Egypte
La victoire
électorale provisoire
des Frères Musulmans en Egypte
Gilles Munier
Gilles
Munier
Mardi 26 juin 2012
Mohamed Morsi*,
candidat du Parti de la Justice et de
la Liberté – émanation des Frères
Musulmans – a remporté la
présidentielle égyptienne du 24 juin
dernier, au grand dam des pays
occidentaux, des Israéliens et d’une
poignée de blogeurs du « Printemps
arabe » qui n’ont pas dit leur
dernier mot.
En Egypte, où la
confrérie a été fondée en 1928 par
Hassan al-Banna, c’est la première fois
qu’un civil est élu… qui plus est :
démocratiquement. Mais, pour combien de
temps ? Le Conseil suprême des forces
armées (CSFA) dicte toujours sa loi.
Il a dissout le parlement et décrété que
l’élection de Morsi était provisoire. Un
nouveau scrutin devrait se tenir après
l’adoption de la nouvelle constitution.
Pour élire Ahmad Chafiq, ancien Premier
ministre de Hosni Moubarak ?
Depuis le
renversement du roi Farouk en 1952, le
pouvoir est confisqué par les militaires
(général Neguib, colonel Nasser,
lieutenant-colonel Sadate, commandant
Moubarak). Les Frères Musulmans
qui ont soutenu le coup d’Etat des
Officiers libres ont très rapidement
été éliminés du champ politique par le
colonel Nasser qui leur reprochait,
entre autre, leurs relations avec le
général Neguib, premier Président de la
République. Ils ont été ensuite
pourchassés pour avoir tenté
d’assassiner Nasser. Plusieurs de leurs
dirigeants se sont exilés, d’autres ont
été pendus, notamment Sayyed Qotb en
août 1966, un des idéologues de la
confrérie considéré comme le père du
salafisme moderne.
Certains
détracteurs des Frères Musulmans
sont mal placés pour accuser la
confrérie de faire le jeu de la CIA,
ayant eux-mêmes servi les intérêts des
Etats-Unis pendant plusieurs décennies
et continuant à le faire. Au Caire, la
partie est loin d’être terminée. Un
nouveau round s’annonce.
* Mohamed Morsi, 60
ans, fils d’un paysan pauvre du delta du
Nil, a fait de brillantes études au
Caire et aux Etats-Unis où il a
travaillé un temps pour la Nasa. Elu
député en 2000 et 2005, il a été
emprisonné pendant 7 mois pour avoir
soutenu le mouvement réformiste. Outre
son rôle à la direction des Frères
Musulmans, il a milité au sein du
Comité de résistance au sionisme.
© G. Munier/X.
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Publié le 27 juin 2012 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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