Tendances au Moyen-Orient - La Syrie
Les détails du
plan américain contre la Syrie
Ghaleb Kandil
Lundi 9 juillet
2012
Les contours de l'escalade de la guerre
des Etats-Unis contre l'Etat syrien dans
les mois à venir commencent à se
préciser. Il est clair que la stratégie
de la guerre indirecte, imaginée par le
directeur de la CIA, le général David
Petraeus, lequel supervise la
mobilisation des ressources matérielles,
financières, militaires et de
renseignements nécessaire à ce conflit,
se base sur une guerre d'usure de longue
durée, menée par les bandes armées.
Les centres de recherches et d'analyses
américains ont procédé à une évaluation
globale de la situation des oppositions
syriennes divisées et sont parvenus à la
conclusion qu'il s'agit d'un agrégat
d'exilés et de communautés politiques en
éternel conflit, qui ne représentent pas
un poids important au sein de la société
syrienne. Parmi cet agrégat, les
Occidentaux et la Turquie misent sur les
Frères musulmans.
Les experts américains reconnaissent que
cette mosaïque de forces politiques a
résisté à tous les efforts des
Etats-Unis et de leurs alliés pour
unifier leurs rangs, à travers
d'innombrables réunions en Turquie, en
France et en Egypte, sans parler des
dizaines de rencontres secrètes tenues
sous l'égide de la CIA. La dernière
réunion du Caire n'a fait que confirmer
combien l'unification était loin, et a
montré que l'Occident, Amérique en tête,
la Turquie et le Qatar, soutiennent les
Frères musulmans, alors que l'Arabie
saoudite appuie, finance, couve et
oriente les groupes salafistes-takfiristes,
ainsi que quelques "notables" de
l'opposition qu'elle entretient depuis
des années, avec à leur tête Abdel Halim
Khaddam et Rifaat al-Assad.
Les services renseignements américains
ont en outre procédé à un recensement
global des gangs et des groupes armés
actifs à l'intérieur de la Syrie, par le
biais du centre de recherches sur la
guerre, qui travaille pour la CIA et
l'état-major des armées. Les conclusions
de l'étude, publiée sur le site du think
tank, montre clairement que les
Etats-Unis parient sur la possibilité de
développer les structures de ces gangs
et œuvrent afin de leur assurer l'argent
et les armes nécessaires d'une manière
régulière. Une relation directe a été
établie avec les chefs de ces groupes, à
travers la mise en place d'une chambre
d'opération et de planification, dirigée
par des officiers de la CIA et d'autres
agences de renseignements américaines ou
de pays de l'Otan. Cette chambre
d'opération est basée en Turquie. A
partir de là, il apparait que les
prochains mois vont connaitre une
intensification des agressions contre
l'Etat national syrien, dans le but de
l'affaiblir au maximum. L'utilisation de
la scène libanaise contre la Syrie fera
partie des priorités. D'ailleurs, le
sénateur John McCain l'a clairement dit,
en appelant à la création d'une
zone-tampon pour l'Armée syrienne libre,
à l'issue d'une rencontre avec le chef
des Forces libanaises. Et les milices du
Courant du futur et des groupes
salafistes libanais n'ont pas attendu
longtemps avant d'obtempérer, en
soustrayant le Akkar à l'autorité de
l'Etat, à partir de jeudi 5 juillet.
Hommes armées jusqu'aux dents, portant
des cagoules, érigent des barrages,
isolent des villages et fouillent les
habitants et les passagers des voitures,
sans que personne ne leur demande des
comptes.
Toutes ces données sont confirmées par
les derniers propos du président syrien
Bachar al-Assad, qui a accusé dimanche
Washington de soutenir les bandes
rebelles pour déstabiliser la Syrie.
S'exprimant dans le cadre d'une
interview à la télévision publique
allemande ARD, le président Assad a
ajouté que "les Etats-Unis sont partie
prenante au conflit. Ils offrent une
protection et un soutien politique à ces
bandes pour déstabiliser la Syrie".
Sur le terrain, la Syrie a répondu aux
menaces grandissantes de la secrétaire
d'Etat Hillary Clinton, qui a affirmée
que "l'opposition syrienne était assez
forte pour lancer une offensive contre
l'Etat", en organisant de vastes
manœuvres. Ainsi, la marine syrienne a
entamé des exercices de tirs réels au
cours du week-end, lançant des missiles
depuis la terre et la mer dans le but de
"simuler un scénario de défense en cas
d'attaque surprise depuis la mer", a
indiqué dimanche l'agence Sana. "La
marine a effectué l'exercice avec
succès, repoussant une hypothétique
attaque et détruisant avec une grande
précision les cibles définies," a
rapporté l'agence de presse.
Le ministre de la Défense, le général
Daoud Rajha, qui assistait à l'exercice,
s'est félicité de "la performance
exceptionnelle des forces navales qui
ont démontré leur haut niveau
d'entraînement au combat et leur
capacité à défendre les côtes syriennes
contre toute agression éventuelle."
Selon la Sana, ces exercices font partie
d'un plan d'entraînement au combat,
établi par le Haut commandement de
l'armée, qui prévoit d'effectuer chaque
année ce type d'exercices.
Ce plan comprend "des manœuvres
militaires faisant intervenir les forces
terrestres, navales et aériennes pour
évaluer la préparation au combat de
l'Armée syrienne arabe et connaître sa
capacité à remplir son devoir dans des
conditions comparables" à celles de
combats réels.
Sur le plan politique, le vice-ministre
iranien aux Affaires étrangères a
qualifié dimanche de "farce" l'idée de
faire démissionner par la force ou de
contraindre à l'exil le président Bachar
al-Assad, mettant en garde contre une
attaque en Syrie qu'il a jugé "stupide
et catastrophique". "L'Iran approuve les
plans de réforme de M. Assad et les
négociations ayant pour but de le forcer
à l'exil sont une farce", a déclaré
Hossein Amir Abdollahian à Amman, où il
a par ailleurs invité le roi Abdallah II
de Jordanie au sommet du Mouvement des
non-alignés en Iran.
"Une intervention militaire en Syrie
n'est pas probable et si cela devait
arriver ce serait stupide. La Syrie peut
se défendre seule sans l'aide de l'Iran.
Toute solution non politique serait
catastrophique pour l'ensemble de la
région", a-t-il affirmé.
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