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Opinion

Les facteurs géopolitiques de la guerre impérialiste contre la Syrie
Première partie: La défaite d'Israël à la deuxième Guerre du Liban
Fida Dakroub

Mardi 15 mai 2012

Généralités

La plus évidente des vérités ? Un mensonge qui nous plaît [1]. Contrairement à ce que les médias impérialistes ambitionnent, l’image mensongère des événements en Syrie, qu’on fabrique inlassablement, se décompose rapidement et constitue de nouvelles substances, une fois qu’une lecture critique de l’épisode syrienne du prétendu « Printemps arabe » soit impliquée. En effet, une telle lecture doit prendre comme objet d’analyse les intérêts stratégiques des puissances impérialistes au Moyen-Orient, depuis la floraison des violettes odorantes du « Printemps arabe », arrosées soigneusement par la Sainte-Alliance arabo-atlantique, jusqu’au lendemain du retrait des troupes étatsuniennes de l’Irak, en décembre 2011.

1. Les deux approches sur la guerre contre la Syrie

Dans l’arène médiatique, deux discours contradictoires s’opposent sur la lecture des événements en Syrie : d’un côté, les médias arabo-atlantiques – liés naturellement aux centres de force impérialistes – de l’autre côté les médias alternatifs et résistants.

En ce qui concerne les ambitions des médias arabo-atlantique, il est tout naturel.

D’abord, on commence par falsifier les données du terrain, pour que les choses se montrent sur la scène comme « épisodes de l’épopée humaine, âpre, immense, — écroulée » [2] ; une sorte de bataille épique entre les forces du bien et celles du mal ; ensuite, on diabolise le personnage de l’Autre – ici le gouvernement syrien – jusqu’au point où l’on voit en lui un Hashmodai [3] , un Astaroth [4] ; enfin, on glorifie les groupes islamistes armés ; on les angélise jusqu’au point où on les présente comme moines méditateurs, portant l’étincelle de « Liberté, Justice, Démocratie ».

Ceci implique, évidemment, le recours à toutes sortes d’opérations cosmétiques pour manipuler les émotions d’une grande partie de spectateurs, « cadenassés » devant des grands écrans, diffusant des spectacles majestueux, chef-d’œuvre de la propagande arabo-atlantique.

En ce sens, toute lecture se référant seulement à la propagande arabo-atlantique et au discours misérable du Conseil national syrien acquiert, selon nous, une valeur de charlatanerie politique, qui ne sert qu’à éveiller, même dans le cœur de l’honnête sultan mamelouk, un agréable sentiment de solidarité avec la prétendue « révolution » syrienne.

Quant à notre approche, qui fait partie de l’ensemble du discours alternatif sur la guerre impérialiste contre la Syrie, voici ce qu’elle en est.

Premièrement, la guerre impérialiste contre la Syrie, déguisée en costume de révolutions parfumées, vise 1) à fragmenter ce qui fut déjà fragmenté par une série d’accords et de traités entre puissances coloniales au lendemain du démembrement de l’Empire ottoman en 1918 [5] ; 2) et cela en poussant chaque groupe religieux, chaque ethnie, chaque ruelle ou venelle, composants de l’hétérogénéité syrienne [6] , à se déclarer État indépendant. Le premier point constitue un point de départ, ou le réel objectif de la soi-disant « révolution » syrienne ; le deuxième constitue un point d’arrivée ou l’objectif réel d’une telle « révolution ».

Par contre, ce qu’il ne faut pas oublier – malgré le brouhaha des hâbleurs de la propagande impérialiste – c’est que les puissances coloniales n’ont jamais cessé de s’intervenir dans les affaires des États du Levant, depuis la naissance de ces derniers au cours du XXe siècle.

Deuxièmement, en ce qui concerne la rapidité des événements qui ont poussé vers une croissance de menaces et d’agressions contre la Syrie, nous les considérons comme résultat d’un bouleversement tsunami qui eut frappé le rapport de force établi au Proche-Orient entre deux camps belligérants pendant la deuxième Guerre du Liban (2006), l’État hébreu et le Hezbollah, et les circonstances négatives de la défaite israélienne à cette guerre sur les intérêts et les plans expansionnistes de l’Empire étatsunien dans la région. En effet, la défaite d’Israël à la guerre de 2006 a mis l’État hébreu – allié stratégique de l’Empire étatsunien –, et les émirats et sultanats arabes – dociles et subordonnés à l’Empire, naturellement – dans une situation critique face à la montée de la nouvelle super puissance iranienne, dont les alliés régionaux sont l’Irak, la Syrie, le Liban et la bande de Gaza.

