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Opinion
Iran, Hamas:
les étonnantes confidences de l'ancien patron du Mossad
Georges Malbrunot
Vendredi 21 janvier 2011
La république islamique ne représente pas une menace
existentielle contre l’État hébreu, a affirmé hier Ephraïm
Halévy, l’ancien chef du Mossad lors d’une conférence à Paris
devant le think-tank Center of Political and Foreign Affairs.
Israël est «en guerre contre l’Iran depuis plus de vingt ans, a
ajouté Halévy, en réponse à une question de l’auteur de ce blog,
mais c’est une guerre clandestine, et chaque camp a intérêt à
conserver le caractère clandestin de cet affrontement. Les
Iraniens comme nous (Israéliens) se comportent de façon
rationnelle. Ils pensent et agissent logiquement. Les Iraniens
sont certainement impliqués dans des activités clandestines en
vue de fabriquer une bombe à des fins militaires. Mais entre
Israël et l’Iran, les choses sont plus complexes» qu’il n’y parait, a poursuivi Ephraïm Halevy, qui a révélé avoir rencontré
des responsables iraniens, ces dernières années.
«J’ai rencontré des responsables iraniens ces dernières années
dans le cadre de contacts en coulisses», a poursuivi l’ancien
maître espion. «Les Iraniens voulaient me rencontrer pour savoir
ce que je pensais de la situation maintenant que je ne suis plus
aux affaires. C’était des gens qui avaient des positions
officielles en Iran. Un ou deux ambassadeurs m’ont dit ceci :
mon rêve c’est d’être le premier ambassadeur d’Iran à venir
prendre son poste à Jérusalem. J’ai dit d’accord, c’est bien,
mais vous devez être prudents, la route est longue.»
Officiellement, l’État hébreu et l’Iran n’entretiennent plus de
relations diplomatiques depuis 1979, mais depuis des rencontres
entre membres de leurs services de renseignements se sont tenues
à différents points du globe, Vienne notamment.
Chose surprenante encore, en 2008, le plus proche collaborateur
du président Mahmoud Ahmadinejad, Rahim Mashaïe avait déclaré
que l'Iran n'avait rien contre le peuple israélien, et en dépit
des protestations de certains radicaux, il a conservé son poste.
Les déclarations d’Halévy tranchent avec le discours officiel de
l’État hébreu qui voit dans l’Iran la plus grande menace pesant
sur son existence. Mais comme l’a reconnu l’ancien patron du
Mossad, il n’y a pas consensus en Israël sur la réponse à donner
au problème nucléaire iranien.
Ephraïm Halévy a tenu d’autres propos iconoclastes, sur le Hamas
palestinien, cette fois : «Le Hamas est entrain d’évoluer vers
une acceptation de l’État d’Israël», a-t-il déclaré. Les
islamistes «ne le disent pas ainsi aujourd’hui. Ils disent
quelque chose de différent : qu’ils accepteront un état
palestinien dans les frontières de 1967. Si on comprend leur
langage, cela veut dire qu’au-delà de cet État, il y a un autre
État, c’est Israël. Ils accepteront de facto Israël», a soutenu
Halévy, pour qui «ces changements prennent du temps. Nous
devons avoir de la patience.»
L’ancien patron de Mossad estime que l’Occident a tort de ne pas
parler aux islamistes palestiniens. Pour lui, la solution réside
dans un accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas. En
2007, les États-Unis ont eu tort de saboter l’accord de
réconciliation arraché à La Mecque par l’Arabie saoudite, a-t-il
regretté.
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