Opinion
Le rôle de tueur
de l'OTAN
(3ème partie)
Fidel
Castro Ruz
Fidel
Castro - Photo: RIA Novosti
Mercredi 26 octobre 2011
Le 23 février, j’ai affirmé sous le
titre: « La danse macabre du cynisme » :
La politique de pillage imposée par les
États-Unis et leurs alliés de l’OTAN au
Moyen-Orient est entrée en crise. […]
La trahison de
Sadat à Camp David a empêché
l’existence de l’État arabe de Palestine
visé dans les accords de l’ONU de
novembre 1947, si bien qu’Israël est
devenu une forte puissance nucléaire
alliée des États-Unis et de l’OTAN.
Le complexe militaro-industriel
étasunien a livré des dizaines de
milliards de dollars tous les ans à
Israël et même aux États arabes que
celui-ci soumettait et humiliait.
Le génie s’est échappé de la bouteille,
et l’OTAN ne sait pas comment le
contrôler.
Il va s’efforcer de tirer le plus gros
profit des regrettables événements
libyens. Nul n’est capable de savoir
actuellement ce qu’il se passe dans ce
pays. L’Empire a fait publier par ses
médias toutes sortes de chiffres et de
versions, jusqu’aux plus saugrenus, afin
de semer le chaos et la désinformation.
De toute évidence, une guerre civile se
déroule en Libye. Pourquoi et comment
a-t-elle éclaté ? Qui en paiera les
conséquences ? L’agence Reuters, se
faisant l’écho d’une banque japonaise
bien connue, la Nomura signalé que les cours du pétrole
pourraient battre tous les records :
[…]
Quelles en seraient les
conséquences en pleine crise
alimentaire ?
Les principaux leaders de l’OTAN
jubilent. Le Premier ministre
britannique, David Cameron – selon ANSA
– « …a admis dans un discours au Koweït
que les pays occidentaux avaient fait
erreur d’avoir soutenu des gouvernements
non démocratiques dans le monde arabe. »
[…]
Son collègue français Nicolas Sarkozy a
déclaré : « La poursuite de la
répression brutale et sanglante contre
la population civile libyenne est
répugnante. »
Le ministre italien des affaires
étrangères, Franco Frattini, a jugé
« crédible » la quantité de mille morts
à Tripoli, et a parlé de "chiffres
tragiques" et de "bain de sang".
Selon Hillary Clinton, le « bain de
sang » est « absolument inacceptable »
et « doit cesser ».
Pour Ban Ki-moon, « le recours à la
violence dans ce pays est absolument
inacceptable… le Conseil de sécurité
agira en accord avec les décisions de la
communauté internationale… nous
envisageons une série de variantes. »
En fait, ce qu’attend Ban Ki-moon,
c’est qu’Obama dise le dernier mot.
Le président étasunien a parlé ce
mercredi après-midi. Il a fait savoir
que sa secrétaire d’Etat partirait en
Europe afin de décider avec les alliés
de l’OTAN des mesures à prendre. À le
voir, on constatait qu’il ne voulait pas
laisser filer l’occasion de se colleter
avec le sénateur républicain d’extrême
droite, John McCain, avec le sénateur
pro-israélien du Connecticut, Joseph
Lieberman, et avec les dirigeants du
Tea Party,
et de garantir son investiture par le
Parti démocrate.
Les médias de l’Empire ont préparé le
terrain en vue d’une action. Une
intervention militaire en Libye n’aurait
rien de surprenant, ce qui garantirait
par ailleurs à l’Europe les presque deux
millions de barils par jour de pétrole
léger qu’elle importe, si des événements
qui mettraient fin au leadership ou à la
vie de Kadhafi n’intervenaient pas
avant.
De toute façon, le rôle d’Obama est
plutôt compliqué. Comment réagira le
monde arabe et musulman si une telle
équipée faisait couler à flot le sang
libyen ? La vague révolutionnaire
déclenchée en Égypte freinera-t-elle une
intervention de l’OTAN en Libye ?
L’invasion de l’Iraq déclenchée […] sous
de faux prétexte […] a coûté la vie à
plus d’un million d’Arabes innocents.
Nul dans le monde n’acceptera jamais la
mort de civils innocents, en Libye ou
ailleurs. Je me demande : les États-Unis
et l’OTAN appliqueront-ils un jour ce
même principe aux civils désarmés que
leurs drones et leurs soldats tuent tous
les jours en Afghanistan et au
Pakistan ?
