Opinion
Crimes de guerre
dans la ville occupée d'al-Qods
Fadwa
Nassar
Le
cimetière de Mamanallah - Photo: CPI
Mardi 12 mars 2013 De la mosquée à al-Aqsa
au cimetière Ma’manullah, de
Issawiya à Beit Safafa, c’est toute
la ville occupée d’al-Qods qui subit
en ce moment un des crimes les plus
effroyables de son histoire,
comparable à l’invasion croisée du
moyen-âge, où le sang a coulé dans
la mosquée al-Aqsa et les ruelles de
la ville sainte « jusqu’aux genoux
», d’après les historiens. Le sang coule et a
coulé dans la ville d’al-Qods,
depuis que les sionistes s’en sont
emparés. Il a coulé dans la mosquée
al-Aqsa, dans la vieille ville et
les divers quartiers, de Selwan, à
Issawiya, à Sheikh Jarrah, à She’fat,
Beit Hanina et les autres. Mais les
crimes de guerre perpétrés par les
sionistes à présent dépassent de
loin tout ce que la ville a connu
jusqu’à présent, tout au long de son
histoire. Une poignée de fanatiques
haineux (les sionistes) ont décidé
que la ville historique et
religieuse d’al-Qods, qui renferme
un des patrimoines les plus
prestigieux du monde, serait une
ville juive à la manière sioniste.
Cette ville, qui fut surnommée par
ses fondateurs « ville de paix » est
devenue, depuis l’occupation
sioniste de la Palestine, une ville
hantée par la haine des colons
soutenus par les forces de
l’arrogance dans le monde. La mosquée al-Aqsa
est quotidiennement profanée par les
officiels de l’entité coloniale
comme par les colons, les soldats et
soldates mais aussi par les
touristes qui pénètrent dans la
mosquée sous escorte policière
sioniste, sans afficher un
quelconque respect pour les fidèles
et pour l’islam, au nom duquel elle
fut érigée. Aux yeux des occupants,
la mosquée n’est plus un lieu
exclusif musulman. Ils s’en sont
emparés et veulent la partager,
avant de pouvoir la détruire pour
construire un temple qui aurait été
là il y a des millénaires. Malgré
toutes les fouilles archéologiques
menées par les autorités de
l’occupation elles-mêmes, aidées par
des équipes occidentales, aucune
preuve n’a été apportée qu’un tel
temple se trouvait là, et même si
c’était le cas, les sionistes
d’aujourd’hui qui ont pris d’assaut
la Palestine ne peuvent revendiquer
être les descendants des tribus
passagères des hébreux d’antan, à
moins de distordre l’histoire mille
et une fois. Au nom de quelle
logique, sinon celle de l’arrogance
impériale et coloniale, de la
puissance militaire, de la haine et
du racisme, les sionistes prétendent
démolir le patrimoine d’une ville
plusieurs fois millénaire, pour en
faire une ville « juive », qui
serait la capitale des juifs dans le
monde ? Qu’est-ce qui leur permet de
satisfaire leur appétit criminel,
sinon la complicité des impéralismes
occidentaux qui ont, eux aussi,
maintes fois détruit des lieux
historiques, ailleurs dans le monde,
et qui ont mené des guerres et des
génocides, au nom de la civilisation
et des droits de l’homme blanc, pour
s’emparer des richesses d’autres
pays et peuples ? Qu’est-ce qui leur
permet de poursuivre leurs crimes en
Palestine, dans la ville d’al-Qods
et ailleurs, sinon la complicité des
Etats occidentaux qui ont décidé que
la Palestine, le cœur du monde
arabe, devait rester entre les mains
des spoliateurs, approuvant et
endossant même la falsification de
l’histoire et de la géographie, au
profit des colonisateurs ? Ce qui encourage les
occupants à poursuivre leur crimes
en Palestine, et plus précisément
dans la ville d’al-Qods, c’est
surtout l’attitude des régimes
arabes et musulmans, et même souvent
des peuples dont les révoltes
récentes ont été dévoyées par
l’ignorance crasse injectée à coup
de pétrodollars ou tout simplement
de dollars et d’euros. La Palestine est
donc seule, ignorée par les frères,
et la ville d’al-Qods est menacée
par l’occupation la plus sordide de
l’histoire de l’humanité. A Beit
Safafa, les colonisateurs envisagent
la construction d’une route en plein
milieu du quartier palestinien, pour
faciliter le déplacement des colons.
Beit Safafa avait déjà été partagé,
lors de l’occupation en 1948. Une
partie du quartier a déjà été
judaïsée, et à présent, une autre
portion, la route et ses espaces de
part et d’autre, serait confisquée,
et ce qui restera du quartier,
partagé une nouvelle fois. C’est le
morcellement de tout espace demeuré
palestinien, pour le réduire à
néant. Le cimetière
Ma’manullah, cimetière historique où
sont enterrés d’illustres musulmans
mais aussi des familles maqdisies,
subit le dernier coup avant sa
disparition. Non seulement le «
musée de la tolérance » à la manière
sioniste serait construit, mais
c’est à présent une « aire de jeux
pour enfants » et un parking qui
vont faire disparaître un des
témoins de l’histoire millénaire de
la Palestine. Dans la mosquée al-Aqsa,
soumise au blocus, les policiers et
garde-frontières entrent, attaquent
les étudiantes qui y étudient,
piétinent le saint Coran. Où sont
passés les mots d’ordre des foules,
scandés jusqu’à l’hystérie : « vers
al-Qods nous partirons, des martyrs
par millions » ? Cependant, le
martyre n’est pas une simple
affaire, mais une école, une
éducation, un projet, une vie. La population
maqdisie résiste. Elle protège sa
ville et les lieux saints de l’Islam
et de la Chrétienté, alors que les
musulmans et les chrétiens dans le
monde détournent leurs regards, par
lâcheté ou par complicité. Pas un
jour ne passe sans qu’une
manifestation, protestation,
déclaration ou tentative de tuer ou
de poignarder un colon ou un soldat
n’aient lieu. Samer Issawi, en grève
de la faim depuis plus de 230 jours,
a refusé la proposition des
autorités de l’occupation consistant
à le libérer à condition qu’il
accepte sa déportation vers la bande
de Gaza. Il a compris qu’accepter sa
déportation signifiait avant tout
abandonner la lutte et laisser faire
la judaïsation de sa ville. Les
maqdisis savent qu’il leur faut
tenir comme tient Samer Issawi. Ils
ne partiront pas, même au prix de
leur martyre. Même si les
autorités de l’occupation ont isolé
la ville d’al-Qods de son
environnement palestinien, même si
elles prennent des mesures de plus
en plus criminelles et racistes,
même si elles sont soutenues par la
communauté internationale complice,
eux, les Maqdisis, ne partiront pas.
Ils résisteront. Et que tous les
autres assument.
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