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Ha'aretz
Netanyahou, vas jusqu'au bout de ta
rhétorique !
Gideon Levy
Gideon Levy
Le 19 février 2009
article original :
"Netanyahu, put your money where your mouth is"
Pourquoi Benjamin Netanyahou ne forme-t-il pas un
gouvernement de droite ? Pourquoi n’accède-t-il pas à l’exigence
des électeurs de mettre la droite au pouvoir ? Pourquoi ne
saisis-il pas l’opportunité qui est tombée entre ses mains de
former un gouvernement en accord avec sa doctrine ?
Pourquoi parle-t-il d’une large coalition, sachant qu’elle le
forcerait à faire des compromis sur ses principes ? Parce qu’il
a peur. A présent, au moment de vérité, lorsqu’il a la capacité
de mettre en application son idéologie, il a les chocottes et il
veut diluer son gouvernement avec des éléments qui sont
étrangers à sa doctrine.
Ensemble, avec Yisrael Beiteinu, le parti Shas, le Judaïsme de
la Torah Unifié, Habayit Hayehudi et l’Union Nationale – une
majorité de 65 sièges à la Knesset qui sont clairement à
l’extrême droite – Netanyahou pourrait appliquer ses idées
politiques. Après tout, la droite a toujours réponse à tout, une
solution pour chaque problème. Alors, vas-y, Netanyahou, vas-y !
D’abord, essaye d’obtenir la paix économique. Voyons si tu peux
obtenir du financement – du monde arabe et peut-être d’Israël,
aussi, en particulier en ces temps économiques agités – pour
entreprendre les projets que tu as promis. Persuade les
Palestiniens et les Américains que c’est suffisant ! Voyons ce
qui se passera après la première attaque suicide dans la zone
industrielle construite en périphérie de Naplouse ou derrière
Hébron.
On y a été, on l’a fait. Nous avions des zones industrielles –
soi-disant des « parcs de paix » - à Erez, à Tul-Karem et à
Aratot. Elles sont abandonnées, en ruines.
Pourquoi ? Parce qu’elles ne suffisaient pas aux Palestiniens.
Parce que les Palestiniens ont compris la duperie derrière cette
approche, selon laquelle nous leur donnons du travail pour
qu’ils la boucle. Après tout, les Palestiniens, comme toutes les
autres nations, n’ont pas seulement besoin de pain, mais
également de liberté et d’autodétermination. Une sorte de notion
mystérieuse dont les pères de Netanyahou ont rêvé.
Alors, essaye d’obtenir la paix économique, Netanyahou, le
gouvernement de droite t’applaudira. Toutefois, une coalition
plus large pourrait exiger plus.
Bombarde l’Iran, Netanyahou, parce que les sanctions ne te
suffisent pas, tu ne crois pas dans les négociations
diplomatiques avec l’Iran et tu as promis que toi, M. Iran,
empêcherait à n’importe quel prix Téhéran d’obtenir des armes
nucléaires. Voyons si tu obtiens la permission de Barack Obama
pour la plus dangereuse escapade de toutes. Bombarde et voyons
ce qu’il se passe !
Un gouvernement élargi pourrait stopper tes caprices, alors
pourquoi aller dans ce sens ? C’est la question la plus cruciale
de ton programme. Renverse la direction du Hamas à Gaza, comme
tu l’as promis ! Libère Gilad Shalit sans libérer les assassins,
comme tu l’as écrit dans ton livre sur le terrorisme. Vas-y à ta
façon !
Dans ton discours, lors de la dernière session de la 17ème
Knesset, tu en as dressé les contours ainsi : Tout territoire
libéré du contrôle de Tsahal serait occupé par le Hamas, alors
n’évacuez pas le moins mètre carré, avais-tu dit. Explique cela
à Obama et à Mahmoud Abbas ! Dis-leur que tu ne négocieras
jamais sur Jérusalem ! Que la Vallée du Jourdain et de désert de
Judée resteront entre nos mains pour l’éternité ! Za’akov Katz
(l’Union Nationale) t’acclamera, Moshe Ya’alon te rendra
hommage. Cependant, une coalition élargie pourrait exiger autre
chose.
Offre aux Palestiniens la paix en échange de la paix ! Après
tout, tu ne déracinerais pas la jeune pousse que tu as plantée
dans le Golan la semaine dernière, à Tu Bishvat. Tu ne renierais
pas ta déclaration, « Gamla ne tombera pas à nouveau ».
Construis de plus en plus de colonies – il y a plein de « terre
appartenant l’Etat » et de terres privées à usurper. Ensuite,
annexe ces territoires. Il n’y a aucune raison de ne pas
appliquer la loi israélienne aux territoires qui resteront entre
nos mains éternellement. Annexe, annexe, de Djénine à Hébron,
distribue des cartes d’identité israéliennes aux habitants et –
hein ! – en route pour les prochaines élections israéliennes
avec deux millions de nouveaux électeurs.
Peut-être que l’Amérique finira par te dire « annexe ou évacue »
et tu devras décider. Essaye de vendre à Obama cette marchandise
politique et nous verrons comment il réagira. Et voyons comment
tu réagiras s’il dit non ! Pourquoi ne pas demander à son
administration de plus en plus d’armes, plus d’aide économique,
plus de soutien diplomatique et continuer à camper sur tes
principes. Nous t’observons en action, Netanyahou.
Mais la vérité est que Netanyahou sait que cela serait une
perspective horrible. Il veut Kadima et le Parti Travailliste
dans son gouvernement pour le retenir, pour l’empêcher de mettre
en application sa doctrine. C’est exactement la raison pour
laquelle ces deux partis ne doivent pas rejoindre sa coalition.
Il faut rendre à Netanyahou ce qui appartient à Netanyahou.
Voyons comment cela se terminera pour lui ! Et pour nous !
Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]
Publié le 20 février 2009 avec l'aimable
autorisation de Questions Critiques
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