Ainsi, le président yéménite, Ali Abdallah Saleh,
confronté à des protestations populaires, a convoqué le
Parlement et le Conseil consultatif à une réunion
aujourd’hui, à la veille d’une manifestation prévue par
l’opposition, selon l’AFP, citant une source officielle. Le
chef de l’Etat devrait s’exprimer au cours de cette réunion
extraordinaire, a-t-on précisé de même source, sans donner
d’information sur la teneur de son intervention.Des milliers
de Yéménites, inspirés par la Tunisie et l’Egypte, avaient
manifesté jeudi dernier à Sanaâ à l’appel de l’opposition
pour réclamer le départ du président Saleh, au
pouvoir depuis 32 ans. La réunion de la Chambre des
députés et du Majlis al choura (Conseil consultatif)
intervient alors qu’une «journée de colère» est prévue
demain, toujours à l’appel de l’opposition. Le parti au
pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), a également
appelé ses partisans à des manifestations le jour même pour
contrer l’opposition, selon une source du CPG.
Le Yémen est l’un des pays arabes les plus pauvres. Le
président yéménite avait annoncé lundi dernier la création
d’un fonds pour l’emploi des diplômés et l’extension de la
couverture sociale à un demi-million de personnes, dans une
tentative de calmer les revendications populaires. Dans le
même temps, le parti au pouvoir a appelé dimanche les partis
de l’opposition, réunis au sein du «Forum commun», à
reprendre le dialogue au sujet des réformes
politiques, interrompu depuis la décision des autorités
d’organiser des élections législatives le 27 avril sans
attendre le résultat de ce dialogue. Le chef du Forum
commun, Mohamed Al Moutawakel, a cependant assuré qu’il «n’y
aura pas de dialogue sans l’annulation des mesures prises
unilatéralement par le parti au pouvoir», dans une référence
à la décision de tenir les élections et au projet
d’amendements constitutionnels. Les députés doivent examiner
le 1er mars une révision constitutionnelle susceptible
d’ouvrir la voie à une élection à vie du président, au
pouvoir depuis 1978.
Au royaume hachémite, le Front de l’action islamique
(FAI), principal parti d’opposition en Jordanie, a critiqué
hier le choix de Maârouf Bakhit, chargé le même jour par le
roi Abdallah II de former un nouveau gouvernement,
estimant qu’il n’était «pas un réformateur» et promettant de
poursuivre les manifestations. «Maârouf Bakhit a conduit les
pires élections législatives en Jordanie» lors de son mandat
de Premier ministre en 2007 et «il n’est pas un
réformateur», a déclaré M. Zaki Bani Rsheid, membre du
comité exécutif du FAI. «Il n’est pas l’homme pour diriger
la période transitoire et pour sortir de la crise la
Jordanie», a-t-il ajouté. «Il semble que le train des
réformes n’est pas encore en marche. Nous sommes contre ce
Premier ministre. Notre expérience passée n’est pas
encourageante», a déclaré à l’AFP le secrétaire
général du FAI, Hamzeh Mansour.
Les manifestations vont se poursuivre car «les raisons
pour ces manifestations sont toujours valables», a-t-il
ajouté. Le FAI et la confrérie des Frères musulmans devaient
se réunir hier après-midi pour évaluer les
«conséquences de cette décision». Néanmoins, les islamistes
ont déjà annoncé un sit-in de protestation devant les
bureaux du Premier ministre vendredi prochain après la
prière. Le roi a demandé au nouveau Premier ministre, qui a
déjà occupé ce poste de 2005 à 2007, «de prendre des mesures
rapides et claires pour des réformes politiques réelles qui
reflètent notre vision pour des réformes générales modernes
soutenant notre action en faveur de la démocratie», selon le
palais.