Opinion
L'Invasion
préplanifiée du Mali révèle l'agenda
néo-colonialiste de la France
Finian
Cunningham
Mercredi 16 janvier
2013
L’AMER DESTIN DE FRANCOIS HOLLANDE
Dans son livre
« Adieu Abidjan sur Seine »(Editions
Autres Temps – 2008), Guy Labertit,
délégué national pour l’Afrique du parti
socialiste de 1993 à 2006 parle de
François Hollande alors premier
secrétaire du parti : « François
Hollande – sans doute celui qui, à la
tête du PS , a éprouvé le moins
d’intérêt pour les relations
internationales , surtout
extra-européennes – a toujours eu un
rapport plutôt distant à tout ce qui
touchait l’Afrique. En novembre 1998, il
m’a dit tout de go après avoir rencontré
un président africain : « Guy j’admire
ta ténacité dans ton engagement, mais en
Afrique, il n’y a que des coups à
prendre. ».
Surtout lorsqu’on commence par en donner
……….
Après la création d’Africom,
la destruction du régime libyen par
l’OTAN, la partition du Soudan, le coup
d’Etat militaire de la France le 11
avril 2011 en Côte d’Ivoire, la guerre
occidentale pour la reconquête de
l’Afrique s’intensifie au Mali avec
l’opération SELVAR * déclenchée le 11
Janvier par le chef des armées
françaises et qui est tout sauf
improvisée (voir article ci-après).
Il n’est pas inutile
de rappeler que le premier partage de
l’Afrique en 1885 à Berlin n’a pas
empêché les puissances européennes
organisatrices du dépeçage de rentrer
trente ans plus tard dans un conflit
violent et prolongé
entre elles : la première guerre
mondiale. L’accord initial sur le
pillage de l’Afrique a volé en éclats
au moment du partage du butin.
*Le Selvar est une
variété de chat de la région du Sahel
qui a cette particularité d’être
particulièrement incontinent
-
il fait pipi sans arrêt. Comme le Selvar
la France avec ses parachutistes et ses
chasseurs bombardiers pisse sur le Sahel
des missiles à 1 million d’euros
l’unité.
Publié par "Information
Clearing House"
Traduction Comaguer
La vitesse
et l'étendue avec laquelle les avions de
guerre français ont été déployés au
cours du week-end dans ce pays d'Afrique
de l'Ouest, le Mali, mettent en évidence
un plan bien rodé d'intervention par
l'ancienne puissance coloniale.
En effet,
telle est la chorégraphie soigneuse de
ce développement militaire saillant que
l'on pourrait dire que les Français se
sont finalement donné eux-mêmes le feu
vert pour exécuter un plan qu'ils
avaient fait mûrir depuis plusieurs
mois. Ce plan n'est rien de moins que la
reconquête néocoloniale de son ancienne
colonie dans une
région
Afrique de l'Ouest d’importance
stratégique.
Dans les
heures suivant la sollicitation par le
gouvernement malien d’un appui militaire
pour contrer l'avancée des rebelles du
Nord, des avions de combat français ont
commencé
à effectuer des frappes aériennes
vendredi. Les sorties auraient, selon
les médias, été menées pendant au moins
trois jours consécutifs. Selon les
reportages des médias, les avions de
chasse français Mirage et Rafale
auraient frappé dans une large bande du
Sahel, depuis Gao et Kidal, dans le
nord-est, près de la frontière avec
l'Algérie, jusqu’à la ville occidentale
de Lere, à proximité de la Mauritanie.
Les avions
de combat ont été envoyés depuis la
France
et l’auraient été également depuis le
Tchad. Le gouvernement français a
affirmé qu'il avait obtenu
l'autorisation par l'Algérie du survol
de son territoire. Les deux pays voisins
nord-africains sont aussi d’anciennes
colonies françaises.
Les
frappes aériennes par les avions
français sur au moins six zones-cibles
très dispersées dans le Mali couvrent
une distance opérationnelle de près de 2
000 kilomètres d'est en ouest. Ce niveau
de coordination indique plusieurs
semaines de planification et dément
l'apparence que le gouvernement français
réagissait de façon impromptue à une
demande soudaine d'aide des autorités
maliennes alignées sur Paris.
