Opinion
Les facteurs
géopolitiques de la guerre impérialiste
contre la Syrie
Première
partie: La défaite d'Israël à la
deuxième Guerre du Liban
Fida
Dakroub
Mardi 15 mai 2012
Généralités
La plus évidente des vérités ? Un
mensonge qui nous plaît [1].
Contrairement à ce que les médias
impérialistes ambitionnent, l’image
mensongère des événements en Syrie,
qu’on fabrique inlassablement, se
décompose rapidement et constitue de
nouvelles substances, une fois qu’une
lecture critique de l’épisode syrienne
du prétendu « Printemps arabe » soit
impliquée. En effet, une telle lecture
doit prendre comme objet d’analyse les
intérêts stratégiques des puissances
impérialistes au Moyen-Orient, depuis la
floraison des violettes odorantes du «
Printemps arabe », arrosées
soigneusement par la Sainte-Alliance
arabo-atlantique, jusqu’au lendemain du
retrait des troupes étatsuniennes de
l’Irak, en décembre 2011.
1. Les deux approches sur la guerre
contre la Syrie
Dans l’arène médiatique, deux discours
contradictoires s’opposent sur la
lecture des événements en Syrie : d’un
côté, les médias arabo-atlantiques –
liés naturellement aux centres de force
impérialistes – de l’autre côté les
médias alternatifs et résistants.
En ce qui concerne les ambitions des
médias arabo-atlantique, il est tout
naturel.
D’abord, on commence par falsifier les
données du terrain, pour que les choses
se montrent sur la scène comme «
épisodes de l’épopée humaine, âpre,
immense, — écroulée » [2] ; une sorte de
bataille épique entre les forces du bien
et celles du mal ; ensuite, on diabolise
le personnage de l’Autre – ici le
gouvernement syrien – jusqu’au point où
l’on voit en lui un Hashmodai [3] , un
Astaroth [4] ; enfin, on glorifie les
groupes islamistes armés ; on les
angélise jusqu’au point où on les
présente comme moines méditateurs,
portant l’étincelle de « Liberté,
Justice, Démocratie ».
Ceci implique, évidemment, le recours à
toutes sortes d’opérations cosmétiques
pour manipuler les émotions d’une grande
partie de spectateurs, « cadenassés »
devant des grands écrans, diffusant des
spectacles majestueux, chef-d’œuvre de
la propagande arabo-atlantique.
En ce sens, toute lecture se référant
seulement à la propagande
arabo-atlantique et au discours
misérable du Conseil national syrien
acquiert, selon nous, une valeur de
charlatanerie politique, qui ne sert
qu’à éveiller, même dans le cœur de
l’honnête sultan mamelouk, un agréable
sentiment de solidarité avec la
prétendue « révolution » syrienne.
Quant à notre approche, qui fait partie
de l’ensemble du discours alternatif sur
la guerre impérialiste contre la Syrie,
voici ce qu’elle en est.
Premièrement, la guerre impérialiste
contre la Syrie, déguisée en costume de
révolutions parfumées, vise 1) à
fragmenter ce qui fut déjà fragmenté par
une série d’accords et de traités entre
puissances coloniales au lendemain du
démembrement de l’Empire ottoman en 1918
[5] ; 2) et cela en poussant chaque
groupe religieux, chaque ethnie, chaque
ruelle ou venelle, composants de
l’hétérogénéité syrienne [6] , à se
déclarer État indépendant. Le premier
point constitue un point de départ, ou
le réel objectif de la soi-disant «
révolution » syrienne ; le deuxième
constitue un point d’arrivée ou
l’objectif réel d’une telle « révolution
».
Par contre, ce qu’il ne faut pas oublier
– malgré le brouhaha des hâbleurs de la
propagande impérialiste – c’est que les
puissances coloniales n’ont jamais cessé
de s’intervenir dans les affaires des
États du Levant, depuis la naissance de
ces derniers au cours du XXe siècle.
