Opinion
Palestine occupée
:
résistance à la judaïsation du Naqab
Fadwa Nassar
Samedi 13 juillet 2013
Le 15 juillet sera
une date de mobilisation et de
résistance à la judaïsation du Naqab,
situé au sud de la Palestine occupée
en 1948. A l’appel du Haut Comité de
Liaison des masses arabes, organisme
unitaire qui rassemble les partis,
les associations et les maires
arabes palestiniens dans l’Etat
colonial sioniste, une grève
générale de protestation contre le
plan Prawer est en préparation. Il
s’agit cette fois-ci de réclamer
dans l’unité l’abolition de ce plan
colonial conçu par le Knesset
israélien pour chasser la population
arabe palestinienne du Naqab.
Le Plan Prawer
ouvre la bataille. Cette fois-ci,
les Palestiniens du Naqab (que
certains insistent à appeler
« bédouins », niant leur
appartenance nationale) seront
expulsés, leurs villages seront
détruits, leurs terres seront
confisquées, « légalement » puisque
le Knesset a accepté au mois de juin
dernier cette nouvelle phase de
nettoyage ethnico-religieux d’une
partie de la Palestine. Le Plan
Prawer est même plus que cela : le
chercheur Thabet Abou Rass, du
centre « Adalah » (centre pour la
défense de la « minorité arabe »)
écrit que jamais un tel plan n’a
encore été conçu par l’établissement
colonial sioniste puisqu’il utilise
tous les outils pour parachever le
nettoyage ethnico-religieux du Naqab.
Ce plan fait partie
d’une série de lois racistes
promulguées récemment par l’entité
sioniste, contre la population
palestinienne de l’intérieur. Il
vise tout particulièrement la
population du sud du pays, mais
menace la présence palestinienne
dans son ensemble. C’est d’ailleurs
ce qu’a déclaré Talab Sanae,
président du haut comité
d’orientation des Arabes du Naqab,
qui a salué les manifestations qui
se sont déroulées récemment à Umm
al-Fahem et dans la vallée de ‘Ara
(dans le Triangle) en soutien à la
population du Naqab. Pour lui, comme
pour les Palestiniens de
l’intérieur, viser le Naqab par la
judaïsation c’est viser tous les
Palestiniens qui vivent encore dans
leur patrie occupée.
L’épreuve de force
est lancée. Si le Plan Prawer n’est
pas remis en cause, l’entité
coloniale aura les mains libres, à
cause du soutien et de l’appui de la
communauté internationale, et de
l’absence de toute réaction arabe
officielle ou populaire, pour
poursuivre la judaïsation de toutes
les régions ayant résisté jusqu’ici,
par la seule mobilisation unitaire
des Palestiniens de 48.
Qu’est-ce le plan
Prawer ? Selon le chercheur Thabet
Abu Rass, il s’agit de la pire des
lois conçue par l’entité coloniale
depuis 1948 quant à ses effets sur
la population palestinienne. Ce plan
vise l’expulsion de 40.000
Palestiniens et la confiscation d’un
demi-million de dunums de terres
(pour rappel : la Journée de la
terre, en 1976, a été déclenchée
pour s’opposer à la confiscation de
21.000 dunums des terres dans la
région d’al-Jalil, au nord). Mais le
plan Prawer propose d’autres mesures
discriminatoires : pour la première
fois, une zone est déclarée fermée
et interdite à une catégorie
« nationale » et non pour des
mesures « sécuritaires », comme le
prétendaient avant les autorités
coloniales. Le plan Prawer interdit
l’indemnisation des Palestiniens
dont les terres seront confisquées
et situées dans une certaine zone,
tout comme il interdit la
construction de villages arabes dans
la zone nord-ouest du Naqab, d’où
les Palestiniens seront exclus par
avance de tout achat de terrain. Le
Plan Prawer a de l’effet sur les
biens confisqués appartenant au
réfugiés de l’intérieur (qui
représentent 25% des Palestiniens de
48), puisqu’il propose une très
légère compensation monétaire pour
les terres confisquées des
Palestiniens du Naqab depuis 1948
(4000 shekels pour le dunum).
De plus le Plan
Prawer propose de nouveaux critères
pour la reconnaissance des villages
arabes, beaucoup plus sévères que
les planifications précédentes,
comme par exemple des critères
économiques, et pour la première
fois, depuis la création de l’Etat
sioniste, des villages arabes sont
détruits pour permettre la
construction de colonies sionistes à
leur place (cela s’est toujours
fait, mais en silence.. sans être
annoncés à l’avance), comme a
commencé la destruction du village
de ‘Umm al Hiran pour installer la
colonie sioniste (Hiran). Un plan
précédent conçu par les sionistes
proposait le maintien du village en
le rattachant à la colonie. Mais le
Plan Prawer veut détruire et effacer
le village en entier.
Selon le chercheur,
le plan Prawer a commencé à être
appliqué, dans le village menacé de
‘Atir. Un des quartiers du village,
comprenant 30 maisons, a été
entièrement détruit et tous les
arbres fruitiers, plantés par les
Palestiniens du village, ont été
arrachés. Mais la population est
restée sur place. Elle refuse de
s’en aller. Des patrouilles de la
police sioniste et les
« brigades vertes » du ministère
sioniste de l’agriculture vont et
viennent, elles menacent la
population et leur enjoignent de
s’en aller. Devant l’insistance à
s’accrocher à la terre et au
village, elles menacent : « des bus
viendront et vous emmèneront loin
d’ici ». Du déjà vu, c’est la Nakba
à nouveau, c’est la Nakba qui se
poursuit.
La mondialisation
des médias, l’élévation du degré
d’instruction dans le monde et
notamment dans le monde arabe et la
multiplication des chaines
satellitaires arabes et
internationales n’ont apparemment
rien changé, pour le peuple
palestinien. La Nakba subie en 1948
se poursuit, dans l’indifférence
générale et face à un silence
complice. Les uns et les autres
trouvent mille prétextes pour ne pas
regarder vers la Palestine occupée,
pour ne pas soutenir la résistance
du peuple palestinien, pour oublier
la Palestine ou la reléguer pour des
moments plus propices, diront-ils.
Mais le peuple palestinien est là,
il s’accroche à sa terre et il
invente mille et un moyen pour
défier et résister au colonial. Ni
sa direction compromise avec
l’occupant, ni son abandon par ses
frères arabes et musulmans ne
l’empêcheront de poursuivre son
chemin : résister, résister,
résister. L’entité coloniale
sioniste ne peut tenir aussi
longtemps que le peuple palestinien,
malgré toutes les apparences de sa
puissance.
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