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Ha'aretz
Un sommet pour quoi faire?
éditorial de la rédaction
[Lundi
prochain se tiendra à Jérusalem un sommet entre Ehoud Olmert,
Mahmoud Abbas et Condoleezza Rice. A priori, compte tenu des récentes
déclarations d'Olmert, il y a très peu à en attendre]
Ha'aretz, 14 février 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/825646.html
Au lieu de se rendre la semaine prochaine au sommet tripartite
avec Mahmoud Abbas et Condoleezza Rice dans un état d'esprit
positif, au lieu de réitérer sa promesse de se retirer de la
plupart des territoires de Cisjordanie en échange d'un accord de
paix, promesse faite il y a peu dans son discours de Sdeh Boker,
Ehoud Olmert a choisi de déclarer à l'avance qu'il n'en ferait
rien. Devant la commission parlementaire des affaires étrangères
et de la défense, Olmert a dit : "il n'y aura aucune
discussion sur les questions principales d'un accord définitif.
Ni sur Jérusalem, ni sur les réfugiés, ni sur un retrait sur
les frontières de 1967". La raison qu'il a donnée à ces
trois "Non" a été le souhait de ne pas mettre à
l'ordre du jour tout sujet qui puisse conduire à une crise.
Le 19 juin 1967, au lendemain de la victoire israélienne sur les
Etats arabes et de l'occupation des territoires, le gouvernement
israélien avait annoncé qu'il était prêt à se retirer de ces
territoires en échange de la paix. Les Etats arabes avaient réagi
par leurs célèbres trois "Non" au sommet de Khartoum
(non à l'existence d'Israël, non à la paix, non à la négociation,
ndt).
Depuis, les conditions pour parvenir à la paix n'ont pas changé,
et tout le monde sait qu'en échange de la paix, Israël devra se
retirer près de la ligne Verte, et que toutes modification de la
frontière internationale devra s'effectuer avec l'assentiment des
deux parties. Ainsi, ces formules de refus ne sont rien de plus
que de simples ergotages. On pourrait évidemment considérer ces
déclarations comme d'habiles tactiques de négociateur et
continuer à prétendre que dans des négociations, les
concessions se font à la fin et non au début. Mais quand des négociations
durent depuis 30 ans, il est douteux que cette tactique soit très
utile. La lassitude des participants à des sommets qui ne mènent
nulle part ne présage rien de bon.
Le faux calme qui règne sur le front palestinien, violé par des
lancements de Qassam et assuré par de fréquentes opérations du
Shin Bet, ne doit tromper personne. Les rencontres au sommet ne
sont pas des fins en soi mais des moyens. Si le gouvernement
palestinien d'union nationale représente une occasion de déboucher
sur un processus diplomatique, alors il faut donner à ce
processus un contenu.
A partir du moment où Israël repousse aujourd'hui l'option du
retrait unilatéral et a décidé de retourner à la négociation
d'un accord, à partir du moment où , sur tout l'échiquier
politique, on est parvenu à la conclusion qu'un Etat palestinien
à côté d'Israël était la seule option possible (1), il ne
reste rien d'autre à discuter que de la mise en oeuvre.
Les gouvernements naîtront puis tomberont, du côté israélien
comme du côté palestinien, mais la solution demeurera la même.
La promesse d'Olmert de ne pas se retirer sur les frontières de
1967 et de ne pas discuter de l'avenir de Jérusalem pose la
question : en quoi son gouvernement est-il différent d'un
gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahou?
Alors que les Palestiniens sont en train de discuter de la reprise
des négociations avec Israël qui sont censées commencer avec ce
sommet à venir, et que le président Mahmoud Abbas déclare que
les questions relatives à un accord définitif seront à l'ordre
du jour, le gouvernement israélien ne parle que de
"pourparlers théoriques", et ses représentants
expliquent qu'ils utilisent la formule "horizon
politique" pour ne pas susciter trop d'attentes. Ce n'est pas
un message d'espoir pour l'avenir, ni même une promesse d'aller
dans cette direction. Le chemin emprunté par Abbas est censé
prendre le pas sur celui du Hamas. Mais il est clair qu'il ne
pourra compter sur aucune aide de la part du gouvernement israélien.
(1) le rédacteur en chef d'Ha'aretz force un peu le trait. Le
front du refus israélien existe toujours, à commencer par le
Likoud (donné grand gagnant en cas d'élections anticipées),
sans parler des partis d'extrême droite, religieux ou non (ndt).
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
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