Deuxièmement, en ce qui concerne la
rapidité des événements qui ont poussé
vers une croissance de menaces et
d’agressions contre la Syrie, nous les
considérons comme résultat d’un
bouleversement tsunami qui eut frappé le
rapport de force établi au Proche-Orient
entre deux camps belligérants pendant la
deuxième Guerre du Liban (2006), l’État
hébreu et le Hezbollah, et les
circonstances négatives de la défaite
israélienne à cette guerre sur les
intérêts et les plans expansionnistes de
l’Empire étatsunien dans la région. En
effet, la défaite d’Israël à la guerre
de 2006 a mis l’État hébreu – allié
stratégique de l’Empire étatsunien –, et
les émirats et sultanats arabes –
dociles et subordonnés à l’Empire,
naturellement – dans une situation
critique face à la montée de la nouvelle
super puissance iranienne, dont les
alliés régionaux sont l’Irak, la Syrie,
le Liban et la bande de Gaza.
2. Première défaite : Le retrait de mai
2000
Tout débuta quelques mois après le
commencement du troisième millénaire, la
nuit du vingt-troisième jour du mois de
mai de l’an 2000.
Dans l’obscurité de cette nuit noire,
l’armée israélienne, Tsahal, se retira
précipitamment du Sud-Liban, après
vingt-deux ans d’occupation. Ce retrait
fut baptisé « opération long souffle ».
Fer de lance de la résistance libanaise,
le Hezbollah, mouvement intégriste
chiite, imposa son emprise sur la
défunte « zone de sécurité », créée par
les forces d’occupation israéliennes.
Cela entraina un séisme au niveau du
rapport de force dans la région.
Vu du Liban, ce retrait fut interprété
comme éclatante victoire de la «
résistance », incarnée par le Hezbollah,
qui mène, depuis 1982, une lutte féroce
contre l’État hébreu. En plus, Tsahal,
qui était considérée comme « la
meilleure armée du monde », fut humiliée
et obligée de quitter
inconditionnellement le Sud-Liban pour
limiter ses pertes humaines. C’était la
première fois que l’armée israélienne se
retira d’un territoire arabe sous
pression militaire.
3. 1. Deuxième défaite : La deuxième
Guerre du Liban (2006)
Six ans après cette défaite militaire et
morale, le 12 juillet 2006, environ neuf
heures du matin, les combattants du
Hezbollah libanais attaquèrent un blindé
israélien sur le territoire de l’État
hébreu, capturèrent deux soldats et se
disparurent dans le brouhaha matinal des
villages libanais. Une heure plus tard,
un autre blindé israélien, qui eut
franchit la frontière pour récupérer les
deux captifs, fut détruit à son tour. Le
bilan était huit morts et deux captifs
parmi les soldats israéliens, et deux
morts dans le camp du Hezbollah. L’État
hébreu n’attendait que ça. Avec une
rapidité de réaction étonnante pour un
pays pris par surprise, il massa une
division de réservistes à sa frontière
avec le Liban.
3. 1. 1. Les objectifs de Tsahal
En ce qui concerne les objectifs des
opérations militaires, Israël en précisa
trois : 1) récupérer les soldats enlevés
par le Hezbollah ; 2) stopper le tir de
roquettes sur les villes israéliennes ;
3) contraindre le gouvernement libanais
à appliquer la résolution de l’ONU, à
savoir désarmer le Hezbollah et se
déployer le long de sa frontière nord.
Au nom d’un principe « d’isolement du
théâtre des opérations », un blocus des
ports et aéroports, la déconnexion de la
route de Damas-Beyrouth, le bombardement
des ponts et l’attaque des réservoirs
d’essence sont décidés par l’État-major
de Tsahal. Ce dernier visait à empêcher
le passage des soldats capturés vers le
Nord du Liban ou l’Iran, la fuite des
combattants du Hezbollah vers le Nord,
l’envoie de réservistes et de renforts
vers le Sud et l’approvisionnement de la
logistique du Hezbollah.
