Opinion
Une volonté de fer
(2ème partie)
Fidel
Castro Ruz
Fidel
Castro - Photo: RIA Novosti
Lundi 17 octobre 2011
Quand les pires actes eurent lieu contre
Cuba en 1976, spécialement la
destruction en plein vol d’un avion de
passagers cubain qui avait décollé de
la Barbade causant la mort des soixante-treize
personnes à bord – les pilotes, les
hôtesses de l’air et le personnel
auxiliaire prêtant leurs nobles services
sur notre ligne nationale, l’équipe
junior d’escrime au complet qui venait
de rafler toutes les médailles d’or du
championnat d’Amérique centrale et des
Caraïbes de cette spécialité, les autres
passagers, tant de Cuba que d’autres
pays – ces faits provoquèrent une telle
indignation qu’une foule absolument
bouleversée – la plus immense et la plus
dense que j’ai jamais vue en ma vie – se
réunit sur la place de la Révolution de La Havane pour rendre un dernier hommage aux
quelques restes mortels retrouvés. Les
scènes de douleurs furent indélébiles,
et le restent. Aucun dirigeant des
États-Unis et bien des gens dans le
monde n’ont
sans doute pas
eu la possibilité de les voir. Il
serait bon que les médias les divulguent
pour que l’on comprenne bien les
motivations de nos héroïques
combattants
antiterroristes.
Bush père était un important
fonctionnaire des services de
renseignement étasuniens quand ceux-ci
reçurent la mission d’organiser la
contre-révolution à Cuba.
La CIA
créa en Floride sa plus grande base
d’opérations sur le continent américain,
prenant la responsabilité de toutes les
actions subversives organisées contre
notre pays, dont les tentatives
d’assassinat de dirigeants de
la Révolution,
ainsi que de tous les plans et de tous
les calculs qui, s’ils avaient réussi,
auraient représenté une quantité énormes
de victimes des deux parties, car notre
peuple était décidé, et le reste, comme
il l’a prouvé à
Playa Girón,
à lutter jusqu’à la dernière goutte de
son sang. Bush ne comprit jamais que la
victoire de Cuba sauva de nombreuses
vies, tant cubaines qu’étasuniennes.
Le crime monstrueux de
la Barbade
se produisit quand il était d’ores et
déjà le chef de
la CIA
et qu’il avait presque autant d’autorité
que le président Ford.
En juin de cette année-là,
la Coordination
des organisations révolutionnaires unies
avait vu le jour
à Banao
(République dominicaine) sous la
supervision personnelle de Vernon
Walters,
directeur adjoint de
la CIA. Vous
lisez bien : « Organisations
révolutionnaires unies » !
Orlando Bosch et Posada
Carriles,
des agents de
la CIA
très actifs, furent nommés à la tête de
cette organisation – qui signifia le
début d’une nouvelle étape de terrorisme
contre Cuba – et dirigèrent
personnellement le sabotage qui fit
exploser en plein vol l’avion cubain le
6 octobre 1976.
Les autorités arrêtèrent les individus
impliqués et les extradèrent au
Venezuela.
Le scandale fut tel que le gouvernement
de ce pays, alors allié des États-Unis
et complice de leurs crimes au Venezuela
et ailleurs, fut contraint de les
traduire en justice.
La Révolution
sandiniste triompha au Nicaragua en
juillet 1979, mais dut faire face
presque aussitôt à la guerre sanglante
et sordide que les USA déclenchèrent
contre elle. Le président étasunien
était alors Ronald Reagan.
Quand Gerald Ford avait succédé à
Richard Nixon, les tentatives
d’assassinat de dirigeants étrangers
avaient causé un tel scandale qu’il
interdit aux fonctionnaires de son
administration d’y participer. Et le
Congrès avait refusé les fonds requis
pour la sale guerre contre le Nicaragua.
Un Posada Carriles
s’avérait nécessaire :
la CIA,
passant à travers
la Fondation
nationale cubano-américaine,
soudoya par de gros bakchichs les
autorités pénitentiaires pertinentes et
le terroriste sortit tout tranquillement
de prison déguisé en visiteur. Transféré
d’urgence à la base militaire d’Ilopango
(El Salvador), non seulement il dirigea
les livraisons d’armes qui causèrent des
milliers de morts et d’invalides parmi
les patriotes nicaraguayens, mais
encore, avec la coopération de
la CIA,
il acheta des drogues en Amérique
centrale et les vendit aux USA pour
pouvoir acquérir des armes étasuniennes
au profit des contre-révolutionnaires
nicaraguayens.
Pour être bref, j’omets de nombreux
facteur de cette histoire brutale.
