Hezbollah
La grande leçon de
patriotisme d'Hassan Nasrallah
Ghaleb
Kandil
Lundi 28 janvier
2013
Le secrétaire général du Hezbollah,
sayyed Hassan Nasrallah, a donné une
bonne leçon de civisme et de patriotisme
à tous ses détracteurs et adversaires
qui le soupçonnent des plus mauvaises
intentions et l'accusent des pires maux.
Dans un discours qui peut être considéré
comme le couronnement d'une série de
prises de position, le chef du Hezbollah
a proclamé son attachement à l'Etat et
au Liban en tant que patrie définitive.
S'adressant aux membres du parti, il a
reconnu que par le passé, le Hezbollah a
pu voir le Liban comme une création du
colonialisme et une partie de l'Oumma.
"C'était à l'époque la guerre civile, et
aujourd'hui nous avons changé et nos
priorités ne sont plus les mêmes, a-t-il
dit. Nous voulons maintenant protéger le
Liban et y préserver l'Etat. Ce pays est
le notre et le drapeau estampillé du
cèdre est notre drapeau".
Ces propos d'un franchise sans pareil
constituent une gifle à tous ceux qui
accusent le Hezbollah d'être une
marionnette de l'Iran, de ne pas croire
au Liban et de se comporter comme un
Etat dans l'Etat.
Sayyed Nasrallah a également donné une
preuve de sa bonne foi à ses partenaires
et alliés politiques, notamment
chrétiens, en levant toute ambigüité au
sujet de ses options législatives en
annonçant que son partit votera en
faveur du projet de loi électorale
orthodoxe parce qu'il faut "écouter et
comprendre les craintes des chrétiens".
Dans un discours prononcé vendredi à
l'occasion de la fête de la naissance du
Prophète, le leader Hezbollah a affirmé
"comprendre les appréhensions" qui
animent les chrétiens et les poussent à
rechercher une parité parfaite avec les
candidats musulmans". "Le choix d’une
loi électorale dans les circonstances
actuelles est très délicat, plus délicat
que jamais auparavant, en raison des
circonstances que traversent le pays et
la région et affectent tout
particulièrement le Liban, a dit Hassan
Nasrallah. Et tout naturellement, les
appréhensions des chrétiens sont plus
fortes, en particulier quand ils voient
ce qui se passe dans la région, ce qui
s’est passé avec les chrétiens d’Irak.
Ils ont le droit d’avoir peur et de
considérer que les événements sont
déterminants et loin d’être ordinaires.
C’est pourquoi ils abordent ces
élections avec des idées fondatrices."
Les principales forces chrétiennes
appuient le projet orthodoxe qui,
pensent-elles, permet aux chrétiens de
choisir leurs représentants
authentiques. "Une fois que la chambre
sera convoquée nous le disons sans
détour, nous voterons pour le projet de
loi orthodoxe", a assuré le chef du
Hezbollah. "Les chrétiens affirment que
le projet orthodoxe leur donnera
l’occasion d’être représentés
pleinement. Offrons-leur, comme
musulmans, cette occasion et élisons un
Parlement où personne ne pourra affirmer
qu’il n’est pas équitablement représenté
en fonction de son véritable poids
électoral, et ce Parlement offrira
peut-être au Liban l’occasion de
corriger le système en place", a-t-il
dit.
Hassan Nasrallah a qualifié de
"fondamental" le mode de scrutin
proportionnel, qui est le plus à même de
donner aux différentes forces politiques
"leur véritable poids électoral" et de
permettre au maximum de forces
significatives d’accéder au Parlement.
Pour Hassan Nasrallah, le découpage des
circonscriptions vient en second lieu,
du moment que le mode de scrutin
proportionnel est adopté. "Le parti
acceptera tous les projets basés sur ce
mode de scrutin, que le Liban soit
adopté comme circonscription unique où
que le découpage soit au niveau des
mohafazats, a-t-il dit, en soutenant
également l'option du projet mixte,
alliant la proportionnel au mode de
scrutin majoritaire.
Hassan Nasrallah a réfuté les arguments
avancé par le Courant du futur pour
rejeter la proportionnelle, selon
lesquels les armes avaient été utilisées
pour influer sur l’issue du scrutin, en
2009. "Le type d’armes qui peut influer
sur un vote ce ne sont pas les missiles,
mais les kalachnikovs qui sont aux mains
de tous", a déclaré Hassan Nasrallah.
Selon lui, il existe, en revanche, une
arme bien plus significative qui peut
fausser les résultats du scrutin: celle
de l’argent. "J'ai entendu dire de ma
propre oreille un haut responsable, dont
je tairai le nom, affirmer que lors de
la campagne de 2009, l’autre camp a
dépensé 3 milliards de dollars", a-t-il
dit.
Sayyed Hassan Nasrallah a mis en garde
les forces politiques contre le discours
confessionnel et les a appelé à ne plus
parier sur un effondrement du régime
syrien. Selon lui, les conflits qui
secouent le monde arabe sont d'ordre
politique avant tout. "Ne jouons pas
avec le feu, ne prenons pas le risque de
libérer le génie de la discorde
confessionnelle de sa lampe; nous ne
pourrions plus l’y faire rentrer!",
a-t-il conclu.
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