Quelques heures plus tard, Tsahal
attaqua de nombreuses cibles tout au
long du Liban. L’aviation israélienne
bombarda routes, ponts, centrales
électriques, centrales téléphoniques et
l’aéroport de Beyrouth, provoquant la «
plus grande catastrophe écologique en
Méditerranée ». La réponse de l’État
hébreu fut jugée « disproportionnée »
par l’ONU, mais soutenue par l’Empire
étatsunien, qui estimait, comme la
Grande-Bretagne, que l’État hébreu avait
le « droit à l’autodéfense ».
En ce qui concerne le déploiement des
troupes, la composante d’active de
l’armée israélienne engagée au Liban
comprenait les brigades suivantes : la
7e Brigade blindée sous la commande du
colonel Eshel Assulin ; la 188e Brigade
blindée ; la 401e Brigade blindée, sous
la commande du colonel Moti Kidor, et
les 434e et 847e Brigades blindées, avec
un total de 400 chars de combats. Elle
comprenait aussi la 2e Brigade Carmeli ;
la Brigade d’infanterie Golani, sous la
commande du colonel Tamir Yada ; la 300e
Brigade commandée par le colonel Chen
Livni ; la 609e Brigade Alexandroni,
sous la commande du colonel Shlomi Cohen
et la 933e Brigade Nahal, sous la
commande du colonel Micky Edelstein.
Enfin, elle comprenait aussi trois
brigades parachutistes : la 35e Brigade
parachutiste, commandée par le colonel
Hagaï Mordecahaï ; la 226e et la 551e de
réserve [7] .
3. 1. 2. Les objectifs du Hezbollah
Les objectifs militaires du Hezbollah
furent déterminés dès le premier jour de
la guerre : 1) garder en main les
soldats captifs ; 2) continuer le tir
des rafales de Katioucha sur les villes
et communes israéliennes ; 3) stopper
l’avancement de l’infanterie et des
brigades blindées israéliennes au moment
de leur pénétration en territoire
libanais, et les détruire dans les
vallées et les sentiers des villages
frontaliers.
Et la bataille commença !
D’abord, l’armée aérienne israélienne
[8] bombarda des ponts, des axes
routiers et des installations permettant
au Quartier-général du Hezbollah de
communiquer avec ses combattants.
Ensuite, Tsahal tira 19 400 bombes, 2
200 missiles et 123 000 obus
d’artillerie [9]. Enfin les troupes se
précipitèrent vers l’autre côté de la
frontière.
De l’autre côté de la frontière, au
village de Maroun al-Ras, quarante-cinq
hommes du Hezbollah se tenaient prêt
dans leurs positions.
Après onze jours de combats féroces et
de bombardements aériens intensifs, les
soldats israéliens réussirent
finalement, « par pitié du Très-Haut »,
à pénétrer les lignes défensives du
Hezbollah, suivis de gloussement de
poules et de beuglement de moutons
dispersés sur les collines des villages
voisins, pour chasser les quarante-cinq
hommes du Hezbollah, se trouvant sur les
lieux. L’armée israélienne sécurisa une
petite zone de un kilomètre de
profondeur en territoire libanais, après
une longue bataille, qui fit éveiller en
nous les carnages spectaculaires de la
série « Astérix et Obélix », où des
milliers de légionnaires romains se
trouvent massacrés par deux villageois
gaulois et quelques.
Ainsi tomba le village de Maroun al-Ras
aux mains de l’armée israélienne, le
vingt-troisième jour du mois de juillet,
et l’avancement des brigades blindées de
Tsahal, qui n’osaient plus s’aventurer
au-delà de ce point, fut stoppé
définitivement par les combattants du
Hezbollah.
3. 2. La contre-offensive du Hezbollah :
La Guerre des Surprises
La réponse du Hezbollah fut aussi
coriace que celle de Tsahal. Cependant,
la structure guérilla de ce groupe
libanais exigea une tactique différente,
celle de la « Guerre des Surprises »,
promise par le secrétaire général de
l’organisation libanaise, Hassan
Nasrallah ou al-Sayyed (le Seigneur) –
dû à sa descendance de la famille du
Prophète.