En outre,
au cours du week-end, quelques 500
soldats français sont arrivés dans la
capitale malienne du sud de Bamako et de
la ville stratégique de Mopti, qui est
située près du territoire du Nord tenu
par les rebelles.
L’intervention française dramatisée a
toutes les caractéristiques d'un plan
méticuleux qui n’attendait
plus
qu’un signal pour être lancé. La prise
par les rebelles jeudi dernier de la
ville de Konna, à 45 kilomètres de
Mopti, près de la frontière nord-sud
de facto, et le réveil subséquent du
gouvernement malien à Bamako peuvent
donc être considérés comme un simple feu
vert pour la mise en œuvre du plan
détaillé français.
En outre,
le gouvernement français a reçu le
soutien rapide d'autres pays européens
et des États-Unis.
La Grande-Bretagne a envoyé des
avions-cargos RAF CI7 à Paris à partir
d'une base dans l'est de l'Angleterre
afin d'aider les Français à
l’acheminement des troupes, des
hélicoptères, des camions et d’autres
équipements lourds. Washington a dit
qu'il fournira de la logistique et des
communications. Les drones de
surveillance américains et français sont
en action depuis des mois au Mali et
dans les pays limitrophes.
Le
Ministre français des affaires
étrangères, Laurent Fabius, s'est
empressé de présenter les frappes
aériennes du week-end comme un succès
pour bloquer
les
« terroristes » maliens. Fabius a
dit que
l’engagement
militaire
français était une
«
question de semaines ». Toutefois, la
vaste mobilisation de troupes et
d’avions de combat ainsi que le contexte
géopolitique général amènent à voir les
choses autrement.
Peut-être conscient de cela, Fabius a
tenu à souligner que l'intervention au
Mali ne se transformerait pas en « un
autre Afghanistan. »
Officiellement, Paris, Londres et
Washington ont jusqu'à présent fait
pression en faveur d’une force
d'intervention dirigée par les Africains
pour conduire l’action militaire de
soutien
au gouvernement malien en vue
d’écraser la rébellion séparatiste dans
la moitié Nord du pays. La région du
Nord a été prise en avril dernier par
les rebelles Touareg alliés avec les
milices islamistes appartenant à Ansar
Dine et au mouvement pour l'unité et le
djihad en Afrique de l'Ouest. Les
rebelles ont réussi à consolider leur
contrôle sur cette région vaste et en
grande partie désertique près de la
principale ville de Tombouctou. Le
Nord-Mali couvre une superficie égale à
celle de la France et est peu peuplé
avec moins de 2 millions de personnes.
Les États
ouest-africains, notamment le Nigéria,
le Sénégal, le Burkina Faso, le
Bénin
et le Niger,
sont, à la demande des puissances
occidentales, chargés de rassembler une
force d'intervention. Le mois dernier,
le Conseil de sécurité des Nations Unies
a approuvé la mission militaire
ouest-africaine pour consolider le
fragile gouvernement basé à Bamako dans
l'extrême sud du pays, à des milliers de
kilomètres du haut de la région Nord.
Après le
vote du Conseil de sécurité, les
diplomates à l'ONU et dans les capitales
ouest-africaines parlaient d’une mission
africaine combinée de quelques
3
500 soldats à déployer beaucoup plus
tard dans l’année, en septembre au plus
tôt. Il s'agissait également du point de
vue de Romano Prodi, envoyé spécial de
l'ONU au Mali, qui n’a été connu que
dans les jours précédant l'intervention
militaire française.
L'esquive
soudaine des forces africaines révèle
l'agenda réel des puissances
occidentales et de la France en
particulier. Ce que nous voyons
maintenant, avec le déploiement français
rapide et à grande échelle, est la vraie
nature néocoloniale de cet agenda. Tous
les discours précédents tenus par Paris,
Londres et Washington sur l'importance
de l'intervention ayant « un visage
africain » peuvent être considérés comme
une couverture cynique pour une action
occidentale directe.
Il y a
seulement trois mois le Président
François Hollande a juré aux médias
français qu'il y n'aurait « aucune
présence française sur le terrain » au
Mali. A l’évidence, les projets
officiels ont changé.
