Mardi 13 avril 2010
http://www.gilad.co.uk/writings/the-boomerang-effect-by-gilad-atzmon.html
Au cas où vous ne le sauriez pas, en
Grande-Bretagne, l’Holocauste fait partie des programmes
scolaires nationaux. Grâce à ‘The
Holocaust Educational Trust’, nos enfants ne pourront pas
manquer d’apprendre à quel point les nazis étaient méchants.
Pour nos enfants, il est sans doute bien plus facile de le
reconnaître que d’examiner les différentes manières dont le legs
embarrassant de l’Empire britannique trouve un reflet à travers
la quasi-totalité des conflits désastreux qui affligent notre
planète. L’on considère qu’il est bien plus facile, pour nos
gamins, d’apprendre l’existence d’Anne Frank que d’encaisser le
fait que la Grande-Bretagne est directement responsable du vol
de la Palestine et du calvaire des Palestiniens. Apprendre
l’existence d’Auschwitz, c’est aussi bien plus facile que le
fait de reconnaître la réalité dévastatrice créée par les
récentes guerres illégales de la Grande-Bretagne
en Irak et en Afghanistan, un crime colossal
qui a coûté (pour l’instant) plus d’un million-et-demi de
vies innocentes.
Grâce à
The Holocaust Educational
Trust, nous sommes en mesure de balayer notre histoire et
nos crimes du moment sous le tapis. Apprendre des choses sur les
méchants nazis est bien plus facile, pour nos enfants, que
d’étudier la complicité de la Grande-Bretagne dans l’holocauste.
J’imagine que la restriction des lois britanniques d’immigration
adoptée afin d’empêcher les juifs qui voulaient venir se
réfugier en Grande-Bretagne dans les années 1930 de le faire
n’est pas un chapitre particulièrement mis en relief dans les
manuels de nos gamins. The
Holocaust Educational Trust a été créé en 1988, indique son
site ouèbe officiel. « Notre but est d’éduquer les jeunes de
toute origine au sujet de l’Holocauste et des leçons
primordiales que nous devons en retirer pour aujourd’hui ».
« Super ! », me dis-je en moi-même. Mon
fils de neuf ans m’a dit qu’un gourou shoatique est venu dans
son école, récemment, pour parler de l’holocauste. Mon fils a
levé la main : il voulait savoir si la leçon à retirer de
l’holocauste pouvait être appliquée au calvaire des
Palestiniens. « Pas de politique ici ! », a répondu le mentor
shoatique bien dressé et ‘de confiance’. Pour mon gamin, le
message a été on ne peut plus clair : « La souffrance du peuple
juif est universelle, mais la souffrance d’un autre peuple (que
le peuple juif) ne peut, quant à elle, qu’être « politique » »…
« The
Trust », indique son site ouèbe, « intervient dans les
écoles, les universités et dans la communauté afin d’élever le
niveau de conscience et de compréhension de l’Holocauste en
apportant une meilleure formation et en proposant un programme
préparé à l’intention des écoles, une assistance et des
ressources pédagogiques. Un de nos récents succès a été
d’obtenir que l’Holocauste fasse partie du programme national
d’histoire ».
C’est là, en effet, à n’en pas douter, une
grande réalisation ; j’en conviens tout à fait. Je sais aussi
que durant la prochaine opération meurtrière d’Israël à Gaza, au
Liban et en Iran, nos gamins regarderont la télé et parcourront
même parfois brièvement la presse. Ils vont tout comprendre :
ils ne sont pas aussi stupides que le
Trust prétendument :
normal 'Educational' le pense. Ils pigeront que l’Etat juif est aujourd’hui
l’Etat le plus terroriste au monde, que c’est une démocratie
génocidaire et qu’il met en danger non seulement la paix
mondiale, mais aussi la conception de l’humanisme qui est la
nôtre.
