Tendances au Moyen-Orient
L'hypocrisie
politique:
Washington avoue qu'Al-Qaïda est active
en Syrie
Ghaleb Kandil
© Photo:
RIA Novosti
Lundi 14 mai 2012
L'aveu du secrétaire américain à la
Défense, Leon Panetta, au sujet de
l'existence d'Al-Qaïda en Syrie et que
les derniers attentats de Damas, qui ont
fait 55 morts et 380 blessés, portent
l'empreinte de l'organisation
terroriste, comporte une grosse dose
d'hypocrisie politique. Il ne s'agit
pas, en effet, de la première fois que
les responsables politiques et
militaires Américains font de telles
déclarations. La secrétaire d'Etat, Mme
Hillary Clinton, l'a déjà répété à
plusieurs reprises, sans que Washington
ne modifie d'un iota son attitude à
l'égard de la crise syrienne. Au
contraire, les Américains sont
déterminés à renforcer les pressions sur
l'Etat et le peuple syriens, qui
résistent au terrorisme takfiriste,
lequel jouit d'un soutien international
et régional de la part d'une alliance
conduite par les Etats-Unis.
Léon Panetta affirme que les groupes
d'Al-Qaïda tirent profit du chaos qui
sévit dans certaines syriennes. Mais ce
chaos est le résultat de la présence de
groupes armés couvés par les services de
renseignements américains et
occidentaux, et disposant de bases
militaires installées sur le territoire
turc avec la bénédiction d'Ankara. Pour
leur part, l'Arabie saoudite et le Qatar
reconnaissent publiquement qu'ils
financent et arment ces groupes depuis
le début de 2011. Si le désordre et le
chaos règnent dans certaines régions
syriennes, la faute en revient, donc, à
ces pays.
Personne au monde ne peut accepter
l'idée que l'Arabie saoudite, le
gouvernement de l'illusion ottomane, et
encore moins le Qatar, oseraient
exprimer des positions ou prendre des
décisions qui déplairaient aux
Etats-Unis ou qui ne seraient pas le
fruit d'une étroite coordination avec
Washington. Cette alliance a établi une
chambre d'opération commune, animée par
les services de renseignements
américains et français, dans la base de
l'Otan d'Incerlik, en Turquie, pour
diriger les groupes terroristes en
Syrie.
De même que personne au monde ne
croirait la tentative américaine de nier
tout parrainage des vastes opérations de
trafic d'armes au profit des groupes
extrémistes qui exécutent des attentats
suicides, qui font des centaines de
morts et de blessés dans les rangs des
civils innocents. Aucun des amis de
Washington n'oserait déplacer d'un côté
à l'autre de la Méditerranée des
centaines de tonnes d'armes
sophistiquées, qui passent au large des
côtes israéliennes sans être inquiétées.
C'est le cas, notamment, du cargo Lutfallah II, arraisonné par l'Armée
libanaise avec 60 tonnes d'armes, qui
devaient être introduites en Syrie via
le Liban, avec la complicité du 14-Mars,
dirigé par Jeffrey Feltman et Bandar Ben
Sultan.
L'Etat syrien fait état, depuis le début
des événements, de l'existence de
groupes terroristes, d'une forte
activité de groupes takfiristes et du
rassemblement en Syrie de cellules
d'Al-Qaïda. Des rassemblements
similaires ont été observés dans des
régions frontalières proches de la
Syrie, au Liban, en Jordanie et en
Turquie. L'Américain hypocrite niait ces
informations.
Pourtant, la logique politique voudrait
que la communauté internationale, qui
prétend combattre le terrorisme depuis
des années, apporte son soutien à l'Etat
syrien qui combat ce même terrorisme.
Mais la réalité est les Etats-Unis et
leurs alliés craignent la résurgence de
la force de la Syrie après sa victoire
sur le complot dont elle est victime, ce
qui aurait des répercussions décisives
sur les rapports de force internationaux
et favoriserait l'émergence de nouvelles
équations. Le plan de Kofi Annan
constitue l'arène du conflit entre le
précédent enregistré au Conseil de
sécurité avec le double véto sino-russe,
et la détermination américaine à
entraver la naissance d'un nouvel ordre
mondial.
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