Irak
Exécutions
extrajudiciaires sommaires, tortures,
prisons secrètes: le général irakien
Mehdi al-Gharawi sur la sellette
Gilles
Munier
Gilles
Munier
Jeudi 13 juin 2013
Le
général
« chiite » Mehdi Sabih al-Gharawi
fait de nouveau parler de lui dans le
domaine où il excelle : les exécutions
extrajudiciaires sommaires et la torture
(1). Les corps de quatre hommes et
d’un jeune garçon ont été retrouvés
putréfiés, bras attachés dans le dos, à
quelques kilomètres de Mustantiq,
bourgade au sud de Mossoul dont ils
étaient originaires Les victimes sont
Karam Ahmer Mahmud, 15 ans; ses deux
oncles, Salim Mahmud Salim, 20 ans, et
Ahmed Mahmud Salim, 30, et ses deux
cousins, Shaqer Shahatha Humathi, 21
ans, et Ahmed Mahmoud Hassan, 33 ans.
Des douilles de mitrailleuses PKC ont
été trouvées près d’eux.
Selon des
témoins, les victimes ont été arrêtées
le 3 mai 2013 avec d’autres villageois,
dont des enfants de 12 à 14 ans., par la
Brigade
« Ceinture de Ninive » que
commande justement le général al-Gharawi.
Un habitant, arrêté en même temps
qu’eux, a déclaré que les policiers
« insultaient l’islam sunnite et
maudissaient Omar », compagnon du
Prophète Muhammad, troisième calife,
signe de leur appartenance à une
organisation extrémiste chiite
pro-iranienne.
Les
familles des victimes ont eu des
difficultés pour transporter les corps
vers un hôpital de Mossoul pour les
faire autopsier. Au check point
« Scorpion » -
sans doute tenu par la brigade du même
nom - les policiers ont inspecté
les ambulances et dit qu’ils ne
passeraient que s’ils déclaraient que
les villageois avaient été tués par des
terroristes. Ce n’est qu’après deux
heures de discussions, l’intervention du
cheikh de leur village et du gouvernorat
de Mossoul, qu’ils ont pu poursuivre
leur route.
Le nom de
Mehdi Sabih al-Gharawi, responsable de
ces abominations, est apparu dans les
médias en 2005 lors de la bataille de
Fallujah. Selon un rapport du
Tribunal de Bruxelles, le général
avait livré un prisonnier aux forces
américaines portant des marques de
torture. Les charges portées contre lui
s’étant révélées fausses, les autorités
l’avaient libéré après avoir déclaré
qu’une cinquantaine de personnes avaient
également été torturées comme lui
(2).
Le
général al-Gharawi avait finalement été
radié de la police fédérale pour avoir
torturé des prisonniers détenus dans des
prisons secrètes Selon
WikiLeaks, un mandat d’arrêt
délivré contre lui en 2007 a été bloqué
par le Premier ministre Nouri al-Maliki,
l'article 134B du Code pénal irakien lui
permettant de suspendre l’application
d’un mandat d'arrestation quand un
suspect a des fonctions officielles.
Toujours d’après la dépêche publiée par
WikiLeaks, Ryan Crocker –
à l’époque ambassadeur des Etats-Unis à
Bagdad – déclarait :
« Mehdi [Gharawi] est accusé d'avoir
commis des violations flagrantes des
droits humains et des exécutions
extrajudiciaires ».
Nouri al-Maliki,
qui apprécie les services du général
Gharawi l’a nommé en 2011 à la tête de
la 3ème division de la police
fédérale de Mossoul, après que le
colonel Scott McKean de la 1ère
Division armée américaine lui ait
transmis ses pouvoirs
(3). On craint dans ces conditions
qu’une enquête sur les activités de la
Brigade « Ceinture de Ninive » et
du tortionnaire, demandée par
Human Rights Watch, ne soit
pas lancée ou n’ait guère de chance
d’aboutir.
(1)
Iraq:
Abusive Commander Linked to Mosul
Killings
(Human Rights Watch – 11/6/13)
http://www.hrw.org/news/2013/06/11/iraq-abusive-commander-linked-mosul-killings
(2)
First
Periodical Report of Monitoring Net of
Human Rights in Iraq
(Brussels Tribunal)
http://www.brusselstribunal.org/survey111105.htm
(3)
Highlanders assume Ninewa mission
http://highlanderbrigade41ad.wordpress.com/2011/09/08/highlanders-assume-ninewa-mission/
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 13 juin 2013 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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