Opinion
Voilà pourquoi la
Syrie de Bachar el-Assad ne tombera pas
!
Ghaleb Kandil
Lundi 20 août 2012
Les derniers développements en Syrie ont
apporté une série d’indices importants
qui auront des conséquences décisives
sur le cours de la guerre mondiale menée
par les Etats-Unis pour détruire ce
pays.
Contrairement aux informations et aux
impressions des stratèges américains et
de leurs complices européens et arabes,
véhiculées par des centaines de médias
(presse, audiovisuel, et électronique)
engagés dans la bataille, les escadrons
de la mort, les mercenaires et les
groupes takfiristes acheminés de toutes
les régions du monde, ont essuyé un
cuisant revers dans les combats.
Pourtant, les responsables turcs et
leurs alliés qataris et saoudiens
avaient promis, comme ils l’avaient déjà
fait l’année dernière à la même époque,
que le mois du ramadan verrait la chute
du régime résistant en Syrie. Ces
illusions se sont encore une fois
dissipées sur les champs de batailles,
où les bandes armées ont laissé des
milliers de morts, de blessés et de
prisonniers.
En effet, l’offensive générale lancée
par les extrémistes contre Damas s’est
soldée, de l’aveu même des médias
occidentaux, par des pertes énormes. La
force composée de mercenaires locaux et
de jihadistes du monde entier a été
littéralement anéantie par l’armée
syrienne qui pourchasse les rescapés
dans la campagne de la capitale. Des
tonnes d’armes ont été saisies et une
lourde infrastructure a été détruite et
démantelée. Il faudra des mois pour
reconstruire une telle capacité de
nuisance… s’ils y parviennent.
L’issue de la bataille d’Alep est
désormais connue. Les extrémistes
tombent par milliers devant l’avancée
méthodique de l’armée, qui a quasiment
réussi à rompre les lignes de
ravitaillement des mercenaires venus des
camps d’entrainement dirigés par la CIA
en Turquie. Les bandes armées ne
parviennent plus à acheminer des
renforts dans la ville qu’au prix de
pertes énormes. Leurs colonnes
motorisées faite 4x4 équipés de
mitrailleuses lourdes, offertes par
leurs sponsors régionaux, avancent à
découvert sous le feu des hélicoptères
et des chasseurs de l’armée, et tombent
dans les embuscades tendues par les
unités d’élite, infiltrées derrière les
lignes ennemies. Selon des experts, le
tiers des extrémistes est composé de
jihadistes venus du Maghreb arabe, de
Libye, du Golfe, d’Afghanistan, du
Pakistan et de Tchétchénie. Le directeur
des renseignements de l’Union
européenne, le Français Patrice
Bergamini, a reconnu (dans une interview
accordée vendredi 17 aout au quotidien
libanais Al Akhbar) l’importance du rôle
joué par les jihadistes dans le conflit
syrien et souligne que l’opinion
publique occidentale est désormais
consciente du danger qu’ils
représentent. Il est clair que le
nettoyage par l’armée syrienne de la
ville d’Alep et de sa campagne n’est
plus qu’une question de temps.
Les cuisant revers subis par les bandes
armées partout en Syrie montrent que
l’Armée arabe syrienne, bâtie sur de
solides bases idéologiques, a très vite
assimilé les leçons de la guerre et a
développé des stratégies de
contre-guérilla urbaines et rurales, qui
lui ont permis d’asséner des coups durs
aux extrémistes, en dépit des énormes
moyens militaires, matériels, financiers
et médiatiques, mis généreusement à leur
disposition par une coalition de
plusieurs dizaines de pays. Sans oublier
les sanctions adoptées contre le peuple
et l’Etat syriens, en dehors du cadre
des Nations unies.
Il également important, pour comprendre
et deviner l’évolution de la situation,
d’analyser l’état d’esprit du peuple
syrien. Sans un authentique appui
populaire –bien évidemment occulté par
les médias occidentaux- le président
Bachar el-Assad et son armée n’auraient
pas pu résister et repousser cette
offensive. Ce soutien populaire est dû à
trois facteurs: une majorité de Syriens
sont conscients que leur pays est la
cible d’un complot visant à vassaliser
la Syrie pour l’inclure dans le camp
occidentalo-impérialiste et, par
conséquent, la supprimer de toutes les
équations régionales. Alors que ces
quatre dernières décennies, la Syrie
était au cœur de ces rapports de force
et rien ne pouvait se faire au
Moyen-Orient sans elle. Ces larges
franges de la population sont attachées
à l’indépendance politique de leur pays
et sont prêtes à combattre pour la
défendre. Cela explique que des milliers
de jeunes gens se portent volontaires
pour rejoindre les rangs de l’armée.
Ensuite, les experts estiment que 20% de
l’opinion publique, qui ont sympathisé à
un moment ou à un autre avec
l’opposition, ont découvert le vrai
visage des extrémistes, qui multiplient
les exactions sauvages dans les régions
qu’ils contrôlent (Viols, exécutions
sommaires, massacres, pillages…). Les
médias occidentaux se font de plus en
plus l’écho de ces agissements barbares.
Ensuite, profitant de ce changement
d’humeur de la population, notamment
dans les régions rurales où les gens
sont fatigués, l’Etat syrien a mis en
place des moyens de communications
discrets, qui permettent à la population
d’informer l’armée de la présence des
terroristes. Cela explique pourquoi et
comment ces dernières semaines, les
unités spéciales et l’aviation
réussissent à mener avec succès des
frappes ciblées contre les repères et
les bases des bandes armées.
En parallèle à tous ces développements
sur le terrain, les alliés régionaux et
internationaux de Damas font preuve
d’une fermeté à toute épreuve et
développent des initiatives politiques
et diplomatiques, évitant ainsi de
laisser le terrain libre aux
Occidentaux. Le succès de la rencontre
de Téhéran, qui a regroupé 30 pays dont
la Chine, l’Inde, la Russie, neuf pays
arabes et des Etats d’Amérique latine et
du sud et d’Afrique, illustre ces
nouveaux rapports de force.
La formation de ce groupement d’Etat a
constitué un message fort aux
Occidentaux et compromet sérieusement
leur projet d’établir, en dehors du
cadre des Nations unies, une zone
d’exclusion aérienne dans le nord de la
Syrie.
Les derniers mois de 2012 seront
décisifs dans l’élaboration de nouveaux
équilibres régionaux et internationaux
et dessineront une image nouvelle à
partir de Damas, grâce à la victoire de
l’Etat national syrien dans la guerre
universelle lancé contre lui.
Le sommaire des Tendances d'Orient
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|