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Jerusalem Post
Négocier au son du clairon
Gershon Baskin
En attendant de revenir sur la « piste syrienne » dont parlent
les médias aujourd'hui (mais que nous avions évoquée il y a déjà
un mois
http://www.lapaixmaintenant.org/article1800 ), jetons un œil
sur une autre négociation en cours, avec le Hamas cette fois.
Article pas très gentil (ô surprise) pour George Bush le
"cow-boy" et pour les "penseurs" de l'establishment militaire
israélien et qui fait le point sur les difficultés de cette
négociation ainsi que sur les divers leurres courants dans ce
genre de situation. Par un auteur très proche des négociateurs
des deux côtés. NdT
Jerusalem Post, 19 mai 2008
http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1210668676791&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull
De nouveau, on sonne le clairon. Les festivités du Jour de
l¹Indépendance d¹Israël sont derrière nous. Comme le "show
Shimon Peres" qui a amené ici les dirigeants des communautés
juives dans le monde et des dizaines de chefs d¹Etat. Le
président Bush et son entourage sont partis. Olmert et son
gouvernement sont maintenant libres de se pencher sur les tirs
continus de roquettes depuis Gaza (cela, bien sûr, entre les
diverses enquêtes pour corruption).
Le missile Grad qui a touché le centre commercial d¹Ashkelon au
moment même où Bush et Olmert étaient réunis n¹a fait que
confirmer la confiance inébranlable affichée par le président
américain : "On ne parle pas avec des terroristes." Il serait
intéressant de savoir à quoi pensait Olmert à ce moment précis.
Il était parfaitement au courant des négociations qui avaient
lieu avec le Hamas par l¹intermédiaire de l¹Egypte, malgré la
réponse négative que lui-même, Ehoud Barak et Tzipi Livni
avaient donnée à Omar Suleiman, chef des services secrets
égyptiens, à la proposition d¹accord que l¹Egypte avait négociée
avec le Hamas et d¹autres groupes à Gaza : cessez-le-feu et
réouverture du passage frontalier de Rafah pour les personnes et
les marchandises. On peut facilement supposer que Bush a donné
son feu vert à Israël pour le lancement d¹une grande offensive
terrestre dans Gaza (après son départ, bien sûr). Israël a
besoin du consentement
américain pour utiliser des armes américaines qui tueront des
Palestiniens à Gaza, y compris des non-combattants innocents qui
auront l¹infortune de se trouver dans la ligne de tir.
Bush pense, semble-t-il, qu¹Israël ne peut réussir à négocier la
création d¹un Etat palestinien (selon sa "vision" et son
calendrier) sans d¹abord parvenir à un changement de régime à
Gaza. Bien entendu, Bush fournit à
Olmert, Livni et Barak l¹exemple de l¹Irak pour leur montrer
comment procéder. S¹il s¹est débarrassé de Saddam Hussein et de
sa bande d¹assassins à Bagdad, pourquoi Israël ne peut-il pas en
faire autant (doit-il penser en lui-même) ? Dans la conception
du monde de Bush, tout est très simple. Israël a les plus gros
calibres, alors pourquoi ne pas s¹en servir ? Bien sûr, les
habitants de Gaza accueilleront les forces israéliennes avec du
sucre et du riz, comme l¹ont fait les chiites au Sud Liban en
1982. Bon, à Gaza, on manque un peu de sucre et de riz en ce
moment, mais peu importe, ils trouveront bien autre chose à
jeter. Il n¹a fallu qu¹un an pour que les chiites du Liban
commencent à se faire exploser contre l¹armée israélienne.
Y a-t-il quelqu¹un pour croire que les Palestiniens de Gaza
attendront un an avant de faire la même chose à une armée
israélienne venue les « libérer » du Hamas ?
OK, Bush n¹habite pas la région et il ne la comprend pas. Il se
peut que sa mentalité de cow-boy texan trouve un certain écho
auprès de certains « grands » esprits de l¹appareil de sécurité,
mais on pourrait s¹attendre à ce que les militaires sur le
terrain fassent preuve d¹une certaine compréhension des réalités
locales. Eh bien non. Les voix les plus fortes en faveur du plan
à la cowboy émanent des militaires. Rappelez-nous quand, pour la
dernière fois, Israël a résolu un problème avec les Arabes par
la force ? Notre usage de la force a contribué à créer le
Hezbollah et le Hamas. N¹oublions pas non plus que le refus par
Israël de s¹accorder ou même de coordonner le retrait de Gaza
avec Mahmoud Abbas a permis au Hamas de crier
victoire pour avoir jeté Israël de Gaza à coups de pied. La même
chose vaut pour le Hezbollah au Sud Liban.
