|
Ha'aretz
«Guerre
totale» à Gaza entre le Fatah et le Hamas
Ha'aretz,
12 juin 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/870095.html
Mardi, les violences inter-palestiniennes dans la bande de Gaza
ont continué de plus belle, faisant au moins 17 morts en 24
heures, après que des hommes en armes ont attaqué le domicile du
premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh (Hamas). Le Hamas
considère cette attaque menée à l'aide de RPGs (rocket-propelled
grenades) comme une tentative d'assassinat. Deuxième attaque de
la sorte en quelques jours. Le fils de Haniyeh, Abdel Salam, a dit
qu'une RPG avait frappé la maison, située dans le camp de réfugiés
de Shati, alors que sa famille se trouvait à l'intérieur. La
maison a été endommagée mais aucune victime n'est à déplorer,
a-t-il ajouté.
Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas, a accusé le Fatah de viser
les institutions palestiniennes pour abattre le Hamas. "Ils
ont franchi toutes les lignes jaunes", a-t-il déclaré en
parlant du Fatah.
Mardi après-midi, le Hamas, dans le cadre de la lutte pour le
pouvoir qui s'étend rapidement dans la bande de Gaza, a lancé
une attaque contre le QG des forces du Fatah au nord de Gaza,
enjeu clé du conflit sanglant qui oppose les deux parties.
Environ 200 miliciens du Hamas ont encerclé le QG, où sont pris
au piège quelque 500 hommes en armes du Fatah. Le Hamas tire sur
l'immeuble à coups de mortier et de RPGs. "Ils attaquent de
tous les côtés, a dit l'un des officiers, Khaled Awad.
Plus tôt dans la journée, le Hamas avait exigé que les forces
du Fatah abandonnent leurs positions, menaçant d'attaquer ceux
qui demeureraient à leur poste.
Des radios liées au Hamas indiquent que ses combattants ont déjà
pris le contrôle d'installations au nord au et centre de la bande
de Gaza, ainsi que dans la ville de Khan Younis, au sud. Ces
informations n'ont pas pu être vérifiées de source indépendante.
Le colonel Nasser Khaldi, qui commande les forces du Fatah au sud,
a confirmé que ses hommes étaient sur la défensive. Pour lui,
Mahmoud Abbas, leader du Fatah, doit ordonner de répliquer.
"Il y a une faiblesse de la part de nos leaders",
dit-il. "Le Hamas est en train de prendre le contrôle de nos
positions, et nous n'avons aucun ordre."
A Khan Younis, les rues se sont vidées. Un membre des forces liées
au Fatah a affirmé que le Hamas avait pris un certain
nombre de positions du Fatah, mais que le complexe principal était
toujours contrôlé par le Fatah. Cet officier dit que le Hamas
s'est rendu maître d'un immeuble proche du complexe, mais que
"nos ordres sont de nous défendre s'ils arrivent, mais pas
d'attaquer."
Les combats ont aussi pris pour cible des personnalités des deux
côtés, dont l'enlèvement d'un vice-ministre du Hamas. Cet enlèvement,
qui a eu lieu à Ramallah, indique que les affrontements
pourraient s'étendre à la
Cisjordanie.
A Gaza, l'ancien ministre palestinien Nabil Shaath (Fatah) a déclaré
que des miliciens du Hamas avaient mis à sac son domicile, et tiré
sur l'un de ses gardes du corps. Shaath, qui répondait aux médias
par téléphone, est apparu secoué, mais il a précisé qu'aucun
des membres de sa famille n'avait été touché. Toutefois, selon
lui, les assaillants ont dérobé de nombreux objets à son
domicile, dans la ville de Beit Lahia, au nord de Gaza.
Toujours mardi, des miliciens du Hamas se sont emparés de l'hôpital
de Khan Younis, ce qui en fait le troisième centre médical à
passer sous contrôle du Hamas en deux jours, après celui de
Dhifa à Gaza et celui de Beit Hanoun. Il y a eu des échanges de
tirs dans l'hôpital. Des sources du Hamas avaient indiqué que
des miliciens seraient envoyés dans les hôpitaux, de crainte que
des miliciens du Fatah s'attaquent à des hommes du Hamas qui y
sont soignés.
Un muezzin a averti que le Hamas attaquerait le QG des forces préventives
à Gaza, loyales au Fatah : "L'avertissement que nous vous
avions donné a expiré, et nous allons attaquer cette position
tenue par les collaborateurs des sionistes."
Ce même mardi, le Hamas a déclaré que des hommes armés du
Fatah avaient enlevé un membre de l'aile militaire du Hamas
qu'ils ont exécuté en pleine rue. L'homme était un cousin
d'Abdel Aziz Rantissi, leader du Hamas assassiné par Israël en
2004.
Plus tôt dans la journée, trois femmes et un enfant ont été tués
lors d'une attaque au mortier et à la grenade du Hamas contre le
domicile d'un haut gradé du service de sécurité du Fatah,
Hassan Abou Rabi. Abou Rabi a été enlevé, et son fils âgé de
14 ans ainsi que trois femmes qui se trouvaient dans la maison ont
été tués. Par ailleurs, des hommes en armes du Fatah ont livré
assaut sur la maison d'un député du Hamas, maison qu'ils ont
complètement brûlée.
Cette violence, qui couvait depuis quelque temps, a explosé lundi
matin en combats violents. Les hôpitaux sont devenus des champs
de bataille et les rues des lieux d'exécutions publiques.
Le Fatah comme le Hamas, sur leurs sites web et par l'intermédiaire
de SMS envoyés à leurs militants, appellent à l'exécution de
leaders de l'autre bord, militaires et politiques. Les deux côtés
qualifient ces combats de guerre civile totale.
(...)
Dans la nuit du lundi au mardi, des miliciens ont assiégé la
maison de Jamal Abou al-Jediyan, le plus haut représentant du
Fatah au nord de Gaza, l'ont entraîné à l'extérieur et l'ont
tué. Les médecins affirment qu'il a reçu 45 balles. Al-Jediyan
était le plus proche collaborateur de Mohammed Dahlan. Son frère
à également été tué de la même manière, à bout portant.
Maher Mikdad, porte-parole du Fatah, a durement condamné cet
assassinat : "Qu'est-ce que c'est, sinon une guerre?",
a-t-il dit en appelant à la vengeance.
Nabil Abou Roudeineh, collaborateur de Mahmoud Abbas, a affirmé
qu'aucune issue n'était en vue. "Vous pouvez constater par
vous-mêmes qu'en ce moment, il n'est pas question de
cessez-le-feu", a-t-il dit par téléphone à Associated
Press, en faisant porter la responsabilité [des violences] sur le
Hamas.
Le chef de la délégation de sécurité égyptienne, le général
Bourhan Hamad, qui tentait de négocier une trêve, a déclaré à
la télévision palestinienne qu'il appellerait les gens à
descendre dans la rue pour protester si les
deux parties ne trouvaient pas un accord pour cesser les combats.
Trad. : Gérard
pour
|