2. Première défaite : Le retrait de mai 2000

Tout débuta quelques mois après le commencement du troisième millénaire, la nuit du vingt-troisième jour du mois de mai de l’an 2000.

Dans l’obscurité de cette nuit noire, l’armée israélienne, Tsahal, se retira précipitamment du Sud-Liban, après vingt-deux ans d’occupation. Ce retrait fut baptisé « opération long souffle ». Fer de lance de la résistance libanaise, le Hezbollah, mouvement intégriste chiite, imposa son emprise sur la défunte « zone de sécurité », créée par les forces d’occupation israéliennes. Cela entraina un séisme au niveau du rapport de force dans la région.

Vu du Liban, ce retrait fut interprété comme éclatante victoire de la « résistance », incarnée par le Hezbollah, qui mène, depuis 1982, une lutte féroce contre l’État hébreu. En plus, Tsahal, qui était considérée comme « la meilleure armée du monde », fut humiliée et obligée de quitter inconditionnellement le Sud-Liban pour limiter ses pertes humaines. C’était la première fois que l’armée israélienne se retira d’un territoire arabe sous pression militaire.

3. 1. Deuxième défaite : La deuxième Guerre du Liban (2006)

Six ans après cette défaite militaire et morale, le 12 juillet 2006, environ neuf heures du matin, les combattants du Hezbollah libanais attaquèrent un blindé israélien sur le territoire de l’État hébreu, capturèrent deux soldats et se disparurent dans le brouhaha matinal des villages libanais. Une heure plus tard, un autre blindé israélien, qui eut franchit la frontière pour récupérer les deux captifs, fut détruit à son tour. Le bilan était huit morts et deux captifs parmi les soldats israéliens, et deux morts dans le camp du Hezbollah. L’État hébreu n’attendait que ça. Avec une rapidité de réaction étonnante pour un pays pris par surprise, il massa une division de réservistes à sa frontière avec le Liban.

3. 1. 1. Les objectifs de Tsahal

En ce qui concerne les objectifs des opérations militaires, Israël en précisa trois : 1) récupérer les soldats enlevés par le Hezbollah ; 2) stopper le tir de roquettes sur les villes israéliennes ; 3) contraindre le gouvernement libanais à appliquer la résolution de l’ONU, à savoir désarmer le Hezbollah et se déployer le long de sa frontière nord.

Au nom d’un principe « d’isolement du théâtre des opérations », un blocus des ports et aéroports, la déconnexion de la route de Damas-Beyrouth, le bombardement des ponts et l’attaque des réservoirs d’essence sont décidés par l’État-major de Tsahal. Ce dernier visait à empêcher le passage des soldats capturés vers le Nord du Liban ou l’Iran, la fuite des combattants du Hezbollah vers le Nord, l’envoie de réservistes et de renforts vers le Sud et l’approvisionnement de la logistique du Hezbollah.

Quelques heures plus tard, Tsahal attaqua de nombreuses cibles tout au long du Liban. L’aviation israélienne bombarda routes, ponts, centrales électriques, centrales téléphoniques et l’aéroport de Beyrouth, provoquant la « plus grande catastrophe écologique en Méditerranée ». La réponse de l’État hébreu fut jugée « disproportionnée » par l’ONU, mais soutenue par l’Empire étatsunien, qui estimait, comme la Grande-Bretagne, que l’État hébreu avait le « droit à l’autodéfense ».

En ce qui concerne le déploiement des troupes, la composante d’active de l’armée israélienne engagée au Liban comprenait les brigades suivantes : la 7e Brigade blindée sous la commande du colonel Eshel Assulin ; la 188e Brigade blindée ; la 401e Brigade blindée, sous la commande du colonel Moti Kidor, et les 434e et 847e Brigades blindées, avec un total de 400 chars de combats. Elle comprenait aussi la 2e Brigade Carmeli ; la Brigade d’infanterie Golani, sous la commande du colonel Tamir Yada ; la 300e Brigade commandée par le colonel Chen Livni ; la 609e Brigade Alexandroni, sous la commande du colonel Shlomi Cohen et la 933e Brigade Nahal, sous la commande du colonel Micky Edelstein. Enfin, elle comprenait aussi trois brigades parachutistes : la 35e Brigade parachutiste, commandée par le colonel Hagaï Mordecahaï ; la 226e et la 551e de réserve [7] .

