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Opinion
Le peuple réclame la
fin de l'occupation
Fadwa Nassar
Hebron
Samedi 26 février 2011
C’est par ce slogan que les
Palestiniens ont affronté, vendredi, les forces de l’occupation
dans la ville d’al-Khalil. Ils réclament la réouverture de la
rue des martyrs, que l’occupant a fermé dès le début de
l’intifada al-Aqsa, afin d’isoler la vieille ville et faciliter
sa judaïsation.
Par leur mobilisation contre les
forces de l’occupation présentes sur le terrain, en Cisjordanie
même, les citoyens palestiniens d’al-Khalil, toutes formations
confondues, ont essayé, en même temps, de mettre un terme au
débat qui se déroule dans les rues de Ramallah, où les
manifestants, bien à l’abri des regards sionistes, criaient :
« le peuple réclame la fin de la division ».
Depuis les révolutions en Tunisie,
et surtout en Egypte, et en parallèle avec les mouvements
populaires qui secouent les capitales arabes, le peuple
palestinien a repris de l’espoir. Car même si les
révolutionnaires dans les capitales arabes ne mettent pas en
avant la Palestine, dans leurs mots d’ordre, il sait qu’au
centre, il y a la Palestine, qui représente la première cause
arabe, celle autour de laquelle les régimes et les peuples ont
été divisés, pendant des décennies. Il suffit, pour s’en
convaincre, de se rappeler les manifestations populaires au
cours des guerres sionistes contre le Liban, en 2006 et la bande
de Gaza, en 2008-2009, au moment où les régimes en place,
notamment celui du déchu Moubarak, participaient activement à
cette guerre impériale, dirigée par les Etats-Unis.
Mais il semble que l’espoir des
Palestiniens, notamment en Cisjordanie, ait été noyé par des
slogans qui, tout en étant justes sur le fond, reflètent un état
d’esprit très conformiste envers le pouvoir de Ramallah.
Réclamer la fin de la division inter-palestinienne est juste en
soi, mais perd sa signification lorsque l’on sait que le pouvoir
palestinien à Ramallah poursuit les révolutionnaires, collabore
avec l’occupant sur le plan sécuritaire et qu’il était prêt à
remettre aux sionistes des parties importantes du pays (le
quartier sheikh Jarrah dans al-Qods, par exemple) moyennant « un
échange de territoires », ce qui veut dire en fait admettre et
légitimer non seulement l’occupation d’une partie de la
Palestine historique, mais le caractère juif des parties
occupées.
Plusieurs voix palestiniennes
contestent ce slogan mis en avant par les manifestants de
Ramallah, « le peuple réclame la fin de la division », préférant
plutôt celui de « le peuple réclame la fin de l’occupation », ou
celui de « le peuple réclame la fin des accords d’Oslo »,
accords synonymes du démantèlement de la cause palestinienne.
Car réclamer la fin de la division
inter-palestinienne sans nécessairement comprendre les causes de
cette division signifie qu’on reste dans un état de
superficialité, qu’on se contente de manifestations « bon
enfant », où les drapeaux palestiniens sont brandis et où
personne en fait ne se sent visé, ni les formations
palestiniennes, ni le pouvoir de Ramallah, ni même les
sionistes. Tant que nous ne montrons pas du doigt les
responsables de la division, nous n’avançons pas d’un pouce.
Certains considèrent que la
division est due à une question de pouvoir, accusant en général
le Hamas de refuser l’entente avec l’Autorité de Ramallah, pour
préserver un pouvoir dans la bande de Gaza. C’est la démarche
des formations palestiniennes qui participent au pouvoir de
Ramallah, en général. Avant le bouleversement dans les capitales
arabes en cours, elles n’ont cessé de faire pression sur le
Hamas pour qu’il accepte le document égyptien (de Moubarak et
Soleyman), pensant que la signature par le Hamas de ce document
mettrait fin à la division et sauverait la cause palestinienne.
En réalité, cette vision de courte
vue ne fait que prolonger la crise interne. Plus, si le Hamas
avait signé un tel document, c’est la politique de l’Autorité de
Ramallah qui aurait été légitimée avec des concessions
importantes offertes à l’occupation. Le Hamas a bien fait de ne
pas se soumettre aux pressions de ces formations palestiniennes,
puisque même l’Autorité ne peut plus en parler, de ce document
devenu orphelin.
Sans cependant nier le désir
profond d’unité qui traverse le peuple palestinien, il est
cependant plus judicieux de reprendre le mot d’ordre du Fateh, à
sa naissance, lorsqu’il était encore un mouvement
révolutionnaire, qui disait que l’unité se réalise dans et par
la résistance à l’occupation. Lorsque tout le peuple palestinien
réalisera que la résistance à l’occupation, par tous les moyens
et surtout militaires, est la seule voie pour libérer la
Palestine, les accords d’Oslo et le document égyptien moribond
seront loin derrière lui et il pourra retrouver son unité.
Donc, comme beaucoup de voix
palestiniennes l’ont proclamé, c’est plutôt les mots d’ordre
« le peuple réclame la fin de l’occupation » ou même « le peuple
réclame la libération de la Palestine » qui représentent le plus
la volonté de changement en Palestine.
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