette licence
devrait être un message au régime Assad,
malgé l’opposition de l’administration
Obama à une intervention militaire US et
sa réticence à fournor directement des
armes aux rebelles.
«C’est
une pression indirecte mise sur le
régime par les Etats Unis : Hé, on
s’engage avec l’Armée Syrienne Libre si
vous n’arrêtez pas ça,’» explique
Mohammad Abdallah, le chef du tout
nouveau Syria Justice and Accountability
Center, une organisation partiellement
financée par les Etats Unis pour
documenter les atrocités.
Sayers
explique que le Syrian Support group a
approuvé une liste de neuf comités ou
conseils militaires de l’Armée Syrienne
Libre, la force rebelle mal organisée,
et acceptait déjà des dons pour envoi en
Syrie dans un délai de «quelques
semaines.»
Le
Syrian Support Group consulte également
des juristes pour s’assurer que ses
membres et des donateurs ne se
retrouveront pas dans des problèmes si
l’argent finit entre les mains des
militants islamistes dont le rôle est de
plus en plus visible dans la révolte
syrienne ces dernières semaines.
Sayers
affirme que la licence permettra une
plus grande transparence dans le flux
d’armement en direction des milices
hétéroclites qui combattent contre des
troupes de Assad mieux équipées. Il dit
que l’argent pourra servir aussi à payer
les salaires des combattants et
contribuer à l’acquisition de masques à
gaz, de véhicules et d’autres matériels
dont les rebelles signalent la rareté.
Avec ces
transferts de fonds détaillés et des
registres sur la manière dont l’argent
est utilisé, ajoute-t-il, les achats
d’armes peuvent être mieux suivis et
distribués que ce n’est le cas dans le
système actuel, qui implique des dons
faits clandestinement dans des pays du
Golfe persique comme le Qatar et
l’Arabie saoudite.
Sayers
indique que le Syrian Support Group
participe aux conférences
[visioconférences ?] du conseil des
comandants de l’Armée Syrienne Libre
afin de faire le point sur leur besoins
pour le champ de bataille. Dès qu’on a
rassemblé assez d’argent pour faire un
envoi, dit-il, l’organisation s’assure
qu’il est réparti équitablement entre
les conseils [de l’ASL] plutôt que
d’aller à des fidèles d’un «cheikh qui
vit dans quelque petit patelin
frontalier en Arabie saoudite. »
«Evidemment, il sera toujours difficile
de dire qui est l’utilisateur final pour
chaque cent, chaque dollar, mais nous
n’imaginons pas que les conseils de
l’ASL donneront de l’argent à des
organisations marginales, » explique
Sayers.
Cette
licence, signalée pour la première fois
vendredi sur le site web centré sur le
Moyen orient, Al-Monitor, donne au
Syrian Support Group le droit
d’exporter, de vendre ou de fournir des
«moyens financiers, de communication, de
la logistique et d’autres services » à
l’Armée Syrienne Libre.
Le
document du 23 juillet ajoute que le
groupe doit transmettre régulièrement
des rapports détaillés sur ses
transactions, en précisant également les
parties concernées, le montant envoyé et
les services fournis.
Un
fonctionnaire du Département du Trésor,
s’exprimant seulement sous condition
d’anonymat, a confirmé la délivrance de
la licence et indiqué qu’elle ne
couvrait pas la livraison directe
d’armements, de radions ou d’autres
matériels techniques qui nécessiteraient
un autre type de permis.
Ce
fonctionnaire a reconnu cependant que
l’argent pouvait aller à des armes pour
les rebelles et précisé que le Syrian
Support Group avait la responsabilité de
vérifier que la licence ne serivirait
pas au profit de quiconque lié à des
organisations qui figurent sur la liste
nationale des organisations terroristes
étrangères.
«Ils se
doivent d’être très vigilants sur ce
point, » affirme le fonctionnaire des
finances. «Il est claitr que l’argent ne
doit pas aller à quiconque est désigné
[comme terroriste] par les Etats Unis.»
L’Armée
Syrienne Libre montre des signes
d’évolution vers plus d’organisation,
mais elle souffre encore d’un manque de
commandement central et du degré très
variable de professionnalisme parmi ses
combattants.
Alors
que les unités les plus qualifiés sont
constitués de transfuges de l’armée
Assad, les autres sont simplement des
civils redevenus insurgés sans formation
militaire ou au maniement des armes, une
situation qui a conduit à un nombre
croissant signalements d’exécutions et
d’abus commis par les forces de
l’opposition
En
outre,des extrémistes islamistes syriens
et étrangers ont rejoint la cause, et on
sait peu de choses au sujet de leurs
affiliations ou de leurs buts ultimes
pour une Syrie post-Assad.
Même
ceux qui sont pour la décision du
département du Trésor d’autoriser le
financement disent qu’il ne remplace pas
un engagement plus direct des Etats Unis
pour renverser rapidement Assad et
identifier des autorités de transition
de confiance, non seulement parmi les
rangs des combattants mais aussi parmi
les technocrates en exil et les
militants sur le terrain en Syrie.
Les
experts et les militants disent que les
risques sont trop élevés pour que le
gouvernement des Etats Unis se contente
de parier sur une victoire finale des
rebelles dans un conflit généralisé et
sanglant sans une plus grande assistance
militaire américaine et internationale.
«L’Armée
Syrienne Libre a beaucoup à prouver,
mais l’OFAC (la licence) n’est pas
arrivée seulement parce que
l’administration [Obama] voulait se
laver les mains de cette affaire, »
déclare Sayers.
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