3. 2. 1. Première surprise : la frappe
de Saar V
Le soir du quatorzième jour du mois de
juillet, la première grande riposte du
Hezbollah intervient. Un missile
antinavire frappa une corvette de la
classe Saar V de la marine israélienne,
en opération au large des côtes
libanaises. Quatre marins israéliens
furent tués. La destruction de la
corvette fut la première « surprise » du
Hezbollah. Hassan Nassrallah eut annoncé
lui-même à la télévision et en directe,
quelques secondes auparavant de la
frappe, la destruction de la corvette
israélienne : « Les surprises que je
vous avais promises vont commencer dès
maintenant. En ce moment, en mer, au
large de Beyrouth, le navire de guerre
israélien qui a attaqué nos
infrastructures, frappé les maisons de
notre peuple, nos civils, voyez-le
brûler. Il coulera, et avec lui des
dizaines de soldats sionistes israéliens
». Plus tard, un navire de radars et
d’espionnage, déguisé en cargo avec
équipage égyptien, fut coulé en même
temps par un deuxième missile tiré
différemment, faisant douze morts. Suite
à ces frappes spectaculaires, des feux
d’artifices s’élevèrent dans le ciel
noir, très noir, de Beyrouth, dépourvue
complètement d’électricité. Plus tard,
le 31 juillet, un patrouilleur israélien
Saar IV aurait été attient au large de
Tyr par un missile inconnu du Hezbollah,
bien que l’armée israélienne démentit
l’information.
L’importance de cette attaque se trouve
dans le fait que pour la première fois,
le Liban réussit à frapper une corvette
israélienne et la mettre en déroute. En
ce qui concerne les engins utilisés, on
parlait d’un missile de type C802,
fabriqué en Chine. Cette frappe entraina
un tremblement au niveau du rapport de
force établi, depuis longtemps, entre le
Liban et l’État hébreu. Par conséquent,
Tsahal décida de retirer les frégates et
corvettes israéliennes des eaux
libanaises, et la force navale
israélienne fut mise en déroute.
3. 2. 2. Deuxième surprise : la frappe
des Apaches
Quelques jours plus tard, le
vingt-quatrième jour du mois de juillet,
le Hezbollah essaya d’abattre des avions
israéliens avec des missiles
anti-avions. Un hélicoptère AH-64 Apache
s’écrasa au nord de l’État hébreu
faisant deux morts. La Radio Israël, Kol
Israel, rapporta d’abord que l’appareil
eut percuté un câble électrique alors
qu’il se dirigeait vers le Liban.
Ironiquement, quelques jours auparavant,
deux autres hélicoptères, auxquels il
faut rajouter un chasseur F-16, eurent
été abattus par le même câble
électrique. Plus tard, un porte parole
militaire israélien n’exclut pas que
l’appareil eût été abattu par les
combattants du Hezbollah.
Par cette frappe, Tsahal reçut la
deuxième surprise de la « Guerre des
Surprises », promise par Hassan
Nasrallah.
Menacés par les missiles du Hezbollah,
les chasseurs israéliens montaient
l’Échelle de Jacob [10] vers des
altitudes élevées. Par conséquent,
l’État-major israélien décida le 29
juillet d’arrêter l’assaut sur la ville
frontalière de Bint-Jbeil [11] , et d’y
retirer les troupes sans avoir pris la
ville. Ce retrait fut présenté par le
Hezbollah comme une lourde défaite de
Tsahal.
De nouveau, Tsahal échoua à accomplir le
troisième objectif de l’opération
militaire, celui de « nettoyer » le
Sud-Liban des combattants du Hezbollah
et de détruire son infrastructure
militaire. À plus forte raison, pour la
première fois depuis 1948, l’armée
israélienne se trouvait dans une
situation où l’avancement de ses troupes
aurait conduit à une destruction
inévitable. Pourtant, les bombardements
israéliens se poursuivaient, provoquant
une marée noire sur les côtes
libanaises.