3. 1. 2. Les objectifs du Hezbollah

Les objectifs militaires du Hezbollah furent déterminés dès le premier jour de la guerre : 1) garder en main les soldats captifs ; 2) continuer le tir des rafales de Katioucha sur les villes et communes israéliennes ; 3) stopper l’avancement de l’infanterie et des brigades blindées israéliennes au moment de leur pénétration en territoire libanais, et les détruire dans les vallées et les sentiers des villages frontaliers.

Et la bataille commença !

D’abord, l’armée aérienne israélienne [8] bombarda des ponts, des axes routiers et des installations permettant au Quartier-général du Hezbollah de communiquer avec ses combattants. Ensuite, Tsahal tira 19 400 bombes, 2 200 missiles et 123 000 obus d’artillerie [9]. Enfin les troupes se précipitèrent vers l’autre côté de la frontière.

De l’autre côté de la frontière, au village de Maroun al-Ras, quarante-cinq hommes du Hezbollah se tenaient prêt dans leurs positions.

Après onze jours de combats féroces et de bombardements aériens intensifs, les soldats israéliens réussirent finalement, « par pitié du Très-Haut », à pénétrer les lignes défensives du Hezbollah, suivis de gloussement de poules et de beuglement de moutons dispersés sur les collines des villages voisins, pour chasser les quarante-cinq hommes du Hezbollah, se trouvant sur les lieux. L’armée israélienne sécurisa une petite zone de un kilomètre de profondeur en territoire libanais, après une longue bataille, qui fit éveiller en nous les carnages spectaculaires de la série « Astérix et Obélix », où des milliers de légionnaires romains se trouvent massacrés par deux villageois gaulois et quelques.

Ainsi tomba le village de Maroun al-Ras aux mains de l’armée israélienne, le vingt-troisième jour du mois de juillet, et l’avancement des brigades blindées de Tsahal, qui n’osaient plus s’aventurer au-delà de ce point, fut stoppé définitivement par les combattants du Hezbollah.

3. 2. La contre-offensive du Hezbollah : La Guerre des Surprises

La réponse du Hezbollah fut aussi coriace que celle de Tsahal. Cependant, la structure guérilla de ce groupe libanais exigea une tactique différente, celle de la « Guerre des Surprises », promise par le secrétaire général de l’organisation libanaise, Hassan Nasrallah ou al-Sayyed (le Seigneur) – dû à sa descendance de la famille du Prophète.

3. 2. 1. Première surprise : la frappe de Saar V

Le soir du quatorzième jour du mois de juillet, la première grande riposte du Hezbollah intervient. Un missile antinavire frappa une corvette de la classe Saar V de la marine israélienne, en opération au large des côtes libanaises. Quatre marins israéliens furent tués. La destruction de la corvette fut la première « surprise » du Hezbollah. Hassan Nassrallah eut annoncé lui-même à la télévision et en directe, quelques secondes auparavant de la frappe, la destruction de la corvette israélienne : « Les surprises que je vous avais promises vont commencer dès maintenant. En ce moment, en mer, au large de Beyrouth, le navire de guerre israélien qui a attaqué nos infrastructures, frappé les maisons de notre peuple, nos civils, voyez-le brûler. Il coulera, et avec lui des dizaines de soldats sionistes israéliens ». Plus tard, un navire de radars et d’espionnage, déguisé en cargo avec équipage égyptien, fut coulé en même temps par un deuxième missile tiré différemment, faisant douze morts. Suite à ces frappes spectaculaires, des feux d’artifices s’élevèrent dans le ciel noir, très noir, de Beyrouth, dépourvue complètement d’électricité. Plus tard, le 31 juillet, un patrouilleur israélien Saar IV aurait été attient au large de Tyr par un missile inconnu du Hezbollah, bien que l’armée israélienne démentit l’information.

L’importance de cette attaque se trouve dans le fait que pour la première fois, le Liban réussit à frapper une corvette israélienne et la mettre en déroute. En ce qui concerne les engins utilisés, on parlait d’un missile de type C802, fabriqué en Chine. Cette frappe entraina un tremblement au niveau du rapport de force établi, depuis longtemps, entre le Liban et l’État hébreu. Par conséquent, Tsahal décida de retirer les frégates et corvettes israéliennes des eaux libanaises, et la force navale israélienne fut mise en déroute.

