Tendances
de l'Orient
La Syrie n'est pas
seule sur le champ de bataille
Ghaleb Kandil
Lundi 16 septembre 2013
Après l'abandon par les Etats-Unis de
leur projet d'agression militaire contre
la Syrie, de nombreuses interrogations
ont été soulevées au sujet de
l'initiative russe. Washington a tenté
de mettre en avant uniquement l'un de
ses aspects, celui qui concerne
l'adhésion de la Syrie à la convention
contre la prolifération des armes
chimiques et son accord pour placer son
arsenal sous contrôle international.
Mais les déclarations des présidents
Vladimir Poutine et Bachar al-Assad ont
assuré que le plan russe comporte un
calendrier d'engagements réciproques,
syriens et américains.
Vladimir Poutine a en effet clairement
déclaré que l'adhésion de la Syrie à la
convention sur les armes chimiques exige
des Etats-Unis, en contrepartie, trois
mesures: l'annonce claire, nette et
précise, par Washington, de l'abandon de
son projet d'agression contre la Syrie;
le retrait de sa flotte et des moyens
militaires qu'il a massés pour mener
cette opération; enfin, prendre des
mesures immédiates pour cesser le
soutien aux groupes terroristes, ce qui
requiert un engagement américain clair
de contraindre les pays qui arment et
financent les extrémistes et envoient
des terroristes en Syrie, à mettre un
terme à leurs agissements. C'est ce qui
explique la petite phrase du ministre
russe des Affaires étrangère, Serguei
Lavrov, lors de ses entretiens avec son
homologue américain, sur "le lien
organique entre l'initiative russe et la
conférence de Genève 2". John Kerry
devait adhérer à cette thèse
ultérieurement, ajoutant que toute
résolution des Nations unies sur les
armes chimiques ne comportera pas de
sanctions contre la Syrie, après le
rejet par Lavrov du projet français.
De con côté, dans l'interview qu'il a
accordé à la chaine de télévision Russia
24, le président syrien, Bachar al-Assad,
a indiqué que la Syrie considère que
l'initiative russe est bâtie sur des
engagements aussi bien de la part de son
pays que des Etats-Unis. Il a estimé que
la mise en œuvre par Damas de l'accord
sur le chimique doit s'accompagner de
mesures simultanées prises par les
Américains pour abandonner leurs menaces
d'agression et la fin de leur soutien
terrorisme.
M. Poutine a développé les mêmes
arguments dans la tribune qu'il a publié
dans le New York Times. S'adressant
directement à l'opinion publique
américaine et au membres du Congrès, le
président russe a déclaré que les
rebelles armés soutenus par les
Etats-Unis et l'Occident sont des
organisations classées terroristes par
Washington. Il s'agit de groupes de
mercenaires terroristes multinationaux
(venant de 83 pays, comme l'a dit le
ministre syrien des Affaires étrangères
Walid Moallem). M. Poutine a indiqué que
parmi ces terroristes, figurent
également des citoyens russes.
Résistance de la Syrie, émergence de la
Russie
Le processus de contrôle des armes
chimiques syriennes jouit de garanties
russes, renforcées par un engagement
ouvertement annoncé de soutenir la Syrie
face à toute agression américaine. Un
calendrier est actuellement en train
d'être négocié pour mettre en œuvre
l'équation suivante: la mise sous
contrôle de l'arsenal chimique syrien en
contrepartie de l'arrêt de l'agression
contre la Syrie à tous les niveaux, à
travers le mécanisme de l'arrêt de la
violence qui s'inspire de l'accord de
Genève 2. Cette situation permettra à
l'armée arabe syrienne de renforcer son
offensive pour anéantir les foyers
terroristes et permettre à l'Etat
d'étendre son autorité sur l'ensemble du
territoire.
Ce nouvel épisode de la crise syrienne
s'est donc soldé par l'émergence de la
Russie en tant qu'acteur international
incontournable, face à l'hégémonie
unilatérale américaine.
C'est nouveaux rapports de force ont pu
voir le jour grâce à la résistance de
l'Etat syrien, de son armée et du
peuple. Le fait que les Etats-Unis se
sont vus obligés de participer
directement aux opérations militaires
est un signe de l'échec de leurs agents
et sous-traitants locaux et régionaux de
réaliser quoi que ce soit sur le
terrain. De plus, l'abandon de l'option
militaire par Washington est un signe de
sa faillite en tant que puissance
internationale hégémonique.
Dans le dernier bras de fer, l'axe de la
résistance a réussi à renforcer sa
présence au cœur même de la Syrie. Cela
a été rendu possible par le courage des
positions iraniennes et la solidité de
celles de la Russie, laquelle aurait
placé la Syrie sous la protection de son
parapluie nucléaire, selon certaines
informations. C'est cette
complémentarité entre les acteurs de cet
axe qui a brisé l'unilatéralisme
américain.
Ce nouvel équilibre mondiale, marqué par
le recul des Etats-Unis, ne fera
qu'inquiéter Israël, qui voit ses
efforts de détruire l'Etat syrien partir
en fumée.
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