3. 2. 3. Troisième surprise : les
rafales Katioucha
Malgré la supériorité incontestable et
les frappes les plus drastiques de
l’armée aérienne israélienne, les
rafales de roquettes Katioucha
continuaient à tomber, à un rythme
incessant, sur les villes et communes
israéliennes, durant les trente-trois
jours de la guerre, frappant au cœur de
l’État hébreu.
Au total, le Hezbollah tira plus de 6000
missiles et roquettes sur les villes et
communes du Nord. Les tirs se
concentraient à Haïfa [12], notamment,
les raffineries pétrolières et
l’industrie chimique du pays. Toutes les
communes le long de la frontière ont été
visées et des roquettes sont tombées sur
plusieurs grandes villes à l’intérieur
du pays. À noter que malgré les menaces,
Tel-Aviv fut écarté des bombardements.
En plus des Katioucha habituellement
utilisés, le Hezbollah employa des
missiles Fajr-3 (Aube) d’une portée de
45 km, et serait en possession de Fajr-5
(75 km) et Zelzal (Séisme, 150 – 200 km)
fabriqués en Iran.
Le premier août, Tsahal constata
qu’après avoir été visé par cent tirs
par jour en moyenne, le territoire
israélien recevait moins de tirs, et
l’intensité des attaques du Hezbollah
s’affaiblissait depuis quelques jours.
Malheureusement, cette fausse
constatation mena le premier ministre
israélien, Ehud Olmert, à déclarer, le 2
août, que toute l’infrastructure du
Hezbollah fut entièrement détruite. Il
se dit convaincu qu’Israël a « dès à
présent changé la face du Moyen-Orient »
[13].
En plus, Olmert se félicita sur les
grands écrans des chaînes télévisées en
déclarant qu’Israël était sur le point
d’avoir atteint son objectif au Liban et
« le Hezbollah devra réfléchir à deux
fois, trois fois, ou même davantage
avant de nous attaquer, et je pense que
nous sommes très proches de cet objectif
» [14] , s’enorgueillît-il,
malheureusement, en vain ; car quelques
heures plus tard, une « pluie de
roquettes » fut tombée sur les villes de
Tibériade et Haïfa, ainsi que le doigt
de Galilée, Beit Shéan et le nord de la
Cisjordanie [15]. D’ailleurs, au
lendemain, les tirs des roquettes du
Hezbollah recommencèrent ; et plus de
deux cents Katioucha tombèrent sur Haïfa
et tout le Nord d’Israël, jusqu’en
bordure de la Cisjordanie à 70 km de la
frontière libanaise. Ce fut la journée
la plus meurtrière pour l’État hébreu.
Le soir même, Hassan Nasrallah menaça de
frapper Tel-Aviv [16] : « Si vous
bombardez notre capitale, nous
bombarderons la capitale de votre entité
agressive » , déclara-t-il [17]. Il
accusa aussi le chef du gouvernement
israélien, Ehud Olmert, et son armée
d’être les instruments du président
américain George W. Bush, véritable
responsable de l’offensive israélienne
au Liban : « Je vous garantis que,
quelle que soit l’issue de la guerre, le
Liban ne sera ni Américain, ni
Israélien, et que le Liban ne servira
pas non plus d’une de ces bases au
Nouveau Moyen-Orient cher à George W.
Bush et à Condoleezza Rice », lança-t-il
[18].
Suite à cette menace, le 4 août, des
roquettes du type Khaibar-1, tirées par
le Hezbollah, atteignirent, pour la
première fois, la ville de Hadera,
située à 75 km de la frontière
libano-israélienne et à environ 40 km de
Tel-Aviv.
Encore une fois, Tsahal échoua à stopper
les rafales de Katiousha, voire à
réaliser le deuxième objectif de son
opération militaire au Liban.
