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Le processus de paix sérieusement
compromis
Le discours de Netanyahou vu de Palestine
Fares Chahine
Photo RIA Novosti
Mardi 16 juin 2009
Il avait l’habitude de jouer avec les mots, d’être ambigu,
d’user de manœuvres, mais dans son discours de dimanche a
l’université Bar Ilan, dans la banlieue de Tel-Aviv, le Premier
ministre Benyamin Netanyahou a été très clair en refusant aux
Palestiniens les droits les plus élémentaires que leur garantit
la légitimité internationale.
Ghaza,
de notre correspondant
Il a tout simplement mis sous le paillasson les clés de toute
solution juste d’une question pour laquelle des centaines de
milliers de Palestiniens et d’Arabes de différentes nationalités
ont sacrifié leur vie durant plus de 60 ans de conflit avec
l’Etat hébreu. En refusant aux Palestiniens tout retour des
réfugiés dans leurs foyers en affirmant qu’il devrait se faire
en dehors d’Israël, et en excluant de restituer la ville sainte
d’El Qods occupée en 1967, sous prétexte que celle-ci devrait
rester « la capitale unifiée de l’Etat d’Israël », le
Premier ministre annihile tout espoir de paix dans la région tel
que souhaité par la communauté internationale. Et comme si ces
positions dogmatistes ne suffisaient pas, Netanyahou impose des
conditions étouffantes à son pseudo futur Etat
palestinien. Celui-ci devrait ainsi être « démilitarisé » et
découpé en bantoustans isolés, sans souveraineté aucune sur ses
frontières ni sur ses aires ni sur ses eaux territoriales. Et ce
n’est pas fini !Les Palestiniens devraient exprimer une
reconnaissance préalable et franche « de l’Etat d’Israël,
comme Etat pour le peuple juif » !
« Raciste et extrémiste »
Concrètement, Netanyahou ne propose rien d’autre aux
Palestiniens qu’un déni de droit de vivre, à l’instar de tous
les peuples du monde dans la dignité et l’honneur que fournit un
Etat indépendant et surtout souverain. C’est dire que son
discours n’a pas vraiment surpris les Palestiniens sinon
par « sa franchise » sur ses vrais desseins. Et c’est fort
logiquement qu’il a été dénoncé par l’ensemble des forces
politiques palestiniennes. Ainsi, l’Autorité palestinienne, du
« modéré » Mahmoud Abbas, a jugé par la voix de son porte-parole
Nabil Abou Roudeina, que le discours de Netanyahou « sape les
efforts de paix ». « Les propos de Netanyahou ont sapé toutes
les initiatives, paralysé tous les efforts en cours et défié les
positions palestiniennes, arabes et américaines », a-t-il
déploré. Pour Nabil Abou Roudeina « notre exigence principale
est la fin de l’occupation, une solution juste pour les réfugiés
et l’arrêt de la colonisation. Les autres détails seront abordés
dans le cadre des négociations », a-t-il ajouté. De son
côté, le principal négociateur palestinien, Saeb Erekat, s’est
montré extrêmement pessimiste suite au discours de Netanyahou.
Ironique, il a estimé que « le processus de paix avance à la
vitesse d’une tortue. Ce soir, Netanyahou l’a mise sur le dos »,
a-t-il commenté. Et de s’adresser au président américain :
« Président Obama, la balle est dans votre camp. Vous avez le
choix, ce soir. Vous pouvez traiter Netanyahou comme un Premier
ministre au-dessus des lois (...), refermer la voie de la paix
et plonger toute la région dans la violence, du chaos, de
l’extrémisme et des massacres. L’alternative est de faire en
sorte que Netanyahou se conforme à la feuille de route. » Le
mouvement Hamas qui contrôle la bande de Ghaza depuis le mois de
juin 2007, n’est pas allé de main morte pour dire tout le
« bien » qu’il pense du discours du Premier ministre israélien.
Deux mots résument la position du parti de Ismaïl Hanieh :
raciste et extrémiste. Dans un communiqué paru juste après la
fin du discours, le Hamas a dit que « Netanyahou présente aux
Palestiniens un Etat sans identité, sans souveraineté, sans El
Qods, sans droit au retour des réfugiés, sans armée et sans
armes et est décidé a préserver les colonies ». Dans le même
communiqué, le Hamas a appelé l’Autorité palestinienne et
l’ensemble des pays arabes à arrêter tout contact avec l’Etat
hébreu.
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