La
France et ses alliés occidentaux ont
assidûment mis en avant
la
menace pour la sécurité internationale
qui aurait été posée par les rebelles au
Mali. Il a été beaucoup insisté sur les
liens
présumés entre les militants islamistes
et Al Qaeda dans le Maghreb. Le
Président Hollande a alerté à plusieurs
reprises sur les menaces qu’un
renforcement du contrôle des rebelles
sur le Mali feraient peser sur
la
sécurité française et européenne.
Un
porte-parole du premier ministre
britannique David Cameron a déclaré à la
fin de la semaine: « les deux dirigeants
[Cameron et Hollande] ont convenu que la
situation au Mali constitue une menace
réelle pour la sécurité internationale,
compte tenue de l'activité terroriste
là-bas. »
Les
politiciens américains, les chefs
militaires et les médias ont également
pendant des mois été très éloquents sur
le fait que le Mali représente une
nouvelle « centrale de la terreur »
mondiale et que les gouvernements
occidentaux doivent agir de façon
décisive pour éliminer ce danger.
Toutefois, la nature précise de cette «
menace islamiste » au Mali n'est jamais
ni expliquée ni démontrée. Nous sommes
censés accepter la parole de Paris,
Londres et Washington - les Etats voyous
qui mènent des guerres illégales en
Afghanistan, Irak, Libye et Syrie.
Ce que
nous savons, cependant, c’est que les
frontières postcoloniales du Mali
vieilles d’un demi-siècle sont une
institution exotique imposée aux peuples
nomades de la région du Nord – et à une
culture qui remonte à des milliers
d'années. Leur rébellion contre une
administration téléguidée, jusqu'à
présent indifférente à leur sort et
sélectionnée par les colonialistes à
Bamako est probablement une cause juste.
La France et ses alliés occidentaux sont
par conséquent en train d’exacerber un
différend interne au Mali avec un autre
récit spécieux de « guerre contre le
terrorisme » et de cette façon ces
puissances se donnent à elles-mêmes
mandat à s'immiscer dans ce pays.
La France
étant l’ancien maître colonial et ayant
derrière elle des décennies
d’interventions
militaires
secrètes dans la région est le choix «
naturel » parmi les puissances
occidentales pour diriger une aventure
néo-impérialiste dans cette région
stratégiquement importante.
Le Mali a
d’abondantes ressources naturelles en
métaux et en minéraux. Il est une source
majeure d'or et d'uranium, ainsi que de
fer, de cuivre, d’étain et de manganèse
et aussi de minéraux tels que les
phosphates, le sel et l’argile.
En outre,
la région de l'Afrique de l'Ouest a un
potentiel extraordinaire pour
l'agriculture et le pétrole. Le golfe de
Guinée, le Ghana et le Nigeria sont
appelés à devenir une région centrale
pour la fourniture de
pétrole et
de
gaz
aux marchés mondiaux dans les années à
venir.
L'intervention militaire de la France et
des autres puissances occidentales au
Mali - sous le couvert de « vaincre le
terrorisme » - est une tête de pont pour
les capitaux et les sociétés
occidentales, non seulement dans un pays
riche en ressources, mais aussi dans une
grande partie de l'ensemble du continent
africain. En 2011, le bombardement de la
Libye par
l'OTAN et la subversion par la
France des élections en Côte d'Ivoire
ont marqué
un nouveau départ du néo-impérialisme
occidental en Afrique. Le Mali s'avère
être la poursuite de cette dynamique et
être un autre lieu de la
mise
en scène de cette moderne ruée sur
l'Afrique par les puissances
occidentales.
Finian Cunningham, originaire
de Belfast, en Irlande, est né en 1963.
Il est un éminent expert dans les
affaires internationales. Cet auteur et
commentateur des médias a été expulsé de
Bahreïn en juin 2011 pour son
journalisme critique dans lequel
il
a mis en évidence les violations des
droits de l'homme par le régime soutenu
par l'Occident. Il est diplômé d'une
maîtrise en chimie agricole et a
travaillé comme rédacteur scientifique
pour la
Société royale de Chimie à
Cambridge, en Angleterre, avant de
poursuivre une carrière en journalisme.
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