3. 2. 4. Quatrième surprise : le
massacre des Mirkava
C’était bien le trente-et-unième jour de
la guerre de juillet 2006 qui détermina
le sort de la guerre contre le Liban. Ce
jour là, un nouvel échec, des plus
dramatiques certes, s’ajouta au « relevé
d’échecs » de Tsahal.
Après l’amortissement de la force
aérienne et la mise en déroute de la
force navale, c’était au tour des forces
terrestres israéliennes d’être mises
hors de nuisance, par le Hezbollah.
Comme les rafales de Katioucha et la «
pluie de roquettes » continuaient à
tomber sur les villes et communes
israéliennes, le Quartier-général de
Tsahal décida d’investir dans la
bataille ses fameux chars Mirkava,
marque de fierté de l’industrie
militaire israélienne, suivis par
derrière de 130 000 soldats stationnés
aux confins de la frontière.
Pour en faire, des dizaines de Mirkava
de la quatrième génération [19]
pénétrèrent en territoire libanais. Au
bout de moins d’un kilomètre, l’enfer
était à leur rencontre ; quinze chars se
transformèrent en boules de feu. Le
bilan était 18 officiers et soldats
tués.
Quelques heures plus tard, l’armée
israélienne tenta une autre incursion,
et quatre chars furent directement pris
sous les feux. C’était la bataille la
plus dure pour Tsahal, qui entama, le
lendemain une troisième tentative, mais
les chars se tombèrent de nouveau dans
le piège des combattants du Hezbollah, à
trois kilomètres de la frontière. Le
bilan de ce jour seulement était
trente-neuf chars et bulldozers détruits
ou endommagés, vingt officiers et
soldats abattus et environ cent dix
blessés.
4. 1. Le début d’un cauchemar
Dès lors, l’armée israélienne dut se
rendre à l’évidence ; au
trente-troisième jour de la guerre, tous
les brigades israéliennes durent
rebrousser chemin, sans avoir pu
réaliser aucun des trois objectifs
déclarés au premier jour de la guerre,
qui sont : 1) récupérer les soldats
enlevés par le Hezbollah ; 2) stopper
les tirs de roquettes sur les villes
israéliennes ; 3) contraindre le
gouvernement libanais à appliquer la
résolution de l’ONU, à savoir désarmer
le Hezbollah et se déployer le long de
sa frontière nord.
Par contre, le Hezbollah réussit à
accomplir les trois objectifs qu’il eut
précisés au début de la guerre,
qui sont : 1) garder en main les
soldats captifs ; 2) continuer le
lancement des rafales de Katioucha sur
les villes et communes israéliennes ; 3)
stopper l’avancement de l’infanterie et
des brigades blindées au moment de leur
pénétration en territoire libanais, et
les détruire dans les vallées et les
sentiers des villages frontaliers.
Les réactions psychologiques du
Quartier-général de Tsahal à l’égard de
cette défaite criante se manifestèrent
au dernier jour de la guerre, le 14
août, par une série d’actions militaires
de genre « vengeance à l’aveuglette ».
Ce même jour, l’aviation israélienne
esquissa une dernière tentative et
bombarda le quartier résidentiel du
secrétaire général du Hezbollah, Hassan
Nasrallah, ensevelissant huit immeubles
et tuant plus de soixante civiles, mais
secrétaire général, visé par l’attaque,
ne figurait pas parmi les victimes.
Dans le sud, Tsahal largua un million et
demi de bombes à fragmentation. Question
peut-être de venger l’honneur perdu de
son armée en déroute. A fortiori, pour
la première fois depuis 1948 [20],
Tsahal échoua à envahir un territoire
arabe.
4. 2. Les Iraniens sont à nos portes !
Au Quartier-général de Tsahal, le
message fut reçu tel quel : le Hezbollah
a accès à des armes ultramodernes.
Pourtant, dans les coulisses des
puissances arabo-atlantique, le message
fut reçu différemment : Annibal ad
portas ! [21] « Les Iraniens sont à nos
portes !