C’est vraiment la danse macabre du
cynisme !
Tandis que je réfléchissais à ces faits,
les Nations Unies ont ouvert hier, mardi
25 octobre, le débat sur la résolution
intitulée : « Nécessité de lever le
blocus économique, commercial et
financier appliqué à Cuba par les
États-Unis d’Amérique », une levée que
l’immense majorité des États membres de
cette organisation réclament depuis
maintenant vingt ans.
Cette fois-ci, les nombreux
raisonnements justes et coulant de
source – qui ne sont que de simples
exercices de rhétorique selon les
différentes administrations étasuniennes
– ont mis plus que jamais à nu la
fragilité politique et morale de
l’Empire le plus puissant qui ait
existé, aux intérêts oligarchiques et à
la soif insatiable de pouvoir et de
richesse duquel tous les habitants de la
planète, dont ceux du pays même, ont été
soumis.
Les États-Unis tyrannisent et saignent à
blanc le monde globalisé par leur
puissance politique, économique,
technologique et militaire.
Vingt années de débats honnêtes et
courageux menés aux Nations Unies avec
le soutien d’États qui expriment
censément la volonté de l’immense
majorité des habitants de la planète ont
prouvé cette vérité-là de plus en plus
éloquemment.
Avant l’intervention de Bruno, des
représentants ont exprimé les vues de
nombreuses organisations de pays :
l’Argentine, pour le Groupe des 77
plus la Chine;
l’Égypte, pour le Mouvement des
pays non alignés ; le Kenya, pour la
communauté des Caraïbes (CARICOM) ; le Kazakhstan,
pour l’Organisation de la
coopération islamique, et l’Uruguay,
pour le MERCOSUR.
Indépendamment de ces critères
collectifs, la Chine dont le poids politique et économique ne
cesse de croître dans le monde, l’Inde
et l’Indonésie, des pays qui
représentent à eux seuls 2,7 milliards
d’habitants, ont appuyé fermement la Résolution à travers leurs ambassadeurs.
Tout comme l’ont fait les
ambassadeurs de la Fédération de Russie, du Belarus, de l’Afrique du
Sud, de l’Algérie, du Venezuela et du
Mexique. Parmi les pays les plus pauvres
des Caraïbes et d’Amérique latine, la
représentante du Belize, qui a parlé au
nom de la Communauté des Caraïbes,
Saint-Vincent-et-Grenadines et
la Bolivie qui ont parlé au nom de leurs respectifs
pays ; dont les arguments relatifs à la
solidarité de notre peuple, malgré un
blocus qui date maintenant de cinquante
ans, seront un encouragement immense
pour nos médecins, nos éducateurs et nos
scientifiques, ont fait vibrer leur voix
solidaire.
Le Nicaragua est aussi intervenu avant
le scrutin pour expliquer vaillamment
pourquoi son pays voterait contre cette
mesure perfide.
Le représentant des États-Unis l’avait
fait juste avant pour expliquer
l’inexplicable. Il m’a fait pitié. C’est
le rôle qu’il doit jouer.
À l’heure du scrutin, deux pays se sont
éclipsés : la Libye
et
la Suède ;
trois se sont abstenus : les îles
Marshall,
la Micronésie
et Palau ; deux ont voté contre : les
États-Unis et Israël. Quand on sait que
les USA comptent 313 millions
d’habitants ; Israël, 7,4 millions ;
la Suède,
9,1 millions ;
la Libye,
6,5 millions ; les îles Marshall, 67 100
habitants ;
la Micronésie,
106 800 ; Palau, 20 900, cela donne un
total de 336 948 000 habitants, soit 4,8
p. 100 de la population mondiale qui se
chiffre ce mois-ci à 7 milliards
d’habitants.
Après le scrutin,
la Pologne
a expliqué le vote de l’Union européenne
qui, bien qu’elle soit une étroite
alliée des États-Unis et qu’elle
participe forcément au blocus, est
contraire à cette mesure criminelle.
Puis dix-sept pays ont pris la parole
pour expliquer avec fermeté et décision
pourquoi ils avaient voté la résolution
contre le blocus.
Je poursuivrai vendredi 28.
Fidel Castro Ruz
le
26 octobre 2011
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