Opinion
Reconnaître
l'entité sioniste
est pire que la déclaration Balfour
Fadwa Nassar
Samedi 3 novembre
2012 95 années sont
passées depuis cette déclaration, où
le ministre britannique Balfour a
promis aux « Juifs » une « patrie »
en Palestine, alors que ce pays ne
lui appartient pas et que les «
Juifs » ne le méritent pas. La «
déclaration Balfour » fut unique
dans l’histoire humaine : aucun
impérialisme n’a jamais osé
dépouillé un peuple de sa terre pour
la livrer à autrui. L’impérialisme
français a essayé de reproduire ce
crime dans les années 70 du siècle
passé pour installer des minorités
vietnamiennes dans le territoire de
la Guyane « française », mais le
contexte stratégique reste
incomparable et fait de cette
déclaration, comble de l’injustice
et de l’arrogance coloniale, un fait
unique dans l’histoire de
l’humanité. La victime de cette
déclaration criminelle est le peuple
palestinien d’abord, qui fut
dépossédé « légalement » (puissances
impériales puis ONU) de sa patrie,
et les peuples arabes qui durent
subir un accord impérial, l’accord
Sykes-Picot, qui a démembré leur
région et tenté de démembrer leurs
esprits pour les empêcher de tenir
tête aux sionistes. Mais ni la
déclaration Balfour, ni l’accord de
Sykes-Picot, ne sont légitimes. Ils
sont le produit d’un rapport de
forces qui a écrasé les peuples
arabes et martyrisé le peuple
palestinien. 95 ans après cette
déclaration, le peuple palestinien
n’a pas abandonné la lutte. Il se
bat et résiste, malgré tous les
abandons, toutes les défaites et les
compromissions faites à ses dépens,
par les uns et les autres. Dès 1916,
bien qu’il n’avait pas les moyens
matériels de résister à ce complot
international, il a pris les armes,
il s’est organisé, et a refusé
d’accorder même un brin de
légitimité à ce projet colonial,
puis à cette entité composée de
colons. La révolution organisée par Ezzdine al-Qassam dans les années 30
contre les troupes britanniques et
les colons sionistes fut la réponse
adéquate à tous ceux qui ont essayé
de ménager les britanniques, pour ne
dénoncer que la colonisation
sioniste, pensant que la «
communauté internationale »
comprendrait leurs doléances. La
compromission envers l’impérialisme
entraîna l’occupation de la
Palestine et l’installation de cette
entité coloniale qu’est l’Etat
sioniste. Aujourd’hui, 95 ans
après cette sinistre déclaration et
le démembrement de la région arabe,
et parce que le peuple palestinien a
refusé d’abandonner sa lutte, parce
que des dizaines de milliers de
martyrs sont tombés pour que vive la
Palestine, dans le cœur des
Palestiniens, puis dans le cœur des
peuples arabo-musulmans et des
peuples du monde solidaires de cette
cause, l’Etat sioniste connaît les
moments les plus tourmentés de sa
fragile existence. 95 ans après la
déclaration Balfour, malgré les
tentatives de l’équipe d’Oslo (les
accords d’Oslo signés par l’OLP et
l’Etat sioniste sous l’égide
américaine en 1993), et malgré les
récentes déclarations du président
palestinien Mahmoud Abbas, le peuple
palestinien et les peuples arabes
refusent de reconnaître la
légitimité de l’entité sioniste en
Palestine. C’est le sens des
déclarations des principales
organisations combattantes du peuple
palestinien, le Hamas et le
mouvement du Jihad islamique en
Palestine, qui ont aussitot réagi
aux paroles de Mahmoud Abbas, disant
qu’il ne réclamait pas son droit au
retour dans sa ville natale, Safad,
et qu’il se contentait de vivre à
Ramallah, et que pour lui, la
Palestine n’était que les
territoires occupés en 1967
(Cisjordanie, Gaza et la partie
orientale d’al-Qods). Le dirigeant
dans le mouvement du Jihad
islamique, Daoud Shehab, a déclaré
que son mouvement accordait autant
d’importance, sinon plus, aux villes
de Yafa, Safad, Akka et al-Majdal,
que la Cisjordanie ou Gaza, et qu’il
poursuivra son combat jusqu’à la
libération de toute la terre de
Palestine. Quant à Izzat Rashq,
responsable au mouvement Hamas, il a
refusé les déclarations de Mahmoud
Abbas, affirmant que ce dernier ne
représentait que lui-même, et que le
peuple palestinien reste attaché à
toute sa terre et qu’il poursuivra
son combat jusqu’à la libération.
Les deux dirigeants ont exprimé la
volonté de leurs mouvements et du
peuple palestinien de se battre pour
le retour de tous les réfugiés dans
leur patrie libérée. Dans son communiqué
à l’occasion de cette sinistre
commémoration, le mouvement du Jihad
islamique en Palestine a refusé de
reconnaître toute légitimité issue
de la déclaration Balfour, et tout
règlement basé sur la reconnaissance
de l’entité coloniale. Il a
également mis en garde les peuples
arabes qui peuvent voir l’illusion
de gagner la bataille du
développement et de la réforme, tant
que cette entité coloniale poignarde
notre nation. « le maintien de cette
entité criminelle sur notre terre
menace tous les projets de renouveau
et de développement dans nos pays »,
d’où l’importance « d’unir nos
forces et nos énergies pour lever
cette menace ». 95 ans après la
déclaration arrogante de Lord
Balfour qui a promis la terre de la
Palestine aux colons juifs, afin
d’instaurer une entité devant
assurer les intérêts impérialistes
dans la région, nous assistons à la
décomposition lente mais sûre de
cette colonie, et une accentuation
de plus en plus aigue de la lutte
dans notre région. Comme le corps
humain, notre nation n’a pu
s’habituer à ce microbe, elle
s’enfièvre et risque d’enfiévrer le
monde entier, en vue de le détruire,
car toute pseudo-coexistence
signifie tout simplement notre
disparition. Des paroles aussi
insultantes que celles proférées par
Mahmoud Abbas contre le peuple
palestinien, son histoire et sa
lutte actuelle, ne peuvent que
l’entraîner vers le sort de Moubarak
et Ben Ali. Si les sionistes et les
impérialistes de tout bord, l’ont
applaudi, ils savent pertinemment
qu’il n’a aucune prise sur son
peuple et que pour sortir de son
réduit territorial en Cisjordanie,
il lui faut l’accord du dernier
colon débarqué d’Ethiopie. Si lui a
abandonné Safad aux colons
sionistes, tous les réfugiés de
Safad n’attendent que l’instant
propice pour y retourner et le monde
sera ébahi de voir avec quelle
rapidité nous prendrons possession
de notre pays.
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