». Ainsi, s’épanouirent les
premières fleurs d’Acacia et de Gardénia
du « Printemps arabe » très parfumées,
et arrosées par la Sainte-Alliance
arabo-atlantique, face à la montée d’une
nouvelle super puissance au
Moyen-Orient, opposante à l’Empire
étatsunien et ses alliés, c'est-à-dire
l’Iran et son Arche chiite.
Fida Dakroub, Ph.D
Pour communiquer avec l’auteure :
http://bofdakroub.blogspot.com/
Notes
[1] Citation d’Alphonse Karr.
[2] Victor Hugo, La Légende des siècles.
[3] Chashmodai ou Asmodée est un démon
de la Bible possédant de nombreux autres
noms : Asmoth, Aschmédaï, Asmoday,
Asmodeus, Aesma, Asmadai, Asmodius,
Asmodaios, Hasmoday, Chashmodai,
Azmonden, ou encore Sidonay, et Asmobée.
Il est présent dans les croyances de la
goétie, science occulte de l’invocation
d’entités démoniaques.
[4] Astaroth est un démon, Grand-duc
très puissant et trésorier des Enfers.
[5]
http://www.legrandsoir.info/critique-du-discours-de-la-revol...
[6]
http://www.legrandsoir.info/critique-du-discours-de-la-revol...
[7]
http://zahal.wordpress.com/2008/07/24/ordre-de-bataille-des-...
[8] La Force aérienne et spatiale
israélienne est la composante aérienne
de Tsahal. Elle aligne environ 710
avions et 181 hélicoptères ainsi que des
drones, des satellites et des missiles
balistiques.
[9]
http://www.ifri.org/files/Securite_defense/Focus_strategique...
[10] L’Échelle de Jacob se réfère au
rêve du patriarche Jacob fuyant son
frère Ésaü, représentant une échelle
montant vers le ciel. Cet épisode est
décrit dans le Livre de la Genèse
(28:11-19).
[11] On estime la population de Bint-Jbeil
à 30 000 habitants. La ville a été
occupée par Israel de 1982 jusqu’en
2000, date du retrait des troupes
israéliennes. Elle est considérée par
Israël comme la « Capitale du Hezbollah
». Elle devint célèbre à la suite d’une
attaque de Tsahal. Pendant la guerre de
juillet 2006, de grosses batailles
eurent lieu dans la ville et aux
alentours ; par conséquent, le 51ième
Bataillon de la Brigade d’élite Golani
de l’armée israélienne dut se retirer
face à une résistance inattendue.
[12] Haïfa est une ville côtière
d’Israël située sur les bords de la mer
Méditerranée. Elle est considérée comme
la capitale du nord d’Israël. Haïfa et
son agglomération ont une population
totale de l’ordre d’un million
d’habitants fin 2008. Elle est connue
pour son important port en eau profonde
ainsi que son importante industrie
chimique.
[13]
http://www.lalibre.be/actu/international/article/299333/plui...
[14]
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/08/0...
[15]
http://www.lalibre.be/actu/international/article/299333/plui...
[16]
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/08/0...
[17]
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/08/0...
[18]
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/08/0...
[19] Le Merkava Mk IV entra en service
le 24 juin 2004.
[20] Date de la déclaration
d’indépendance de l’État hébreu, le 14
mai 1948.
[21] Hannibal est à nos portes, cri des
Romains après la bataille de Cannes.
Formule employée par Tite-Live, Florus,
Juvénal, Valère-Maxime dans les moments
de grand péril.
Docteur en Études françaises (UWO,
2010),
Fida Dakroub est écrivaine et
chercheure, membre du « Groupe de
recherche et d'études sur les
littératures et cultures de l'espace
francophone » (GRELCEF) à l’Université
Western Ontario. Elle est l’auteur de «
L’Orient d’Amin Maalouf, Écriture et
construction identitaire dans les romans
historiques d’Amin Maalouf » (2011).
Publié sur
Mondialisation.ca
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