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Opinion
Un environnement
protecteur
Fadwa Nassar
Sayed Hassan Nasrallah
Lundi 19 juillet 2010
http://french.moqawama.org/...
Au cours de son discours à l’occasion de la journée du blessé
résistant, le 16 juillet dernier, sayyid Hassan Nasrullah,
secrétaire général du Hezbollah, a insisté sur le rôle de
l’environnement protecteur à la collaboration avec l’ennemi
sioniste, comme un des facteurs les plus importants ayant
entraîné la recrudescence de ce fléau dans la société libanaise.
La découverte récente par les services de renseignements de
l’armée libanaise de trois collaborateurs dans la société de
communications Alfa a sonné l’alarme : les collaborateurs
pullulent et cela est dû à un environnement politique où ils se
sentent à l’abri de toute poursuite.
Dans la bande de Gaza également, qui a subi une guerre
meurtrière en décembre 2008 – janvier 2009, les collaborateurs
furent nombreux, avant, pendant et après cette guerre. Le
gouvernement palestinien de Ismaël Haniyyé a lancé récemment une
véritable chasse pour les extirper de la société avant de lancer
une campagne, d’une durée d’un mois, où le collaborateur est
invité à se faire connaître et à se repentir, pour obtenir la
grâce. Sinon, le châtiment sera des plus douloureux. Car les
critiques ont été sévères envers le gouvernement lorsqu’il avait
décidé d’exécuter les traîtres et autres criminels, des
associations de droits de l’homme ayant jugé les exécutions
illégales. De plus, les traîtres et collaborateurs semblent être
nombreux, les services de renseignements sionistes ne laissant
aucun moyen de côté pour les enrôler : pressions et chantages,
appâts du gain rapide sont les armes les plus utilisées par
l’ennemi. C’est pourquoi le gouvernement et les appareils
sécuritaires palestiniens de Gaza ont lancé cette vaste campagne
expliquant d’abord les moyens utilisés par les sionistes, afin
de protéger la société contre ce fléau, puis la campagne du
repentir.
Que ce soit au Liban ou à Gaza, la présence de la résistance
armée n’est pas supportable pour l’Etat sioniste, qui cherche
par tous les moyens à obtenir des renseignements pour pouvoir
attaquer sans risque d’erreurs. A Gaza, malgré tous les
collaborateurs et la guerre criminelle, les appareils israéliens
n’ont pu découvrir le lieu de détention du soldat israélien
capturé en 2006, ce qui montre que les Brigades d’al-Qassam sont
parvenues à protéger ce secret dont le coût est inestimable. Les
Brigades d’al-Qassam ont mis en pratique les paroles de sayyid
Hassan Nasrullah, au début de la guerre israélienne de 2006,
disant que seules des négociations indirectes et l’échange des
prisonniers pourraient ramener les soldats israéliens à leur
société. Au Liban, les services de renseignements israéliens
n’ont pu découvrir, malgré la présence d’un grand nombre de
collaborateurs, où se situaient les zones les plus sensibles de
la résistance islamique. Malgré l’espionnage de certaines
parties de la FINUL pour le compte des sionistes, au sud du
Liban, et malgré la présence de collaborateurs, le Hezbollah est
parvenu, ici aussi, à maintenir secret ce qu’il juge devoir
l’être.
Il reste que l’environnement politique assurant la protection
des collaborateurs s’est étendu, au cours des décennies passées,
que ce soit au Liban ou en Palestine, pour ne pas parler des
autres pays arabes. Il peut être perçu et senti à différents
niveaux. D’abord, le fait de considérer Israël comme un Etat
normal, ou devenu normal (à cause de sa présence dans la région
depuis 60 ans) et non comme une entité coloniale ayant occupé la
Palestine et expulsé une grande partie de sa population. Cette
vision s’est malheureusement développée dans le monde arabe
après les accords d’Oslo et la conférence de Madrid, qui a suivi
la seconde guerre du Golfe, lorsque les puissances occidentales
ont jugé que le fruit était mûr (lire les Arabes sont affaiblis)
pour imposer cette conception de la nature de notre conflit avec
l’entité sioniste. Il faut cependant remarquer que cette vision
aurait pu être généralisée, dominer la région et assurer un bel
avenir à l’entité sioniste si la résistance islamique au Liban
et en Palestine n’avait pas accentué sa lutte et obligé l’Etat
sioniste et ses amis à reculer. Entre 1993 et 2000, date de la
libération du sud Liban et de la Bekaa et du déclenchement de
l’intifada al-Aqsa, les opérations des résistants, en Palestine
et au Liban, mettent en difficulté cette vision mensongère,
surtout lorsque les sionistes réagissent par des assassinats et
des massacres, dévoilant encore plus leur vrai visage criminel.
Par conséquent, la résistance est parvenue, dans les deux pays,
à mener une contre-offensive, en ancrant la culture de la
résistance.
Néanmoins, la conception d’un Etat d’Israël « partenaire dans la
région » a creusé son chemin dans les pays arabes, et notamment
au sein d’une certaine élite économique, intellectuelle ou
politique, qui bénéficie largement d’un soutien financier et
politique de la part de pays européens et des Etats-Unis : la
floraison des ONG dans la société dans les territoires de
l’Autorité palestinienne, à cette époque, n’est pas gratuite.
Ils serviront à saper l’organisation politique des masses
palestiniennes, à les détourner de la lutte nationale et surtout
à détruire les acquis de la première intifada en Cisjordanie et
Gaza.
Mais au Liban, cet environnement a des racines plus profondes,
puisqu’une certaine classe politique n’a pas hésité à faire
alliance avec l’armée sioniste pour détruire la résistance
palestinienne avant 1982 ou à signer un accord humiliant avec
lui en 1984 suite à l’invasion israélienne. La nature
confessionnelle du pouvoir libanais fait partie de cet
environnement favorable, où certains chefs confessionnalistes
pensent trouver auprès d’Israël ou des puissances étrangères de
quoi les aider à affirmer leur domination sur le Liban.
Quelle que soit l’ancienneté de cet environnement, au Liban ou
en Palestine, il présente toutefois des traits communs:
banalisation du fait sioniste par la reconnaissance de fait de
la présence coloniale dans la région, soumission à la volonté
américaine qui n’est pas perçue comme une alliée des sionistes,
mais comme une partie « neutre », dénigrement de la résistance
qui est accusée d’être responsable des guerres et des crimes
commis par les sionistes, dénigrement de la culture de la
résistance devenue pour certains « culture de la mort » et que
ce soit en Palestine ou au Liban, la célébration du « droit à la
vie », de la « joie de vivre », notions hypocrites cachant avant
tout le refus d’assumer sa responsabilité vis-à-vis d’un ennemi
qui rêve de dominer la région depuis un siècle.
En Palestine, toutefois, c’est l’environnement politique
dominant dans la partie encore occupée et colonisée qui procure
un sentiment d’impunité et d’assurance aux collaborateurs, même
à Gaza. Lorsque le premier ministre Salam Fayyad accepte de
participer à la conférence de Hertzelia où les chefs sionistes
élaborent leur stratégie sécuritaire et politique, lorsque Ahmad
Qrai’ n’hésite pas à rencontrer, saluer et à sourire à la
criminelle de guerre Livni, lorsque les appareils sécuritaires
palestiniens du gouvernement de Ramallah font des manœuvres et
rencontrent les appareils sionistes, sous la direction du
général américain Dayton, lorsque ces mêmes appareils font la
chasse et emprisonnent les résistants à peine sortis des prisons
israéliennes, lorsque Mahmoud Abbas n’hésite pas à dénoncer la
résistance militaire et à s’excuser chaque fois que des
résistants parviennent à mener une opération en Cisjordanie
même, lorsque des journalistes palestiniens rencontrent les
journalistes israéliens dans le but de normaliser les relations,
c’est toute une culture politique qui est parvenue à s’infiltrer
dans un secteur de la société palestinienne.
Au Liban, le fait de considérer que les armes de la résistance
sont un obstacle à la vie politique du pays, le fait d’accepter
ou même de solliciter l’ingérence américaine ou française dans
la sécurité du pays, le fait de considérer l’Iran ou la Syrie
comme des ennemis, au même niveau ou même pires, pour certains,
que l’Etat sioniste, le fait d’accepter sans broncher l’entrée
des produits israéliens et de dénigrer les campagnes de boycott,
accepter de rencontrer les Israéliens dans des conférences
organisées par l’Union européenne, sous la houlette de l’union
autour de la méditerranée, conçue d’ailleurs spécialement pour
normaliser les relations entre les sociétés arabes et
israélienne, tout cela fait partie de l’environnement politique
sur lequel comptent les collaborateurs pour poursuivre leurs
crimes.
Dans cet environnement politique et culturel, la collaboration
sécuritaire avec l’ennemi, responsable de la mort de centaines,
voire de milliers de citoyens, la destruction des pays et
l’assassinat de dirigeants de la résistance, devient un simple
point de vue, discutable certes, mais non un crime suprême.
C’est pourquoi les collaborateurs se sentent bien à l’abri.
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