3. 2. 2. Deuxième surprise : la frappe des Apaches

Quelques jours plus tard, le vingt-quatrième jour du mois de juillet, le Hezbollah essaya d’abattre des avions israéliens avec des missiles anti-avions. Un hélicoptère AH-64 Apache s’écrasa au nord de l’État hébreu faisant deux morts. La Radio Israël, Kol Israel, rapporta d’abord que l’appareil eut percuté un câble électrique alors qu’il se dirigeait vers le Liban. Ironiquement, quelques jours auparavant, deux autres hélicoptères, auxquels il faut rajouter un chasseur F-16, eurent été abattus par le même câble électrique. Plus tard, un porte parole militaire israélien n’exclut pas que l’appareil eût été abattu par les combattants du Hezbollah.

Par cette frappe, Tsahal reçut la deuxième surprise de la « Guerre des Surprises », promise par Hassan Nasrallah.

Menacés par les missiles du Hezbollah, les chasseurs israéliens montaient l’Échelle de Jacob [10] vers des altitudes élevées. Par conséquent, l’État-major israélien décida le 29 juillet d’arrêter l’assaut sur la ville frontalière de Bint-Jbeil [11] , et d’y retirer les troupes sans avoir pris la ville. Ce retrait fut présenté par le Hezbollah comme une lourde défaite de Tsahal.

De nouveau, Tsahal échoua à accomplir le troisième objectif de l’opération militaire, celui de « nettoyer » le Sud-Liban des combattants du Hezbollah et de détruire son infrastructure militaire. À plus forte raison, pour la première fois depuis 1948, l’armée israélienne se trouvait dans une situation où l’avancement de ses troupes aurait conduit à une destruction inévitable. Pourtant, les bombardements israéliens se poursuivaient, provoquant une marée noire sur les côtes libanaises.

3. 2. 3. Troisième surprise : les rafales Katioucha

Malgré la supériorité incontestable et les frappes les plus drastiques de l’armée aérienne israélienne, les rafales de roquettes Katioucha continuaient à tomber, à un rythme incessant, sur les villes et communes israéliennes, durant les trente-trois jours de la guerre, frappant au cœur de l’État hébreu.

Au total, le Hezbollah tira plus de 6000 missiles et roquettes sur les villes et communes du Nord. Les tirs se concentraient à Haïfa [12], notamment, les raffineries pétrolières et l’industrie chimique du pays. Toutes les communes le long de la frontière ont été visées et des roquettes sont tombées sur plusieurs grandes villes à l’intérieur du pays. À noter que malgré les menaces, Tel-Aviv fut écarté des bombardements. En plus des Katioucha habituellement utilisés, le Hezbollah employa des missiles Fajr-3 (Aube) d’une portée de 45 km, et serait en possession de Fajr-5 (75 km) et Zelzal (Séisme, 150 – 200 km) fabriqués en Iran.

Le premier août, Tsahal constata qu’après avoir été visé par cent tirs par jour en moyenne, le territoire israélien recevait moins de tirs, et l’intensité des attaques du Hezbollah s’affaiblissait depuis quelques jours. Malheureusement, cette fausse constatation mena le premier ministre israélien, Ehud Olmert, à déclarer, le 2 août, que toute l’infrastructure du Hezbollah fut entièrement détruite. Il se dit convaincu qu’Israël a « dès à présent changé la face du Moyen-Orient » [13].

En plus, Olmert se félicita sur les grands écrans des chaînes télévisées en déclarant qu’Israël était sur le point d’avoir atteint son objectif au Liban et « le Hezbollah devra réfléchir à deux fois, trois fois, ou même davantage avant de nous attaquer, et je pense que nous sommes très proches de cet objectif » [14] , s’enorgueillît-il, malheureusement, en vain ; car quelques heures plus tard, une « pluie de roquettes » fut tombée sur les villes de Tibériade et Haïfa, ainsi que le doigt de Galilée, Beit Shéan et le nord de la Cisjordanie [15]. D’ailleurs, au lendemain, les tirs des roquettes du Hezbollah recommencèrent ; et plus de deux cents Katioucha tombèrent sur Haïfa et tout le Nord d’Israël, jusqu’en bordure de la Cisjordanie à 70 km de la frontière libanaise. Ce fut la journée la plus meurtrière pour l’État hébreu.

Le soir même, Hassan Nasrallah menaça de frapper Tel-Aviv [16] : « Si vous bombardez notre capitale, nous bombarderons la capitale de votre entité agressive » , déclara-t-il [17]. Il accusa aussi le chef du gouvernement israélien, Ehud Olmert, et son armée d’être les instruments du président américain George W. Bush, véritable responsable de l’offensive israélienne au Liban : « Je vous garantis que, quelle que soit l’issue de la guerre, le Liban ne sera ni Américain, ni Israélien, et que le Liban ne servira pas non plus d’une de ces bases au Nouveau Moyen-Orient cher à George W. Bush et à Condoleezza Rice », lança-t-il [18].

Suite à cette menace, le 4 août, des roquettes du type Khaibar-1, tirées par le Hezbollah, atteignirent, pour la première fois, la ville de Hadera, située à 75 km de la frontière libano-israélienne et à environ 40 km de Tel-Aviv.

Encore une fois, Tsahal échoua à stopper les rafales de Katiousha, voire à réaliser le deuxième objectif de son opération militaire au Liban.

3. 2. 4. Quatrième surprise : le massacre des Mirkava

C’était bien le trente-et-unième jour de la guerre de juillet 2006 qui détermina le sort de la guerre contre le Liban. Ce jour là, un nouvel échec, des plus dramatiques certes, s’ajouta au « relevé d’échecs » de Tsahal.

Après l’amortissement de la force aérienne et la mise en déroute de la force navale, c’était au tour des forces terrestres israéliennes d’être mises hors de nuisance, par le Hezbollah.

Comme les rafales de Katioucha et la « pluie de roquettes » continuaient à tomber sur les villes et communes israéliennes, le Quartier-général de Tsahal décida d’investir dans la bataille ses fameux chars Mirkava, marque de fierté de l’industrie militaire israélienne, suivis par derrière de 130 000 soldats stationnés aux confins de la frontière.

Pour en faire, des dizaines de Mirkava de la quatrième génération [19] pénétrèrent en territoire libanais. Au bout de moins d’un kilomètre, l’enfer était à leur rencontre ; quinze chars se transformèrent en boules de feu. Le bilan était 18 officiers et soldats tués.

Quelques heures plus tard, l’armée israélienne tenta une autre incursion, et quatre chars furent directement pris sous les feux. C’était la bataille la plus dure pour Tsahal, qui entama, le lendemain une troisième tentative, mais les chars se tombèrent de nouveau dans le piège des combattants du Hezbollah, à trois kilomètres de la frontière. Le bilan de ce jour seulement était trente-neuf chars et bulldozers détruits ou endommagés, vingt officiers et soldats abattus et environ cent dix blessés.

4. 1. Le début d’un cauchemar

Dès lors, l’armée israélienne dut se rendre à l’évidence ; au trente-troisième jour de la guerre, tous les brigades israéliennes durent rebrousser chemin, sans avoir pu réaliser aucun des trois objectifs déclarés au premier jour de la guerre, qui sont : 1) récupérer les soldats enlevés par le Hezbollah ; 2) stopper les tirs de roquettes sur les villes israéliennes ; 3) contraindre le gouvernement libanais à appliquer la résolution de l’ONU, à savoir désarmer le Hezbollah et se déployer le long de sa frontière nord.

Par contre, le Hezbollah réussit à accomplir les trois objectifs qu’il eut précisés au début de la guerre, qui sont : 1) garder en main les soldats captifs ; 2) continuer le lancement des rafales de Katioucha sur les villes et communes israéliennes ; 3) stopper l’avancement de l’infanterie et des brigades blindées au moment de leur pénétration en territoire libanais, et les détruire dans les vallées et les sentiers des villages frontaliers.

Les réactions psychologiques du Quartier-général de Tsahal à l’égard de cette défaite criante se manifestèrent au dernier jour de la guerre, le 14 août, par une série d’actions militaires de genre « vengeance à l’aveuglette ». Ce même jour, l’aviation israélienne esquissa une dernière tentative et bombarda le quartier résidentiel du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ensevelissant huit immeubles et tuant plus de soixante civiles, mais secrétaire général, visé par l’attaque, ne figurait pas parmi les victimes.

