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Opinion
Palestine 2010: La
résistance isole l'entité sioniste
Fadwa Nassar
Lundi 3 janvier 2011
Au cours de l’année qui vient de s’achever, la guerre
criminelle contre la bande de Gaza a continué à poursuivre
l’entité sioniste de ses effets: son isolement de plus en plus
marqué dans le monde, et notamment dans l’opinion européenne, le
rapport Goldstone qui dénonce ses crimes, non seulement lors de
cette guerre, mais aussi dans toute la Palestine, la crise
d’abord entre la Turquie et l’entité criminelle puis la rupture
avec l’acte de piraterie sanglant contre la Flotille de la
liberté, la campagne Boycott Désinvestissement et Sanctions
(appelée campagne BDS) qui s’étend dans plusieurs pays
européens, notamment nordiques. Cette prise de conscience
élargie dans le monde sur la nature de l’Etat sioniste,
spoliateur, criminel et raciste, va exacerber le conflit,
d’autant plus que l’occupation sioniste poursuit et accentue sa
répression et sa colonisation à l’intérieur de la Palestine.
C’est, en début d'année, l’assassinat de Mahmoud Mabhouh, cadre
de la résistance islamique Hamas, à Dubaï, qui va montrer à quel
point « Israël » bafoue toutes les règles de la diplomatie
internationale: il se sert de ses relations avec les pays
européens pour voler et maquiller des passeports afin de
commettre cet assassinat. Malgré l’assassinat, c’est le fiasco «
israélien » qui s’ajoute aux défaites militaires récentes subies
par cet Etat voyou: l’opération fut presque entièrement filmée
et les exécutants reconnus. Ils sont actuellement recherchés par
Interpol bien qu’ils se terrent dans le havre de la criminalité
que représente l’Etat sioniste. Mais cet assassinat a cependant
montré le degré de collaboration de services sécuritaires et
politiques européens avec l’Etat criminel. Peu d’Etats européens
ont publiquement protesté contre le vol et l’utilisation de
passeports de leurs citoyens pour commettre un assassinat
politique mais surtout, ils n’ont jamais dénoncé l’assassinat en
tant que tel, le jugeant « justifié » puisque c’est l’Etat voyou
qui le commet.
Cet assassinat a participé à la dénonciation et l’isolement de
l’Etat sioniste dans le monde sans cependant pouvoir ébranler
les assises de la collaboration impérialiste – sioniste qui est
toujours aussi puissante, malgré les crimes commis tout au long
de cette année.
Le gouvernement Netanyahu qui s’est constitué avec des partis
sionistes ouvertement racistes et adeptes du nettoyage
ethnico-religieux n’a cessé, tout au long de cette année, de
promulguer des lois et des ordres pour judaïser la Palestine
toute entière : la confiscation des lieux saints palestiniens en
tant que faisant partie du « patrimoine juif », les noms des
lieux et des villes palestiniens sont remplacés par des noms
juifs dans al-Qods et la Palestine occupée en 48 et sur le
terrain, les colons sont lâchés afin qu’ils puissent commettre
le plus d’actes criminels possibles : arrachage des oliviers
centenaires, ravages des champs cultivés, violations des
cimetières et profanation des lieux saints, attaques organisées
contre les Palestiniens, écrasement en voitures des passants, et
notamment des enfants. Le pouvoir sioniste se concentre de plus
en plus entre les mains d’une poignée de sionistes haineux au
gouvernement, laissant de côté la Knesset qui devrait, selon les
usages sionistes, promulguer lui-même les lois. La crise
politique interne au pouvoir sioniste est latente, le parti des
travaillistes se voit laminé, beaucoup de ses membres rejoignent
Kadima, pour consacrer un virage de la société sioniste dans son
ensemble vers un racisme exacerbé, où la surenchère est lancée
pour savoir qui porte le plus de haine aux Palestiniens et
au-delà, aux Arabes, aux musulmans et à l’humanité toute
entière. Les lois promulguées contre les Palestiniens de
l’intérieur, témoins vivants de la Nakba survenue en 1948 et
dont la présence dans leur pays rappelle toujours aux
envahisseurs venus d’ailleurs qu’ils ne sont que passagers sur
cette terre, témoignent cependant de la crise « israélienne »
profonde de cette société coloniale : jugé comme étant un «
havre de démocratie » par les Etats occidentaux, voilà que
l’Etat sioniste affiche clairement que sa « démocratie » n’est
qu’un mélange de pratiques coloniales, colonialistes et racistes
cherchant à préserver un semblant de pratiques démocratiques
pour les colons exclusivement. Fini le temps où l’Etat colonial
pouvait s’afficher comme protecteur de « ses minorités » !
C’est surtout la résistance palestinienne généralisée contre les
actes et les propos criminels des sionistes qui vont être le
levier de l’isolement de l’Etat colonial: dans la Palestine
occupée en 48, après les manifestations massives de 2009 contre
la guerre criminelle contre Gaza et la mobilisation généralisée
contre la colonisation et la judaïsation d’al-Qods, les
Palestiniens de 48 se mobilisent massivement pour défendre la
ville d’Umm al Fahem, visée par les colons tout comme ils se
mobilisent pour empêcher la destruction du village non reconnu
dans al-Naqab, al-Araqib, qui subit huit assauts de destruction
au cours de l’année, le dernier étant intervenu quelques jours
avant la fin de l’année. Al-Araqib, village palestinien situé
dans al-Naqab, résiste : il est reconstruit après chaque passage
des hordes sauvages envoyées par l’Etat et sa population accepte
de dormir sans toit parce qu’elle refuse d’abandonner le
terrain. Le village d’al-Araqib dans al-Naqab est devenu, au
cours de l’année, le symbole de la résistance populaire contre
la barbarie sioniste, aux côtés de la résistance maqdisie à
Selwan, surtout, quartier visé par la colonisation et la
destruction, tout comme est visée la vallée du Jourdain qui
subit un assaut colonisateur décisif. Mais c’est aussi l’année
de la poursuite des manifestations voulues « pacifistes » par
l’Autorité palestinienne contre le mur de la colonisation, aux
alentours de Ramallah, où tombent les martyrs palestiniens, où
sont arrêtés militants et journalistes et où sont blessés des
activistes internationaux avant d’être expulsés.
Dès le début de l’année, les Palestiniens protestent contre le
règlement militaire 1650 qui autorise l’occupant à expulser les
Palestiniens de leur propre pays et à les déporter loin de leurs
villages et villes, régions et pays. C’est ainsi que des
prisonniers libérés sont déportés loin de leur région en
Cisjordanie, vers la bande de Gaza. Ce règlement militaire vise
des centaines de milliers de Palestiniens vivant en Cisjordanie,
al-Qods y compris. Mais la résistance s’organise avec la
libération de députés et responsables politiques du Hamas, qui
refusent leur déportation. Le député Mohamad Abou Tayr, député
d’al-Qods, refuse sa déportation. Il est arrêté, emprisonné
pendant deux mois avant d’être déporté de force à Ramallah en
cette fin d’année. Deux autres députés, Ahmad Atoun et Mohamad
Tawtah ainsi qu’un ancien ministre du Hamas, Khaled Abou Arfeh,
refusent leur déportation et se réfugient dans les locaux de la
Croix-Rouge internationale, à al-Qods même, suscitant un large
mouvement de solidarité, locale, régionale et internationale et
mettant un frein à la politique de déportation massive que les
sionistes prévoient.
Mais la résistance est aussi militaire, avec l’importante
opération menée par le Hamas aux abords de la ville d’al-Khalil
qui non seulement défie l’occupant, mais également les services
sécuritaires de l’AP, formés par le général américain Dayton. Le
résistant Raed al-Karmi, un des responsables de l’opération,
sera exécuté dans un raid massif des sionistes sur la ville
d’al-Khalil, pendant que l’AP se charge d’arrêter, en fin
d’année, le résistant al-Qawasmy, recherché par les forces de
l’occupation. Malgré les pratiques répressives de l’AP en
Cisjordanie, consistant à arrêter les résistants et leurs
sympathisants, à les enfermer dans ses geôles et à les torturer,
pour obtenir la satisfaction de l’Etat sioniste qui se voit
déchargé de ses efforts sécuritaires, le Jihad islamique, le
Hamas et d’autres formations poursuivent leur résistance à
partir de Gaza, empêchant les sionistes de grignoter le terrain
et stoppant les incursions militaires contre Gaza assiégée.
Ce sont les enfants de Selwan affrontant massivement les colons
et les forces armées de l’occupation qui dénoncent la passivité
sinon la complaisance des Etats arabes, musulmans et
internationaux avec l’occupant. Leur courage exemplaire attire
l’attention du monde sur la politique criminelle menée par les
sionistes qui n’hésitent pas à tuer froidement, arrêter et
torturer des enfants ou les confier à des colons haineux qui les
enferment pendant des jours dans des lieux sinistres dans leurs
colonies.
L’année 2010 avait été proclamée l’année des prisonniers par le
gouvernement Haniyé à Gaza. Ce fut l’occasion, pendant toute
l’année, de rassemblements de solidarité massifs avec les 7800
prisonniers, dont plusieurs centaines sont détenus depuis plus
d’un quart de siècle. A Berlin, à Gaza et à Alger, les
rassemblements internationaux de solidarité avec les prisonniers
mettent l’accent sur la nécessité de libérer les prisonniers
palestiniens et arabes détenus dans les geôles sionistes avant
toute reprise des négociations entre l’Autorité palestinienne et
l’Etat sioniste. Durant l’année, les sionistes arrêtent 4168
palestiniens, surtout en Cisjordanie et al-Qods, en montrant une
sauvagerie particulière dans la répression des enfants d’al-Qods.
La fermeté des Palestiniens qui utilisent toutes formes de
résistance contre l’occupant va ouvrir la voie à la solidarité
internationale : les campagnes de boycott se multiplient, mais
c’est surtout la préparation de la Flotille de la liberté pour
briser le blocus de Gaza qui fera culminer la mobilisation
contre l’Etat criminel. A bord de la Flotille, des militants
turcs, des personnalités internationales mais aussi sheikh Raed
Salah, le « sheikh d’al-Aqsa ». Alors que la Flotille se
rapprochait des côtes palestiniennes, la marine sioniste
intervient dans les eaux internationales dans un acte de
piraterie inadmissible contre un mouvement désarmé et
humanitaire et assassine froidement 9 militants turcs, blesse
d’autres et arrête tous les passagers, venus des quatre coins du
monde. Dénoncé verbalement par ce qui s’auto-proclame «
communauté internationale », le geste criminel n’est cependant
ni puni ni poursuivi, montrant une fois de plus la collaboration
impérialiste avec la criminalité de l’Etat colonial.
Cet épisode terroriste ne fera que renforcer, dans le monde
entier cette fois-ci, le mouvement de solidarité avec le peuple
palestinien. Ce sont des préparatifs de nombreux convois venant
de différentes parties du monde qui mettent l’accent sur la
nécessité de briser le blocus impérialo-sioniste contre le
territoire libre et digne de Gaza, avec un langage de plus en
plus radical et antisioniste, le dernier en date étant le convoi
Asie 1 qui rassemble plus d’une centaine de militants asiatiques
solidaires de la Palestine.
Alors que ce mouvement de solidarité s’amplifie et que
l’équilibre politique régional des forces penche du côté du
front de la fermeté antisioniste, avec la Turquie, l’Iran, la
Syrie aux côtés de la résistance armée en Palestine et au Liban,
au détriment du front américano-sioniste qui a subi plusieurs
défaites, ce dernier mène complots après complots, ayant encore
en main plusieurs atouts, dont la puissance militaire et
l’alignement de plusieurs régimes arabo-musulmans à ses
volontés. Au niveau palestinien, c’est l’impasse dans laquelle
se trouve l’Autorité palestinienne de Ramallah qui d’une part,
se plie aux désirs américains et accepte la coordination
sécuritaire avec l’occupant et qui, d’autre part, fait face au
durcissement de ton des sionistes qui refusent catégoriquement
tout plan américain ou européen mettant en cause leur volonté
d’hégémonie. L’Autorité de Ramallah est même empêchée, par un
chantage sournois au financement, de reprendre le vrai fil des
discussions pour une réconciliation nationale sur une base de
lutte contre l’occupant, alors que les pressions sont exercées
pour qu’elle reprenne les négociations avec l’Etat colonial :
négociations indirectes puis négociations directes, sous l’égide
américain et avec l’approbation des régimes arabes
pro-américains aboutissent, en fin d’année, à un cuisant échec
après la reconnaissance par les Etats-Unis qu’ils ne peuvent (ou
ne veulent) exercer aucune pression sur l’Etat sioniste, pour
geler la colonisation pour au moins quelques mois.
Il semble cependant difficile de penser que l’Autorité
palestinienne de Ramallah ait compris où se trouve le véritable
intérêt du peuple palestinien puisqu’elle continue à miser sur
ce qui s’appelle « communauté internationale » au lieu de
consolider intérieurement la société palestinienne. En cette fin
d’année, elle décide de porter ses efforts vers les
Nations-Unies pour faire reconnaître un Etat palestinien, alors
que sur le terrain, pendant que le gouvernement sioniste
soutient une colonisation effrenée, elle réprime le mouvement de
la résistance aux colons et aux forces de l’occupation.
Contrairement à l’opinion qui a jugé que l’éviction de Dahlan,
membre influent du Fateh, pourrait assainir le climat et
favoriser la voie de la lutte, il faut plutôt considérer que
cette éviction, intervenue pour des raisons personnelles, sert
plutôt les intérêts américano-sionistes puisqu’elle intervient
dans le cadre de la formation de cette nouvelle force
sécuritaire apolitique et aseptisée dont a rêvé le général
Dayton, le jour où il a voulu former « le nouveau palestinien ».
L’échec de la voie des négociations est un appel à se diriger,
sans aucune hésitation, vers la voie de la résistance, qui a
déjà prouvé qu’elle était et est encore seule capable de libérer
la terre occupée, de chasser les envahisseurs et de vivre dans
la dignité, d’autant plus que les peuples dans le monde semblent
découvrir, comme jamais auparavant, ce qu’est la nature de
l’état spoliateur d’Israël. C’est par la résistance que l’Etat
sioniste peut être de plus en plus isolé.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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