Opinion
La guerre d'usure
américaine contre l'Etat syrien sans
perspective
Ghaleb
Kandil
Lundi 14 janvier
2013
De ce qui a filtré de la rencontre
tripartite de Genève, entre les Russes,
les Américains et l'émissaire
international Lakhdar Brahimi, vendredi
11 janvier, il apparait clairement que
le refus des Etats-Unis de reconnaitre
l'échec de la guerre universelle qu'ils
ont lancé contre la Syrie et son
président Bachar al-Assad, constitue
l'obstacle majeur qui empêche une
solution politique à la crise syrienne.
C'est Washington qui a saboté toutes les
initiatives en refusant de s'engager à
travers le Conseil de sécurité à cesser
d'armer et de financer les groupes armés
en Syrie. Cela est dû au fait que ce
sont les Etats-Unis qui ont géré la
guerre en Syrie, ont mis sur pied des
chambres d'opération en Turquie, où
siègent des agents de la CIA chargés de
coordonner les efforts internationaux et
régionaux de mobilisation des
terroristes du monde entier pour les
envoyer en Syrie. Les responsables
américains se vantent publiquement
d'avoir fourni du matériels de
communication modernes aux gangs armés,
et ils n'ont exprimé aucun regret, même
après avoir reconnu qu'une grande partie
de ces équipements est tombée aux mains
des combattants qaïdistes du Front al-Nosra;
une organisation qu'ils ont tardivement
inscrit sur leur liste terroriste, dans
laquelle ils pourraient inclure d'autres
groupes prochainement, sans pour cela
qu'ils ne modifient leur position au
sujet des engagements sur l'arrêt de la
violence.
Tant que des engagements clairs sur
l'arrêt du soutien militaire et
financier aux groupes terroristes ne
sont pas officiellement pris dans le
cadre des rencontres de Genève, cela
signifiera que l'administration
américaine est déterminée à poursuivre
la guerre d'usure contre l'Etat syrien
dans les mois à venir. Les Etats-Unis,
qui sont incapables de supporter les
pertes matérielles et humaines d'une
confrontation directe, savent que l'Etat
national syrien, qui a fait preuve d'une
solidité et d'une force remarquables
tout au long de cette guerre, sera
encore plus déterminé à préserver son
indépendance politique après la fin des
combats. C'est pour cette raison que
Washington lie la mise en place des
mécanismes d'arrêt de la guerre au
départ du président Bachar al-Assad, qui
est un leader populaire, résistant,
ayant des choix patriotiques. S'il est
évincé dans les circonstances actuelles,
cela ouvrira la voie à de nouveaux
équilibres qui pourraient écarter
l'armée syrienne et la majorité
populaire de leur choix d'une Syrie
réellement indépendante. L'axe de la
résistance en sera alors sérieusement
affaibli.
Les propos de Lakhdar Brahimi sont en
deçà du niveau du débat, car l'émissaire
international est depuis longtemps le
porte-parole des Etats-Unis et de
l'Occident. D'un autre côté, la solidité
de la position de la Russie, appuyé par
les pays des Brics, et plus
particulièrement par la Chine et l'Iran,
part d'une réalité que la Syrie est la
première ligne de défense de toutes les
forces indépendantes, qui s'opposent à
l'hégémonie unilatérale américaine. Le
président Assad est le symbole de cette
réalité. Demander sa démission c'est
comme exiger le départ de Fidèle Castro
dans le Cuba des années soixante.
La force de Bachar al-Assad vient du
soutien d'une large majorité de Syriens,
qui voient en lui l'espoir d'un avenir
meilleur. Ses proches alliés savent que
le président syrien base toutes ses
décisions sur l'intérêt national syrien,
Et aucun force au monde ne peut obliger
un chef soutenu par son peuple de
changer ses décisions. Les vrais amis de
la Syrie savent très bien que la
bataille a aujourd'hui dépassé le cadre
des réformes, aussi importantes
soient-elle. Ces réformes sont
d'ailleurs devenues, après le dernier
discours d'Assad, le programme de
travail du gouvernement. L'enjeu, le
vrai, porte sur l'existence de la Syrie
en tant que pays libre, souverain et
indépendant, actif et influent dans son
environnement géopolitique.
Tôt ou tard, Washington reculera et
Assad proclamera la victoire dans la
guerre la plus féroce jamais lancée
contre un pays dans l'histoire
contemporaine. Et les déclarations de
Brahimi, après la dernière rencontre de
Genève, sur le fait que la solution en
Syrie doit être politique, est une
reconnaissance de la force de l'Etat
syrien et de l'impossibilité de le
vaincre.
Le sommaire des Tendances d'Orient
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|