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Jerusalem Post

Des concepts aux réalités
Gershon Baskin

Baskin se fonde sur une hypothèse : les négociations israélo-palestiniennes avancent (un peu). L’avenir dira s’il était bien informé. Mais quoi qu’il en soit, les principes et recommandations qu’il cite dans cet article (surtout, passer au concret !) demeureront a priori valables. Toujours les mêmes questions fondamentales : "caractère juif" de l’Etat d’Israël, réfugiés et "droit au retour", résolution 181, Ayalon-Nusseibeh, Genève, tout y passe  NdT

Jerusalem Post, 2 septembre 2008
http://www.jpost.com/

Il se dit ici et là que les négociations israélo-palestiniennes conduites en parallèle par Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas d’une part, et par Tzipi Livni, ministre israélienne des affaires étrangères, Ahmed Qoreï, négociateur de l’Autorité palestinienne d’autre part, sont en train de parvenir à un stade final [1]. Or, pour parvenir à un accord, il y a des questions inévitables qu’il faut traiter. Il y a également des mesures sur le terrain qui sont nécessaires si l’on veut bâtir une opinion publique qui soutienne cet accord potentiel, mesures qui pourraient être appliquées immédiatement, aqvant même de parvenir à un accord total.

Il semble que Livni n’accepterait aucun accord qui ne reconnaisse pleinement Israël en tant qu’Etat juif. Lors des préparatifs du sommet d’Annapolis de novembre 2007, nous nous souvenons que c’était là une des principales exigences d’Israël qui ont rendu impossible une déclaration de principes commune. Les Palestiniens avaient rejeté cette exigence. Le négociateur Saeb Erekat avait déclaré : "Nous reconnaissons Israël, ne nous forcez pas à déterminer votre identité."

Derrière cette déclaration d’Erekat, il y a l’idée que si les Palestiniens reconnaissaient Israël en tant qu’Etat juif, ils souscriraient au transfert de plus d’un million de Palestiniens citoyens israéliens. Et pour eux, cela préjugerait également du résultat des négociations sur le droit au retour [des réfugiés palestiniens], avant même que cette question n’ait été mise sur la table.

La position israélienne est que la solution de deux Etats pour deux peuples se fonde sur le principe du partage de la terre, en accord avec la résolution 181 des Natons unies du 29 novembre 1947, qui stipulait clairement : "Les États indépendants arabe et juif (...) commenceront d’exister en Palestine." L’OLP comme l’Etat d’Israël fondent la légitimité de leur Etat [actuel et à venir] sur cette résolution. La résolution elle-même, ainsi que les lois de l’Etat d’Israël, protègent les droits des minorités non-juives en Israël, et quand il y aura un Etat de Palestine, les droits des minorités non-palestiniennes devraient également y être protégés par la loi.

Les Palestiniens n’ont jamais réellement compris que la notion d’Etat juif ne reposait pas seulement sur des concepts religieux. Ils n’ont jamais totalement perçu les Juifs comme un « peuple » et considèrent le sionisme comme une invention colonialiste illégitime destinée à les priver de leurs droits nationaux.

Les négociateurs devront trouver la formule à la fois appropriée et acceptable pour surmonter cette contradiction. Il serait possible de citer cette même résolution des Nations unies et lui ajouter que les droits de la minorité palestinienne en Israël et ceux de la minorité juive en Palestine seront garantis et protégés par la loi. Toutefois, les Palestiniens disent que si nous retournons à la résolution 181, pourquoi ne pas également se référer à la carte d’alors, qui était conçue pour la partition ? Cette position, bien entendu, est inacceptable pour Israël.

La formulation de la déclaration Ayalon-Nusseibeh [2] adoptait deux principes pour affirmer la légitimité de la solution deux Etats pour deux peuples : "Les deux parties déclarent que la Palestine est le seul État du peuple palestinien et qu¹Israël est le seul État du peuple juif », et « Les réfugiés palestiniens ne retourneront que dans l’État de Palestine ; les Juifs ne retourneront que dans l’État d’Israël". Cette formulation a été possible parce qu’elle comprenait des positions claires concernant les frontières et Jérusalem qui lui ont permis de s’accorder sur un « package deal ».