Dans le sud, Tsahal largua un million et demi de bombes à fragmentation. Question peut-être de venger l’honneur perdu de son armée en déroute. A fortiori, pour la première fois depuis 1948 [20], Tsahal échoua à envahir un territoire arabe.

4. 2. Les Iraniens sont à nos portes !

Au Quartier-général de Tsahal, le message fut reçu tel quel : le Hezbollah a accès à des armes ultramodernes. Pourtant, dans les coulisses des puissances arabo-atlantique, le message fut reçu différemment : Annibal ad portas ! [21] « Les Iraniens sont à nos portes ! ». Ainsi, s’épanouirent les premières fleurs d’Acacia et de Gardénia du « Printemps arabe » très parfumées, et arrosées par la Sainte-Alliance arabo-atlantique, face à la montée d’une nouvelle super puissance au Moyen-Orient, opposante à l’Empire étatsunien et ses alliés, c'est-à-dire l’Iran et son Arche chiite.

Fida Dakroub, Ph.D

Pour communiquer avec l’auteure : http://bofdakroub.blogspot.com/

Notes

[1] Citation d’Alphonse Karr.

[2] Victor Hugo, La Légende des siècles.

[3] Chashmodai ou Asmodée est un démon de la Bible possédant de nombreux autres noms : Asmoth, Aschmédaï, Asmoday, Asmodeus, Aesma, Asmadai, Asmodius, Asmodaios, Hasmoday, Chashmodai, Azmonden, ou encore Sidonay, et Asmobée. Il est présent dans les croyances de la goétie, science occulte de l’invocation d’entités démoniaques.

[4] Astaroth est un démon, Grand-duc très puissant et trésorier des Enfers.

[5] http://www.legrandsoir.info/critique-du-discours-de-la-revol...

[6] http://www.legrandsoir.info/critique-du-discours-de-la-revol...

[7] http://zahal.wordpress.com/2008/07/24/ordre-de-bataille-des-...

[8] La Force aérienne et spatiale israélienne est la composante aérienne de Tsahal. Elle aligne environ 710 avions et 181 hélicoptères ainsi que des drones, des satellites et des missiles balistiques.

[9] http://www.ifri.org/files/Securite_defense/Focus_strategique...

[10] L’Échelle de Jacob se réfère au rêve du patriarche Jacob fuyant son frère Ésaü, représentant une échelle montant vers le ciel. Cet épisode est décrit dans le Livre de la Genèse (28:11-19).

[11] On estime la population de Bint-Jbeil à 30 000 habitants. La ville a été occupée par Israel de 1982 jusqu’en 2000, date du retrait des troupes israéliennes. Elle est considérée par Israël comme la « Capitale du Hezbollah ». Elle devint célèbre à la suite d’une attaque de Tsahal. Pendant la guerre de juillet 2006, de grosses batailles eurent lieu dans la ville et aux alentours ; par conséquent, le 51ième Bataillon de la Brigade d’élite Golani de l’armée israélienne dut se retirer face à une résistance inattendue.

[12] Haïfa est une ville côtière d’Israël située sur les bords de la mer Méditerranée. Elle est considérée comme la capitale du nord d’Israël. Haïfa et son agglomération ont une population totale de l’ordre d’un million d’habitants fin 2008. Elle est connue pour son important port en eau profonde ainsi que son importante industrie chimique.

[13] http://www.lalibre.be/actu/international/article/299333/plui...

[14] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/08/0...

[15] http://www.lalibre.be/actu/international/article/299333/plui...

[16] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/08/0...

[17] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/08/0...

[18] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/08/0...

[19] Le Merkava Mk IV entra en service le 24 juin 2004.

[20] Date de la déclaration d’indépendance de l’État hébreu, le 14 mai 1948.

[21] Hannibal est à nos portes, cri des Romains après la bataille de Cannes. Formule employée par Tite-Live, Florus, Juvénal, Valère-Maxime dans les moments de grand péril.

Docteur en Études françaises (UWO, 2010), Fida Dakroub est écrivaine et chercheure, membre du « Groupe de recherche et d'études sur les littératures et cultures de l'espace francophone » (GRELCEF) à l’Université Western Ontario. Elle est l’auteur de « L’Orient d’Amin Maalouf, Écriture et construction identitaire dans les romans historiques d’Amin Maalouf » (2011).

Publié sur Mondialisation.ca

 

 

   

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Source : Fida Dakroub

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