La réaction au génocide perpétré par
‘Tsahal’ en 2009 à Gaza a été unanime. Elle se traduit par une
montée évidente de l’antipathie à l’encontre d’Israël et des
lobbies juifs dans le monde entier. Le quotidien israélien
Haaretz a fait état hier d’une augmentation-record (100 %)
des les incidents antisémites dans le monde entier. De manière
significative, la hausse la plus importante a été enregistrée en
Grande-Bretagne. J’ai aussi appris d’amis et de parents de
mon entourage que, dans les collèges de Londres, le mot « juif »
est une insulte stigmatisant un comportement immoral et
délinquant. Apparemment, les efforts déployés par
The Educational Trust ont produit un effet boomerang : le fait de
vouloir enseigner la souffrance juive à nos gamins les a rendus
attentifs à toutes les violations de l’éthique, où que ce soit
dans le monde.
« Nous continuons à jouer un rôle de tout
premier plan dans la formation des enseignants aux meilleures
manières d’enseigner l’Holocauste », poursuit le site ouèbe du
Trust et je me demande quelle peut bien être, de fait, la meilleure
manière d’enseigner l’holocauste ? Comment cette fondation
peut-elle s’assurer que les jeunes auxquels elle s’adresse ne
vont pas finir par retirer la conclusion qui s’impose ?
Comment pouvez-vous apprendre à des lycéens
des horreurs indicibles et en même temps les empêcher d’en
arriver à la compréhension vitale du fait qu’Israël est, en
réalité, le parangon de l’Etat raciste expansionniste se
spécialisant dans les tactiques génocidaires ? La réponse est
simple : c’est impossible. Le fait d’imposer l’holocauste à nos
gamins ne pourra que produire un contrecoup. Au minimum, cela
conduira à focaliser davantage encore leur attention sur les
crimes perpétrés par Israël au nom du peuple juif. Si
l’endoctrinement holocaustique connaît bien le succès dont le
Trust fait état, il ne
pourra qu’amener nos gamins à piger que le fait de tuer au nom
de la souffrance juive est un désastre éthique total.
Je voudrais, pour finir, vous parler de la
dernière initiative prise par le
Trust : il a annoncé
un nouveau prix, récemment, qui honorera « les citoyens
britanniques qui ont contribué à aider et à sauver des juifs et
d’autres personnes ayant subi des persécutions dans le cadre de
l’Holocauste ».
Je suis le gars qu’il leur faut, je suis
sûr que tout le monde le comprend : qu’ils me refilent donc leur
fameux prix !
Je suis citoyen britannique. J’écris sur
Israël, le sionisme et l’identité juive en recourant au langage
le plus critique qui soit. Je dénonce les crimes perpétrés par
l’Etat juif au nom du peuple juif. Je dénonce les auteurs de
propagande israélienne patentés en poste dans notre gouvernement
et dans notre presse. Si les juifs m’écoutent, ils pourront
peut-être se sauver, tant qu’il en est encore temps, du désastre
total qu’ils sont en train de s’attirer sur eux-mêmes. Je sauve
aussi mes concitoyens britanniques. S’ils m’écoutent, ils sont
en mesure de démanteler The Holocaust Education Trust et d’envoyer leurs gamins à Gaza ou en
Cisjordanie plutôt qu’à Auschwitz. Une telle action
contribuerait à enseigner à nos enfants la signification réelle
de ce qu’est la responsabilité historique (dans le contexte de
la déclaration Balfour). Et je m’efforce aussi de sauver un
autre groupe humain persécuté, à savoir les Palestiniens, en
traitant des crimes perpétrés à leur encontre au nom de
l’holocauste.
En ma qualité de candidat parfait pour le
« Prix de l’Holocauste », je suis d’ores et déjà réconforté par
la prise en considération de mes efforts par
The Education Trust.
« The
Holocaust Educational Trust » pense que des personnes
(telles que moi) incarnent tout ce qu’il y a de meilleur en
Grande-Bretagne et méritent une reconnaissance officielle non
seulement afin de les récompenser de leurs hauts-faits, mais
afin de donner un exemple aux générations futures et de leur
montrer qu’il est extrêmement important de prendre position
contre le racisme, la discrimination et les autres formes que
peut prendre l’injustice ».
J’en étais sûr : j’ai toujours eu ce
sentiment qu’ils finiraient par apprécier mes efforts, en fin de
compte.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier