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Enlèvements et affrontements interpalestiniens
Ghaza
au bord du chaos
Fares Chahine
Photo Intérêt-Général
Le quartier populeux de
chedjaâiya, à l’est de la ville de Ghaza, a été, depuis
mercredi soir, le théâtre d’événements sanglants.
Pas moins de sept personnes ont été tuées et
plus d’une cinquantaine ont été blessées au cours de violents
affrontements qui ont éclaté entre des éléments armés du
mouvement islamiste Hamas et un clan familial puissant, habitant
le quartier. pour la seule soirée de mercredi, 5 personnes sont
mortes. Les équipes médicales n’ont pu accéder dans les zones
embrasées du quartier, exactement comme au cours des combats
entre les hommes du Hamas et ceux des services sécuritaires de
l’autorité palestinienne au mois de juin 2007, qui se sont
achevés par le contrôle total de la bande de Ghaza par le
mouvement radical. Les affrontements du quartier Chedjaâiya, qui
ont cessé jeudi, suite à l’intervention du commandement des
commissions de la résistance populaire, un mouvement armé, né
au cours de l’intifadha d’El Aqsa et plutôt proche du
mouvement Hamas, ont repris samedi, causant deux morts et plus de
25 blessés dans les deux camps. A Rafah, au sud de la bande de
Ghaza, dans la soirée de samedi, des affrontements armés ont
cette fois, opposé des éléments du Hamas et des hommes de
Saraiya El Qods, la branche armée du Djihad islamique, l’autre
mouvement radical islamiste palestinien. une femme de 51 ans a été
tuée dans le quartier de Tel Soltane à l’ouest de Rafah. Des
enlèvements de plusieurs éléments des deux camps ont été
enregistrés durant la nuit de samedi. Dans une atmosphère de
grande tension, des barrages militaires et un grand déploiement
d’hommes armés ont été signalés par des témoins contactés
par téléphone. A signaler que des hommes armés du Hamas avaient
attaqué, vendredi, à l’heure de la prière, une mosquée édifiée
par le djihad islamique dans la région de Khan Younés au sud de
la bande de Ghaza et ont arrêté 8 éléments du djihad, dont
l’imam de la mosquée en question. A vrai dire, l’insécurité
prévaut à Ghaza, même après le départ des éléments du fatah
que le Hamas a accusé d’en être les responsables.
Aujourd’hui, le Hamas, seule véritable force sur le terrain,
est accusé à son tour par le Fatah, de prendre des mesures
oppressives contre la population et particulièrement contre ses
militants. En effet, il ne se passe pas un jour sans qu’une
histoire d’agression par des hommes armés, d’arrestations,
d’enlèvements ou de tortures féroces conduisant parfois à la
mort, ne soit contée ici et là. les victimes sont généralement
des hommes du Fatah. même les médias et les journalistes ne sont
pas épargnés. Tout journaliste voulant exercer actuellement à
Ghaza doit obtenir l’aval du mouvement Hamas. un écrit qui ne
plairait pas à tel ou tel responsable du mouvement islamiste,
peut coûter cher à son auteur. le dernier exemple est
l’arrestation la semaine passée, du journaliste et analyste
politique Yahia Rabah, ancien ambassadeur de palestine au Yemen,
âgé de plus de 60 ans et souffrant de plusieurs maladies
chroniques dont le diabète. cette politique de violence contre
tous ceux soupçonnés d’être des ennemis, c’est-à-dire tous
ceux qui ne sont pas du Hamas, vaut chaque jour, à ce mouvement,
une dégradation du taux de sa popularité. pour sortir de
l’impasse dans laquelle s’est mis le mouvement Hamas, il doit
réviser sa politique à l’égard des citoyens en génèral, et
du mouvement Fatah, en particulier. la division
inter-palestinienne, qui prévaut actuellement, est un facteur de
plus de leur affaiblissement, alors que se prépare une importante
réunion internationale sur la paix au proche-orient aux
Etats-unis. seul le Hamas est capable de rétablir la solidarité
palestinienne perdue, en revenant sur les résultats de son coup
de force et en tendant la main au président légitime des
palestiniens, Mahmoud Abbas. Ainsi, il sauvera, peut-être,
d’une part, la question palestinienne et, d’une autre part, il
se sauvera lui même, car la fuite en avant exercée depuis la
mi-juin ne semble mener nulle part, sauf à plus de haine, de
souffrances, de malheurs et de sang.
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