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El Watan
Ghaza
sous blocus israélien
Une situation de plus en plus dramatique
Fares Chahine
Même l'aide alimentaire a été suspendue
Photo IRIN
3 mai 2008 La grève du pain s’installe à
son tour, mais c’est toute la vie qui s’arrête dans ce
minuscule territoire occupé par Israël.
L’embargo féroce imposé par l’Etat hébreu à la bande de
Ghaza où vivent 1,5 million d’êtres humains, qui subissent une
punition collective de la part d’un Etat qui se réclame comme
étant une oasis de démocratie dans une région qui n’a connu
que des dictatures, paraît loin d’être levé. De jour en
jour, les misères des Ghazaouis s’intensifient, au point que
l’on peut qualifier ce qui se passe à Ghaza de tous les
termes, sauf de vie humaine moderne. La poursuite de la fermeture
de tous les terminaux frontaliers et la non-livraison par Israël
de carburant à la bande de Ghaza, depuis plusieurs semaines
d’affilée, crée des situations inimaginables, mais, surtout,
insupportables. L’aspect général de la ville de Ghaza, ville
principale de cette enclave minuscule qui ne dépasse pas 360
km2, laisse croire qu’elle vit sous couvre- feu continu.
Aujourd’hui, les rues, qui dans un passé récent, étaient pleines
de véhicules de toutes sortes, au point qu’elles en paraissaient
étroites, sont presque vides. Le manque de carburant, essence et
gaz oil, a mis à l’arrêt forcé plus de 90% du parc
automobile. Plus de 70% des ambulances et des véhicules de pompiers
ne sont plus de service pour la même cause, ce qui met en danger
toute personne nécessitant des soins d’urgence. Le peu de voitures
qui circulent dans la bande de Ghaza sont des véhicules particuliers
et des taxis, que les propriétaires ont réussi à faire rouler
au gaz butane utilisé dans les cuisines, dont Israël a aussi limité
au minimum la livraison. Certains ménages commencent d’ailleurs
à manquer de gaz butane, sans lequel il est très difficile de
préparer la nourriture quotidienne. L’huile végétale, eh oui !
l’huile végétale, pour les moteurs diesel, est l’autre combustible
qui permet aux véhicules de rouler. Il en a découlé une forte
augmentation du prix de ce produit indispensable. Certains spécialistes
affirment que c’est la première fois que l’huile végétale
est utilisée à travers le monde comme carburant, en remplacement
du gaz oil, avec tous les dangers qu’il peut représenter pour
la santé publique. L’huile végétale, qui n’est pas totalement
combustible, dégage des matières hautement cancérigènes dans
les gaz d’échappement, sans parler de l’odeur suffocante de
ces gaz. Au passage de l’un de ces véhicules, on a l’impression
d’avoir affaire à une gigantesque friteuse, et non pas à un
moyen de locomotion pour êtres humains. Les répercussions de cette
situation miséreuse sont un grand manque au niveau des moyens de
locomotion et une augmentation vertigineuse des prix à payer lorsque
l’on a la chance d’en trouver. Ainsi, la vie des étudiants
et des écoliers en a été fortement perturbée. La majorité d’entre
eux font le chemin à pied, même si les distances à parcourir
sont grandes. D’autre part, plusieurs boulangeries ne sont plus
fonctionnelles et la crise du pain s’installe lentement, mais
sûrement. On peut aussi évoquer le problème d’approvisionnement
des citoyens en eau potable, dont les coupures sont de plus en plus
fréquentes. Mais un danger imminent, qui a commencé à s’installer
en certains endroits, est l’inondation des rues par les eaux
usées. L’arrêt des stations de pompage menace l’ensemble de
la population d’épidémies diverses auxquelles elle aura beaucoup
de difficultés a faire face, surtout que beaucoup de médicaments
se font de plus en plus rares et de plus en plus chers sur le
marché. les tentatives de la police locale relevant du gouvernement
du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle Ghaza depuis le mois
de juin 2007, d’utiliser certains de leurs véhicules, qui ne
semblent pas touchés par la pénurie, en guise de transports en
commun gratuit, ne règle en rien cette situation dramatique. Nombreux
sont ceux qui refusent ce service gratuit qui, selon eux, ne vise
qu’à améliorer la popularité du mouvement islamiste. Tous les
secteurs de l’économie de l’étroite enclave ont été
touchés, en particulier celui de l’agriculture. La diminution
des quantités de produits agricoles dans les marchés a contribué
à faire flamber les prix. Des exemples comme ceux évoqués sont
multiples. La catastrophe qui touche les citoyens ghazaouis peut
facilement être imaginable lorsque l’on sait que 80% d’entre
eux vivent sous le seuil de pauvreté. Dans une situation pareille
à celle vécue à Ghaza, l’assassinat de militants armés et
les massacres de citoyens civils par la machine de guerre israélienne
deviennent un simple détail sur lequel personne ne s’atarde.
La dernière tuerie israélienne a eu lieu la semaine passée dans
la région de Beït Hanoune, au nord de la bande de Ghaza, où une
roquette de mortier, qui a atteint une modeste maison, a tué une
femme et ses quatre enfants âgés de 1 à 6 ans, alors qu’ils
s’apprêtaient à prendre leur petit déjeuner. L’armée israélienne
et le sort ont voulu que ce soit leur dernière réunion en ce bas
monde, dans lequel les Palestiniens se sentent ignorés. Quant aux
assassinats des résistants, ils se poursuivent sans relâche, malgré
l’acceptation, à l’image du Hamas, par toutes les factions
armées, d’une trêve de 6 mois qui débute dans la bande de
Ghaza. Un militant du Hamas accusé par Israël d’être impliqué
dans l’enlèvement du soldat Gilad Shalit, détenu par le mouvement
islamiste depuis l’été 2006, a été tué jeudi par les éclats
d’une roquette air-sol, tirée par un drone, alors qu’il circulait
à pied dans le camp de réfugiés de Rafah, au sud de la bande
de Ghaza.
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réservés © El Watan 2006.
Publié le 3 mai 2008.
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