Concernant ces questions, Ami Ayalon et Sari Nusseibeh s’étaient mis d’accord qu’à Jérusalem, la souveraineté serait partagée en deux, sauf pour les lieux saints où personne n’aurait la souveraineté, mais où Israël servirait de gardien du Mur des Lamentations et la Palestine de gardien du Haram al-Sharif / Mont du Temple. Sur les frontières, le principe retenu était d’utiliser les lignes du 4 juin 1967 comme base, avec des échanges territoriaux acceptables et équivalents.

L’Initiative de Genève [3] traitait cette question comme suit : "Les Parties reconnaissent la Palestine et Israël comme les patries de leurs peuples respectifs." Là encore, il s’agissait d’une formulation acceptable à cause de la nature globale de l’Initiative de Genève.

Pour le moment, et pour autant que nous le sachions, les négociations israélo-palestiniennes ne sont parvenues qu’à un accord sur le principe des échanges de territoires, mais non sur la taille des territoires qui seraient annexés par Israël. Il ne semble pas non plus y avoir d’accord sur Jérusalem ni sur les réfugiés.

Pour parvenir à un accord global, les deux parties devront faire d’importantes concessions. Tout comme les Palestiniens devront reconnaître le caractère juif d’Israël, Israël devra reconnaître sa part de responsabilité dans la création du problème des réfugiés palestiniens (responsabilté non pas totale, mais certainement partielle, et même très importante). Cette reconnaissance par Israël est nécessaire pour que les Palestiniens puissent accepter que le principe du droit au retour soit appliqué essentiellement dans l’Etat de Palestine et non en Israël.

Cette reconnaissance des deux côtés de ces principes fondamentaux est un pré-requis pour parvenir à un accord qui pourrait permettre une réconciliation réelle et durable. Les deux côtés devront également reconnaître que Jérusalem constituera la capitale des deux Etats avec le partage requis de la souveraineté, y compris le partage du contrôle ou de la souveraineté sur les lieux saints.

Les deux parties pourraient également prendre des mesures immédiates qui donneraient une fondation plus solide aux déclarations citées plus haut. Les Palestiniens pourraient indiquer que, sur le principe, ils seraient prêts à accorder la citoyenneté palestinienne à des colons israéliens, qui seraient soumis à la souveraineté et aux lois palestiniennes. Israël pourrait accorder le droit à Mahmoud Abbas d’aller prier à la mosquée Al-Aqsa au début du Ramadan (cela ne s’est pas fait, bien entendu, ndt). Les deux parties pourraient s’accorder sur la construction d’une ou de plusieurs villes nouvelles en Cisjordanie, pour lesquelles le droit de résidence serait donné en priorité à des réfugiés palestiniens de retour du Liban.

Il n’y a aucune raison d’attendre un accord final et sa ratification par les peup^les pour commencer à mettre en œuvre des mesures qui bâtiraient la paix sur le terrain.

La paix ne se bâtit pas seulement par des accords sur le papier. Cela est nécessaire, mais non suffisant. La paix doit se bâtir sur le terrain, de bas en haut. Nous devons commencer à transformer les mots et les concepts en réalités nouvelles.

[1] Ceci a été démenti à plusieurs reprises par les représentants de l’Autorité palestinienne. Le principe généralement invoqué : "Tant qu’il n’y a pas accord sur tout, il n’y a accord sur rien."

[2] Texte Ayalon-Nusseibeh

[3] Texte Genève

Gershon Baskin est le co-directeur israélien du Israel/Palestine Center for Research and Information. www.ipcri.org

Trad. : Gérard pour



Source : Liste de diffusion La Paix Maintenant


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