On a du mal à comprendre que l’illustre
prix Nobel qui préside l’administration
étasunienne ressasse à son tour l’idée
stupide que Cuba est un pays terroriste,
qu’il continue de maintenir en prison,
séparés les uns des autres et dans des
conditions inhumaines, les quatre
antiterroristes cubains – une peine que
les USA n’infligent à aucun citoyen
d’aucun autre pays qui est leur
adversaire, à plus forte raison quand
les autorités militaires étasuniennes
elles-mêmes ont reconnu qu’ils n’avaient
pas fait courir de risque à leur
sécurité – et qu’il interdit à René
González de rentrer dans sa famille et
dans sa patrie.
Le dimanche 9 octobre, où il a transmis
son message courageux au peuple cubain,
René en a enregistré et filmé un autre,
tout aussi fraternel, intitulé
Message à Fidel et à
Raúl.
Suivant les conseils de Ricardo
Alarcó,
président de notre Assemblée nationale,
aucun d’eux n’a été divulgué tant que le
fonctionnaire de la cour fédérale de
la Floride
ne lui aurait pas communiqué
formellement les conditions dans
lesquels il devait passer ses trois
années de « liberté surveillée ».
Ceci fait, je me réjouis de faire
connaître textuellement à notre peuple
ce message qui honore tant nos héros et
exprime leur attitude exemplaire et leur
volonté de fer :
Cher
comandante:
Avant tout une étreinte, mes
remerciements, mes sentiments d’estime,
non seulement pour tout l’appui que vous
nous avez apporté, pour la façon dont
vous avez mobilisé la solidarité
internationale en notre faveur, mais
aussi, et tout d’abord, pour nous avoir
servi d’inspiration, pour avoir été
l’exemple que nous avons suivi durant
ces treize années et pour avoir été pour
nous un drapeau derrière lequel nous
n’allions jamais cesser de marcher.
Pour nous, cette mission n’a été que la
continuation de tout ce que vous avez
fait, vous, de ce que votre génération a
fait pour le peuple cubain et pour le
reste de l’humanité.
C’est pour moi un plaisir énorme de vous
adresser ce message, de vous envoyer
cette étreinte provisoire par ce moyen,
car je sais que nous nous la donnerons
finalement en vrai, même si nos
adversaires font l’impossible pour
l’empêcher. Je sais que nous rentrerons,
tous les Cinq, parce que vous nous
l’avez promis et parce que vous avez
mobilisé l’énergie, le meilleur de
l’humanité, la volonté du monde entier
pour que ça arrive.
C’est pour nous un honneur de servir la
cause que vous avez inspirée dans le
peuple cubain, de vous suivre, de suivre
le chemin que vous-même et
Raúl avait
frayé, et nous ne manquerons jamais de
mériter cette confiance que vous avez
déposée en nous.
À vous deux, à vous Fidel, et à
Raúl qui
nous guide maintenant à cette nouvelle
étape difficile, complexe, mais
glorieuse dans laquelle nous sommes
entrés pour briser la dépendance
économique qui nous lie encore et qui
nous empêche de parvenir à édifier la
société que nous voulons, je vous
adresse l’étreinte des Cinq, je vous dis
que nous vous avons toujours fait
confiance. Quand nous étions seuls en
cellules disciplinaires, quand nous
étions coupés du monde, quand nous ne
recevions pas de nouvelles, quand mes
quatre frères ne savaient rien de leur
famille parce qu’on ne pouvait rien leur
dire, nous vous avons toujours fait
confiance, nous savions que vous
n’abandonneriez pas vos enfants, parce
que nous avons toujours su que
la Révolution
n’abandonnait jamais ceux qui la
défendent. Voilà pourquoi elle mérite
d’être défendue, voilà pourquoi nous le
ferons toujours.
Et tout en étant convaincu que nous ne
méritons pas tous les honneurs qu’on
nous a réservés, je peux vous dire en
tout cas que nous consacrerons ce qu’il
nous reste de vie à les mériter, parce
que vous nous inspirez, parce que vous
êtes le drapeau qui nous a appris
comment nous devions nous porter, et que
nous nous efforcerons jusqu’à la fin de
nos jours de mériter la confiance que
vous avez déposée en nous.
Je suis ici, maintenant, dans une
tranchée d’où je poursuivrai le même
combat auquel vous nous avez convoqué,
et je continuerai jusqu’au bout, jusqu’à
ce que justice soit faite, à suivre vos
ordres, à faire ce qu’il faut.
Et je vous, Fidel et
Raúl : « Comandantes,
tous les deux, à vos ordres ! »
Fidel Castro Ruz
Le 17 octobre
2011
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