Tendances
de l'Orient
L'inévitable
défaite de l'homme malade américain
Ghaleb Kandil
Lundi 22 juillet 2013
Le débat qui a eu
lieu au Congrès américain lors de
l'audition du chef d'état-major
interarmes, le général Martin Dempsey,
autour de la situation en Syrie, apporte
une preuve vivante de la confusion et de
la faiblesse de l'empire américain au
Machreq arabe après l'échec de son
agression contre la Syrie. Ce tableau,
couplé à l'amertume vécue par la
politique américaine vis-à-vis de la
révolution du 30 juin en Egypte, prouve
que nous sommes devant une défaite
complète des politiques initiées dans la
région par l'ancien chef de la CIA,
David Petraeus, en partenariat avec la
Turquie, le Qatar et l'Arabie saoudite.
Les illusions des
Etats-Unis et de l'Occident sur la
capacité de modifier les équilibres sur
le terrain après la bataille de Qoussair
se sont volatilisées ces dernières
semaines. Et les experts occidentaux
assurent qu'un tel rééquilibrage n'est
pas réalisable sans une invasion
terrestre de la Syrie, comme l'a encore
réaffirmé le chef d'état-major sortant
de l'armée britannique, le général David
Richars. Le New
York Times a d'ailleurs reconnu que
la dynamique a changé sur le terrain au
profit des troupes du président Bachar
al-Assad.
Or ces experts
soulignent qu'une invasion atlantiste
est un suicide pour les Américains et
les Occidentaux et risque de menacer
l'existence même d'Israël, car le
dispositif de défense de l'armée
syrienne est intact et s'est même
amélioré avec la création d'une
résistance populaire prête à défendre la
patrie, organisée dans le cadre de
l'Armée de défense nationale. De plus,
la présence au sol en Syrie du Hezbollah
rend encore plus risquée une éventuelle
intervention terrestre.
Confrontés à toutes
ces réalités, la Grande-Bretagne et la
France, chefs de file des pays européens
appelant à l'armement des terroristes
syriens, ont renoncé à adopter une telle
mesure. Londres a non seulement changé
d'avis, mais n'exclut plus que le
président Bachar el-Assad puisse rester
au pouvoir pendant encore plusieurs
années, selon des sources informées,
citées par l'agence de presse
britannique Reuters.
Ces mêmes sources
ont ajouté que la conférence
internationale de paix envisagée pour
trouver une solution au conflit pourrait
ne pas être organisée avant l'an
prochain, si le projet n'est pas
purement et simplement abandonné, ont
ajouté les mêmes sources. "Il est clair
que la Grande-Bretagne ne va pas armer
les rebelles, de quelque manière que ce
soit", a dit une des sources interrogées
en rappelant que le Parlement de Londres
avait exigé d'être consulté au préalable
sur cette question.
Reuters rapporte
que l'évolution de la position
britannique s'explique notamment par
l'hostilité de l'opinion publique à un
quelconque engagement aux côtés des
rebelles syriens et par la crainte de
voir les armes envoyées aux insurgés
tomber entre les mains de groupes
islamistes farouchement antioccidentaux.
De son côté, le
ministre français des Affaires
étrangères, Laurent Fabius, a déclaré
que Paris "n'a pas modifié sa position"
de ne pas livrer d'armes létales à
l'opposition syrienne.
En plus à ses
déconvenues en Syrie, l'homme malade
américain est désormais confronté à son
plus grand défi stratégique après
l'effondrement de tous ses paris
régionaux suite à la chute des Frères
musulmans en Egypte. Une chute
définitive, qui aura d'immenses
répercussions sur les Etats de la région
sans exception, de la Tunisie au Yémen,
en passant par la Libye et la Turquie.
Le changement en
Syrie ouvrent des perspectives de
rencontre avec les victoires syriennes,
plaçant la région sur un chemin nouveau,
marqué par la fin de l'ère américaine et
le retour de celle des Etats arabes
indépendants, soutenus par une
confortable majorité populaire.
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