Comme, semble-t-il, les négociations avec le Hamas se
poursuivent par l¹Intermédiaire d¹Omar Suleiman, on peut
supposer que le refus du plan égyptien opposé par Israël ne
revient pas à fermer complètement la porte à un accord de
cessez-le-feu. Il semble plutôt qu¹il ne s¹agisse que d¹une
étape dans la négociation. Israël essaie de parvenir à un
meilleur accord. Il aurait d¹ailleurs dû être très clair aux
Egyptiens que le fait d¹exclure
le sort du soldat Gilad Shalit de l¹accord le rendait quasiment
impossible à accepter pour Olmert. C¹est d¹ailleurs ce que j¹ai
dit aux Egyptiens, environ deux mois avant que cet accord n¹ait
été présenté officiellement.
Les Egyptiens sont coincés parce que le Hamas a déclaré qu¹il
n¹y aurait pas de reprise de négociations sur Shalit tant que le
siège économique de Gaza se poursuit et que le passage de Rafah
n¹est pas rouvert. De leur côté, Israël et les Etats-Unis ont
exercé des pressions considérables sur les Egyptiens pour qu¹ils
ferment les tunnels par lesquels passent les armes de
contrebande. Israël a affirmé catégoriquement qu¹il n¹y aurait
pas de cessez-le-feu sans qu¹il soit mis fin à cette
contrebande.
Depuis des mois, je dis que l¹accord dans l¹intérêt des deux
parties devrait être un tout qui comprendrait un échange de
prisonniers (dont Shalit), un cessez-le-feu (Gaza d¹abord, mais
devant s¹étendre à la Cisjordanie), la réouverture de Rafah où
seraient positionnés des troupes de l¹Autorité palestinienne et
des observateurs de l¹Union européenne, et la réouverture de
l¹un au moins des passages frontaliers entre Israël et Gaza
(probablement celui de Karni, où passent les produits
commerciaux). Pour que cela se produise, Israël doit se montrer
plus souple sur la liste des noms de prisonniers que le Hamas a
fournie en échange de Shalit, car après deux ans, il devrait
être clair qu¹il est très peu probable que le Hamas évoluera sur
ce point. Ceci est très difficile à accepter pour Israël, mais
si le Hamas devait accepter que tous les Palestiniens libérés
aillent à Gaza et non en Cisjordanie, ce serait supportable pour
Israël.
Les parties doivent également comprendre que l¹alternative à
l¹accord serait bien pire pour tout le monde que l¹accord
lui-même. Dans ce contexte, on pourrait peut-être interpréter
les sonneries de clairon qu¹on entend
aujourd¹hui comme faisant partie de la négociation. Les menaces
brandies des deux côtés et l¹escalade qui a déjà lieu et ne fera
que croître, et qui pourrait n¹être qu¹une préparation à une
invasion de Gaza sur une grande échelle. Mais, de la même
manière, il peut aussi s¹agir d¹une tactique pour impressionner
le Hamas afin de lui faire comprendre ce qui est en jeu.
L¹utilisation par le Hamas de roquettes plus sophistiquées
pourrait être, elle aussi, un jeu tactique de la part du Hamas.
Techniquement, une invasion terrestre de Gaza ne serait pas très
compliquée pour Israël. L¹armée a eu des mois pour s¹y préparer.
Sans énormes problèmes militaires, Israël pourrait tuer
plusieurs centaines de Palestiniens, y compris la plupart des
dirigeants militaires et politiques du Hamas et du Jihad
islamique. Israël pourrait même mettre en ¦uvre à Gaza un
changement de régime à la mode irakienne.
Mais tout cela ne ramènera le calme au sud d¹Israël. Les
roquettes continueront à tomber, les kamikazes reviendront. Les
Gazaouis ne feront pas la fête à l¹armée israélienne d¹invasion.
Mahmoud Abbas n¹endossera pas une queue-de-pie et les
négociations entre lui et Israël s¹arrêteront immédiatement.
Bush sourira et dira : "On ne parle pas avec des terroristes",
et Israël et la Palestine ressembleront au même bourbier dans
lequel il a mis le monde en Irak. Trad. : Gérard
pour
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