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El Watan
Le pape appelle à la création d'un Etat
palestinien indépendant
Fares Chahine
Photo El Watan
Jeudi 14 mai 2009
Au troisième jour de sa visite en Israël et dans les territoires
palestiniens, le pape Benoît XVI a visité la ville de Bethléem,
en Cisjordanie occupée, dans laquelle se trouve l’Eglise de la
nativité, l’endroit où est né Jésus-Christ, selon la religion
chrétienne.
Bethléem (Cisjordanie). De notre correspondant
Le pape a été accueilli par le président de l’Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas, et plusieurs personnalités
politiques et religieuses. Pour rentrer dans Bethléem, le
souverain pontife a franchi le mur de séparation raciste érigé
par l’Etat hébreu sur des terres palestiniennes de Cisjordanie
occupée, qu’il a divisées en bantoustans isolés, comme c’est le
cas pour la ville de Bethléem et la ville sainte d’El Qods,
toute proche et ce, pour la première fois dans l’histoire de la
terre sainte. Dans son discours d’accueil, le président Abbas a
rappelé les difficultés et les souffrances que vit le peuple
palestinien depuis plus de 61 ans à cause des mesures
répressives imposées par l’occupation israélienne à l’ensemble
du peuple palestinien, ses musulmans ainsi que ses chrétiens.
« Sur cette Terre sainte, il y a ceux qui continuent à bâtir des
murs de séparation plutôt que des ponts, et qui tentent avec
leurs forces d’occupation d’obliger chrétiens et musulmans à
quitter le pays, afin que les Lieux Saints deviennent de simples
sites touristiques, plutôt que des lieux vivants de prière »,
a dit le président de l’Autorité palestinienne.
« On exerce contre tous les citoyens arabes, qu’ils soient
chrétiens ou musulmans, toutes les formes possibles
d’oppression, de tyrannie et d’expropriation de terres »,
a ajouté Mahmoud Abbas. « Je sais combien vous avez souffert
et combien vous continuez à souffrir en raison des
bouleversements qu’a connus cette terre depuis des décennies »,
a de son côté dit le pape. « Mon cœur se tourne vers toutes
ces familles qui ont tant perdu », a-t-il ajouté, en
soulignant qu’il se rendrait dans le camp de réfugiés d’aida,
près de Bethléem. Dans son discours, le pape Benoit XVI a évoqué
les habitants de la bande de Ghaza, victime d’une guerre
sanglante et destructrice du 27 décembre au 18 janvier passés.
Le mouvement Hamas, par la voix d’Ismaïl Haniyeh, avait souhaité
que le pape se rende à Ghaza, ce que ne fera pas le souverain
pontife. Benoit XVI a réitéré la position du Vatican quant à son
soutien au droit du peuple palestinien à une patrie souveraine
sur la terre de ses ancêtres, vivant dans la paix et la sécurité
avec ses voisins et avec des frontières internationalement
reconnues. Il a rappelé les paroles prononcées par son
prédécesseur, le pape Jean Paul II, lors de la visite de ce
dernier en terre sainte en l’an 2000 : « Il ne peut y avoir
de paix sans justice et de justice sans pardon. »
Après cette cérémonie d’accueil, le pape s’est rendu à l’Église
de la nativité. Sur la place de la Nativité, en plein air,
devant la basilique de la Nativité, le pape a célébré une messe
à laquelle ont assisté toutes les personnalités présentes lors
de la cérémonie d’accueil, le président Abbas en tête. Près de
30 000 citoyens palestiniens chrétiens et musulmans, ainsi que
des fidèles chrétiens venus de partout dans le monde, mais aussi
des familles palestiniennes portant des portraits de leurs
proches, emprisonnés dans les geôles israéliennes, étaient
présents sur cette place, en face de l’église la plus ancienne
au monde. L’organisation sans faille de cet évènement important
et l’absence de moindre incident au cours de cérémonies qui ont
duré pendant des heures sont une nouvelle preuve que les
Palestiniens ont voulu présenter au reste du monde qu’ils
méritaient, eux aussi, de vivre dignement dans leur État
indépendant et souhaitent que cette visite contribuera, d’une
façon ou d’une autre, à réaliser ce rêve.
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