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Jerusalem Post
Sur
la rencontre Olmert-Abbas
Gershon Baskin*
http://www.jpost.com/
Jerusalem Post, 25 décembre 2006
La rencontre Olmert-Abbas, attendue depuis longtemps, et qui a
finalement eu lieu huit mois après la prise de fonction d'Ehoud
Olmert, est une étape positive mais largement insuffisante pour
relancer un processus de paix entre Israël et les Palestiniens.
Au crédit d'Olmert, il faut dire qu'il tente depuis des mois
d'organiser cette rencontre. C'est plutôt Mahmoud Abbas qui a
rechigné, à la fois par crainte de retourner les mains vides, et
par crainte qu'Olmert ne lui présente une série d'exigences
auxquelles il ne pourrait pas répondre.
Abbas ne peut pas libérer Gilad Shalit, il n'a aucun contrôle
sur le gouvernement ou le parlement, dominés par le Hamas, et ne
peut pas empêcher les tirs de Qassam depuis Gaza.
Alors, pourquoi maintenant? Peut-être parce que, depuis l'appel
d'Abbas à des élections anticipées, il y avait besoin de
renforcer la position des modérés.
Le président Bush et la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice ont
fait savoir à Olmert qu'il devait prendre des initiatives pour
renforcer Abbas, y compris des libérations de prisonniers détenus
en Israël.
Il est clair qu'une libération de prisonniers politiques
renforcerait les modérés, et l'on peut être certain qu'Abbas a
évoqué la question de Marwan Barghouti avec Olmert.
Abbas n'a pas encore fixé de date pour les élections anticipées,
auxquelles le Hamas continue d'affirmer qu'il ne participera pas.
Les heurts inter-palestiniens continuent, malgré les tentatives
de parvenir à des accords qui empêcheraient la guerre civile.
L'annonce faite par Abbas de ces élections anticipées a relancé
les tentatives de parvenir à la formation d'un gouvernement
d'union nationale, mais il semble très improbable que ces
discussions aboutissent. Les déclarations publiques des différents
dirigeants du Hamas, dont le premier ministre, montre qu'il
n'existe du côté du Hamas ni volonté ni capacité de se
rapprocher des exigences du Quartette.
Les tentatives d'Abbas de finasser avec ces exigences par toutes
sortes de formules implicites quant à la reconnaissance d'Israël
sont encore trop éloignées de l'idéologie du Hamas pour
permettre à celui-ci de former un gouvernement d'union avec le
Fatah.
Mais pour qu'Abbas profite au mieux de son appel à des élections
anticipées, il va avoir du travail avec le Fatah. Son propre
mouvement politique est toujours perçu par l'opinion comme
corrompu, non-démocratique et contrôlé par d'ex-"révolutionnaires"
qui auraient dû prendre leur retraite depuis des
années. Pour que le Fatah ait une chance de gagner les
futures élections, des réformes profondes devront être
accomplies.
Des hommes comme Barghouti pourraient jouer un véritable rôle
dans la renaissance du Fatah. Au moins trois ministres du
gouvernement Olmert m'ont affirmé en privé que la libération de
Barghouti ne se posait pas en termes de "si'" mais de
"quand". Pour répondre à cette question, je dirais que
le moment, c'est maintenant.
Il est également temps de reconnaître que, en dehors de la nécessité
réelle de rebâtir la confiance, l'urgence est de s'occuper des
vraies questions du conflit.
L'avenir des relations israélo-palestiniennes ne va pas se fonder
sur des gestes de bonne volonté. Olmert, à première vue, s'est
montré très généreux en acceptant de débloquer 100 millions
de $ à Abbas, mais il reste environ 700 millions de $ d'argent
palestinien qu'Israël bloque toujours. Israël continue de contrôler
quasiment tous les aspects de la vie des Palestiniens.
Les accords concernant la liberté de circulation et d'accès
n'ont pas été respectés, et les Palestiniens ne peuvent
toujours pas circuler librement, même dans les limites de leurs
propres territoires.
Les colons du Goush Katif (bande de Gaza, ndt) produisaient plus
de 100 millions de $ par an. L'année écoulée, les Palestiniens
ont perdu environ 25 millions de $ parce qu'ils n'ont pas pu
exporter leurs produits, à cause de la fermeture des frontières
par Israël. Tous ces phénomènes sont des symptômes d'une
occupation israélienne qui se poursuit.
Le 5 juin 2007 marquera 40 années d'occupation. Il semble qu'Olmert
aimerait, au moins sur le plan du principe, voir l'occupation se
terminer. Cela, et l'avènement d'une paix entre Israël et les
Palestiniens, n'est pas une chimère mais une réelle possibilité,
malgré tous les échecs que nous avons connus depuis 13 ans.
Depuis la reconnaissance d'Israël par Yasser Arafat, dès 1988,
la racine du conflit est la poursuite de l'occupation. Il est
facile d'accuser les Palestiniens d'avoir fait échouer jusqu'ici
le processus de paix. Eux aussi sont responsables de ces échecs,
pour avoir compté sur la violence davantage que sur la
diplomatie. Mais nous devons reconnaître que si c'était nous qui
avions été sous occupation, nous n'aurions pas non plus accepté
de nous voir privés de notre liberté pendant 40 ans; et aurions
utilisé tous les moyens possibles pour la retrouver.
A la suite de la rencontre Olmert-Abbas, Olmert a déclaré qu'il
espérait que le caractère positif de cette rencontre mènerait
à la reprise du processus diplomatique qui ferait avancer les intérêts
des deux côtés. Il est maintenant temps pour Olmert de déclarer
que l'objectif de ce processus diplomatique est la fin de
l'occupation et la paix entre Israéliens et Palestiniens.
En même temps, Olmert doit annoncer que l'unilatéralisme n'est
pas une manière d'avancer, et que toutes les mesures à venir
seront prises dans le cadre de négociations bilatérales entre
Israël et les Palestiniens. Dans les six mois à venir, il
devrait être possible pour Abbas et Olmert de parvenir à un
accord sur une Déclaration de Principes sur la fin de
l'occupation et sur la paix entre Israéliens et Palestiniens.
C'est de progrès sur le plan politique qu'Abbas a besoin pour
gagner à sa cause l'opinion publique palestinienne, et non un
geste d'Israël de 100 millions de $ d'argent palestinien. Les
photos à la une des journaux ne feront pas avancer la paix.
Avancer en direction de la fin de l'occupation, si.
Olmert comme Abbas veulent se présenter comme des dirigeants sérieux.
Il est temps pour eux de diriger avec sérieux.
Trad. : Gérard pour La Paix
Maintenant
* Gershon Baskin est le co-directeur israélien du Israel/Palestine
Center for Research and Information : www.ipcri.org
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