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Opinion
L'apartheid colonial
à l'université de "gauche" de Tel Aviv
Fadwa Nassar
Mardi 24 août 2010 Au cours de ce mois d’août, les étudiants
arabes (Palestiniens de 48, considérés citoyens) de l’université
de Tel aviv, réputée pour être de gauche et classée parmi les
cent premières universités dans le monde, ont reçu, dans leur
majorité, un refus de leur demande de logement dans l’enceinte
de l’université. Le prétexte trouvé ? Le fait qu’ils
n’accomplissent pas le service « militaire ou civil », soit ne
pas participer à l’effort de guerre de l’entité sioniste.
Avec cette mesure discriminatoire, le registre de l’apartheid
israélien envers les Palestiniens de 48 s’accroît et
l’université de Tel Aviv, réputée de gauche, rejoint
l’université de Haïfa, qui a déjà pris la même mesure
discriminatoire il y a plusieurs années, envers les étudiants
arabes. Non seulement les critères pour entrer à l’université
sont discriminatoires, c’est le logement des étudiants qui est
aujourd’hui concerné. Selon les étudiants, l’université de Tel
Aviv prévoit de s’ouvrir, par le biais des échanges, aux
étudiants étrangers et elle a besoin d’un supplément de
logements. C’est pourquoi elle a introduit de nouveaux critères
dans les demandes de logements, celui d’avoir passé son service
militaire ou civil.
L’apartheid qui ne dit pas son nom
Quiconque examine les nouvelles mesures sionistes, prises par le
gouvernement, le parlement, les institutions civiles ou les
médias, réalise que la société coloniale sioniste se raidit dans
son ensemble, prélude à son éclatement et disparition.
Il y a quelques années, l’institution académique sioniste
instaure un examen pour entrer dans les universités israéliennes
qui devrait statuer sur les aptitudes de l’étudiant et l’aider à
choisir sa filière. C’est dans le principe, mais en réalité, il
s’est avéré que cet examen est surtout conçu pour éloigner les
étudiants palestiniens qui souhaitent rester au pays et y
étudier. Cet examen est surtout centré sur la connaissance de la
langue, la culture et l’histoire « juives ». Une autre loi
précédente prise il y a plus de dix ans, interdit aux étudiants
de commencer leurs études de médecine avant d’avoir atteint
l’âge de vingt ans, soi-disant pour que les étudiants aient eu
le temps de mûrir leur décision. Mais il s’avère qu’il s’agit
d’une loi spécifique pour éloigner les étudiants palestiniens
qui n’ont pas les moyens d’étudier à l’extérieur de la Palestine
occupée, dans les universités arabes ou étrangères. Avant cette
loi, les étudiants palestiniens en médecine allaient directement
à l’université après le bac puisqu’ils ne faisaient pas leur
service militaire, alors que les étudiants juifs devaient
attendre la fin de leur service pour aller à l’université ce
qui, pour l’institution sioniste, représentait un comble
puisqu’elle permettait ainsi aux Palestiniens de devenir
médecins avant les étudiants juifs. D’où le besoin d’attendre
les 20 ans pour décider. Entre-temps, que font les étudiants
palestiniens voulant quand même étudier et se spécialiser? Se
rendre à l’étranger (ce qui ravit les sionistes) ou bien changer
de spécialisation (ce qui les ravit encore plus), puisque le but
recherché est avant tout de priver le peuple palestinien à
l’intérieur de la Palestine occupée en 48 de cadres
scientifiques, académiques, intellectuels et dirigeants
politiques pouvant permettre à la société palestinienne de
résister à l’occupation.
Par ailleurs, ce n’est pas la première fois que les institutions
israéliennes utilisent la question du service militaire pour
faire de la discrimination. Déjà, de nombreuses sociétés, non
seulement publiques, mais privées, accordent la préférence de
l’emploi à « ceux qui ont fait leur service militaire »,
c’est-à-dire à tous ceux qui sont loyaux envers l’institution
coloniale et ses guerres criminelles. Pour priver les familles
palestiniennes des aides familiales, les sionistes ont mis ce
critère en avant, comme pour obtenir un logement dans certaines
villes-colonies gérées par les institutions sionistes, il faut
montrer « patte blanche ».
Il faut cependant remarquer que le service militaire imposé
aux Palestiniens de confession druze, dans al-Jalil, ne les a
pas protégés contre l’arbitraire et la colonisation sionistes.
En effet, les villages palestiniens druzes d’al-Jalil ont
récemment subi une terrible vague de confiscations de leurs
terres, mesures dont la nouvelle génération a bien compris la
signification. C’est pourquoi elle s’organise pour refuser d’une
part le service militaire humiliant que l’institution sioniste a
imposée à leurs parents, et d’autre part, pour prendre part de
plus en plus activement aux luttes que mènent les masses
palestiniennes de l’intérieur de 48.
L’apartheid colonial sioniste est un apartheid qui ne dit pas
son nom, il préfère enrober ses pratiques par un vernis soit
d’égalitarisme, soit d’humanisme et de psychologie. Cependant,
pour créer, sur la terre de Palestine, un Etat juif pour les
Juifs sur le maximum de terres volées en y laissant le minimum
possible de Palestiniens, l’Etat sioniste préfère l’épuration
ethnico-religieuse à l’apartheid. C’est ce qui s’est passé en
1947-48 et qui continue à se passer dans certaines régions de la
Palestine, de 48 ou du reste, comme dans la ville d’al-Qods.
L’apartheid israélien n’est qu’une politique provisoire devant
aboutir à l’épuration ethnico-religieuse de la Palestine,
c’est-à-dire sa judaïsation. Mais le peuple palestinien est
coriace. Il a décidé de rester et de lutter.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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