Tendances
de l'Orient
La France soutient
le camp des perdants
Ghaleb Kandil
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Lundi 21 octobre 2013
Les responsables français lient l'avenir
de leur relation avec la région au sort
de l'agression contre la Syrie.
L'administration du président François
Hollande a remplacé son partenariat avec
l'émirat du Qatar, hérité du mandat de
Nicolas Sarkozy, par une alliance avec
la monarchie saoudienne, qui exprime
publiquement et hystériquement sa
déception après l'échec de l'agression
de Barack Obama contre la Syrie.
Les présidents Hollande et Sarkozy ont
réussi à détruire l'image supposée de la
France en tant que grande puissance
indépendante, et sont apparus comme de
petits exécutants des ordres américains.
Des soupçons laissent croire que leur
enthousiasme à la guerre universelle
contre la Syrie serait dicté par des
considérations financières directement
liées au Qatar et à l'Arabie saoudite.
Les médias français ont d'ailleurs
évoqué ces dernières années la dimension
financière dans les choix de la
politique étrangère de la France.
Quoi qu'il en soit, François Hollande a
hystériquement appuyé l'agression contre
la Syrie et n'a pas été en mesure de
s'adapter à la reculade imposée aux
Etats-Unis par la résistance de la Syrie
et la détermination de la Russie et de
l'Iran. Hollande a partagé la déception
de l'Arabie saoudite, qui traverse des
moments difficiles après l'échec de tous
ses paris, en raison du changement du
climat international en faveur du
président Bachar al-Assad.
François Hollande a transformé la France
en Etat défaillant. Dans le passé, le
pouvoir français avait réussi à se
distinguer, au moins verbalement, de la
politique américaine, dans le but de
conserver une marge de manœuvre et de
jouer le rôle de médiateur lorsque les
Etats-Unis en avaient besoin. C'est le
rôle qu'avait joué Nicolas Sarkozy,
après 2007, pour absorber l'échec
américain au Proche-Orient et, surtout,
la défaite israélienne lors de la guerre
de juillet 2006.
En s'alignant sur l'Arabie saoudite,
François Hollande lie son sort au camp
des perdants et prend le parti de ceux
qui financent Al-Qaïda en Syrie. Il
cautionne la colère saoudienne contre la
montée en puissance de la Russie et de
l'Iran -une ascension reconnue par
Obama-, et de la victoire du président
Bachar al-Assad, dont l'annonce n'est
plus qu'une question de temps. Cette
attitude va conduire à l'isolement total
de la France, qui ne sera pas en mesure
de tirer profit des changements en cours
dans le monde. Gagner les faveurs de
l'Arabie saoudite ne suffira pas à
compenser cette perte, surtout que ce
royaume tyrannique, despotique et
obscurantiste est indéfendable. Bachar
al-Assad, lui, reste un président
moderne, laïque, combattant le
terrorisme takfiriste soutenu et financé
par la dynastie des Saoud.
La plus grande honte de Hollande et,
avant lui de Sarkozy, est d'avoir trahi
les constantes de la politique étrangère
de la France, la plus importante étant
la protection des chrétiens d'Orient et
de leur rôle dans leurs pays respectifs.
La France a armé et a politiquement
soutenu des groupes terroristes
responsables de crimes atroces contre
les chrétiens, leurs lieux de culte et
leurs biens en Syrie. Paris s'est chargé
de couvrir ces crimes commis sous la
bannière de la révolution syrienne, qui
n'est en réalité qu'une agression
coloniale occidentale appuyée par les
pétromonarchies rétrogrades du Golfe et
la Turquie néo-ottomane. Pire encore, de
hauts responsables français n'ont pas
caché leur implication dans le complot
visant à chasser les chrétiens du Liban
et de Syrie, selon les informations qui
avaient filtré de la rencontre houleuse
entre Nicolas Sarkozy et le patriarche
maronite Béchara Raï. La destruction de
l'Etat laïque en Syrie ne peut que
conduire à la disparition des chrétiens
d'Orient, menacés par la montée en
puissance des mouvements takfiristes
soutenus par le nouvel allié stratégique
de la France dans la région: l'Arabie
saoudite.
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