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Ha'aretz
D'Annapolis
à Har Homa
Éditorial de la rédaction
La colonie de Har Homa
Au
moment même où les négociations israélo-palestiniennes
devaient débuter, Israël annonce un plan de construction de 300
logements à Har Homa, quartier de Jérusalem Est. Peu conciliable
avec les positions affichées à Annapolis (NdT). Ha¹aretz,
12 décembre 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/933625.html
La semaine dernière, la secrétaire d¹Etat américaine
Condoleezza Rice a exigé de son homologue Tzipi Livni des
explications au sujet du plan de construction de 300 appartements
dans le quartier de Har Homa, à Jérusalem Est. Rice ne s¹est
pas contentée de poser la question à Livni, elle s¹est hâtée
de rendre publique l¹opposition de l¹administration Bush à ce
plan.
Les membres de l¹administration américaine, en général, s¹opposent
à tout geste susceptible de nuire aux négociations israélo-palestiniennes
en l¹occurrence, les colonies. Mais cette fois, Rice a également
exprimé sa crainte que les constructions à Har Homa soient un
obstacle au processus d¹Annapolis. Olmert et Abbas déclarent
poursuivre l¹objectif de Bush (conclure les négociations et créer
un Etat palestinien en une année), mais les pourparlers ne font
que commencer, et l¹hypothèse d¹une conclusion rapide menace de
s¹écraser sur Har Homa (jeu de mot intraduisible : Har Homa
signifie en hébreu « montagne de la muraille », ndt).
Israël n¹a aucune bonne raison à opposer aux Américains. Une
affaire intérieure ? Har Homa est située à l¹intérieur d¹un
territoire sous juridiction municipale de Jérusalem et soumise à
la souveraineté israélienne ? Une question de bureaucratie ? Un
appel d¹offres qui n¹avait pas encore été publié ? Ces
arguments sont ridicules. Personne au monde ne reconnaît l¹annexion
par Israël de Jérusalem Est. Il suffit d¹examiner les cartes
officielles publiées par le secrétariat d¹Etat américain et la
CIA. Tout ce qui est situé au-delà des lignes du 4 juin 67
constitue un territoire occupé. C¹est vrai pour le Golan, c¹est
vrai aussi des nouveaux quartiers construits par Israël à Jérusalem.
La politique unilatérale d¹Israël n¹est qu¹un jeu de
faux-semblants qui n¹oblige personne sinon lui-même, et
certainement pas les Etats-Unis, qui se trouve être aussi le seul
pays à aider Israël sur les plans militaire et diplomatique.
Israël ne peut pas non plus s¹appuyer sur la lettre adressée
par Bush en avril 2004 à Ariel Sharon, dans laquelle le président
américain affirmait que la situation créée par les colonies
dans les territoires palestiniens
devait être prise en considération. Cette déclaration de Bush
ne constituait pas un engagement à empêcher d¹évacuer des
colonies, elle n¹oblige pas ses successeurs, et d¹ailleurs, elle
a disparu ostensiblement d¹autres documents officiels, dont une
lettre quasi identique adressée dans le même temps au roi
Abdallah de Jordanie. Dans tous les cas, tout ce qui s¹est
produit depuis ces derniers trois ans et demi n¹est pas concerné
par la déclaration de Bush.
Il n¹est pas surprenant que cette affaire de Har Homa ait été
interprétée comme une provocation, ou au mieux comme une
stupidité, car elle intervient à un moment où l¹on se trouve
au seuil d¹une percée diplomatique décisive à laquelle, en
apparence du moins, Israël est heureux de participer sans se
faire tirer l¹oreille. Les trucs habituels (l¹extension des
limites des colonies, la construction de nouvelles colonies sous
le couvert de quartiers de colonies déjà existantes, ou, prétexte
favori, la « croissance naturelle ») ne trompent personne.
Les festivités d¹Annapolis sont terminées. Le test sera dans l¹application
des accords, beaucoup moins festive. Pour le moment, pas une seule
colonie sauvage n¹a été évacuée, aucun progrès diplomatique
n¹a été enregistré, pas même le plus léger, et Israël se
met dans la pire des positions : être la cible d¹attaques
terroristes que les Palestiniens ne tentent pas réellement de
stopper, et se mettre tout seul en position défensive sur le plan
diplomatique. A ce rythme, et compte tenu de tout ce qui précède,
la conférence d¹Annapolis ne sera rien de plus qu¹une simple
note de bas de page.
Trad. : Gérard
pour
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