|
L'EXPRESSIONDZ.COM
Cris de colère de deux
intellectuels algériens
Mustapha
Chérif
« C'est immoral d'inviter Israël sans
la Palestine »
Hakim Kateb
Mustapha Chérif
17 mars 2008 «En boycottant le Salon du livre
de Paris, les intellectuels arabes entendent manifester leur
indignation contre l'absence de la Palestine et dénoncent la
politique coloniale de l'Etat hébreu».
L'invité d'honneur du Salon du livre de
Paris, Israël, continue de soulever le tollé dans le milieu des
intellectuels musulmans. «C’est choquant, immoral et
inadmissible» estime l’universitaire et islamologue Mustapha
Chérif. Le choc, l’immoral et l’inadmissible ce n’est pas autant
la participation des écrivains et intellectuels israéliens, dont
certains sont des amis, que le fait que la France ait opté pour
la politique de deux poids, deux mesures contre la Palestine.
Pourquoi avoir choisi l’Etat hébreu comme invité d’honneur, au
moment où ce dernier fête la 60e année de sa création, et au
moment où des civils palestiniens tombent sous les balles de son
armée? La question vaut le détour. Et c’est cette interrogation
qui taraude l’esprit de Mustapha Chérif. «Pourquoi n’a-t-on
pas pensé à traiter en tant qu’invité d’honneur à la fois Israël
et la Palestine?», s’interroge l’invité de L’Expression. Et
de poursuivre: «Pourquoi n’a-t-on pas mis sur le même pied
d’égalité les intellectuels et écrivains palestiniens et
israéliens?». Cet état de fait est, on ne peut plus clair,
une preuve des plus tangibles que le Salon du livre de Paris a
outrepassé ses visées culturelles au profit d’une contenance
politique aux retombées négatives. «C’est une discrimination!»
lâche Mustapha Chérif. Croyant dur comme fer que le règlement
pacifique du problème politique est le seul moyen de régler les
conflits secouant la planète en général, et le Moyen-Orient en
particulier, l’invité de L’Expression a indiqué: «En
boycottant le Salon du livre de Paris, les intellectuels arabes
n’entendent pas manifester leur indignation contre l’Etat
hébreu, en tant que tel, ni pour renier son existence, mais le
boycott a été décidé pour dénoncer l’absence de la Palestine»
Précisant davantage sa pensée, M.Chérif affirme que la position
des intellectuels arabes ne doit, en aucun cas, être perçue
comme «la position d’une culture contre une autre, ni d’une
communauté contre une autre communauté, encore moins une
civilisation contre une autre civilisation, mais notre position
doit être considérée d’un autre point de vue». De quel angle
peut-on apercevoir la position des intellectuels arabes? «Nous
voulons dénoncer la pratique, par l’Etat hébreu, de l’apartheid
en plus de la victimisation outrancière, dans laquelle il
s’enferme» répond l’invité de la rédaction de L’Expression.
Cet islamologue, universitaire et intellectuel adresse ainsi une
réponse, plus que ferme aux propos tenus par le chef de l’Etat
hébreu qui, lors de l’inauguration du salon du livre de Paris,
avait déclaré: «Je suis contre les autodafés, je suis contre
le boycott des livres (...). Les livres sont faits pour éveiller
la réflexion, pour essayer de faire se rejoindre les idées».
Pour Mustapha Chérif, «les intellectuels arabes entendent
boycotter la politique de la discrimination et celle brutale de
l’occupation, et veulent opter pour un débat pacifique des idées
(...) pour un dialogue établi en toute démocratie et dans le
respect de l’Autre».
Droits
de reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 17 mars 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
|