Découverte par les États-unis
de colis suspects en provenance du Yémen. Suspect :
Al-Qaïda. Comme pour accréditer l’accusation, le régime
de Sanaâ annonce, juste après, avoir détruit sur son sol
26 caches d’explosion de la franchise de Ben Laden dans
la péninsule arabique.
Ce n'est pas la première fois que cette filiale de
l'organisation d'Oussama ben Laden donne des maux de
tête aux Américains. L'hiver dernier, ce groupe avait
revendiqué un attentat raté contre le vol A330 de la
Northwest Airlines, à Detroit. Et tout ceci est porté
sur la voie publique juste avant les élections de
mi-mandat américaines et dont tous les sondages donnent
les démocrates à la traîne derrière les républicains.
Obama n’a pas raté l’opportunité pour mettre l’accent
sur sa détermination à éradiquer le terrorisme qui
frappe à ses portes. Loin de nier les menaces d’Al-Qaïda
sur les États-Unis, il est tout de même tentant de faire
un rapprochement avec les difficultés que traverse le
pouvoir américain. Cela rappelle les mandats de Bush
durant lesquels Ben Laden s’invitait lorsque celui-ci
était en difficulté à l’étranger et chez lui. Le tour a
bien fonctionné durant huit années et Bush, ne doit-il
pas son second mandat à la situation sécuritaire ? Et ce
ne sont pas des fantasmes puisque même l’Europe est
servie par Al-Qaïda.
Les annonces d'attentats déjoués et d'alertes en Europe,
qui s’étaient multipliées à une cadence rapide en été,
devaient certainement signer qu’un danger était
probable, tout comme la possibilité d'une exploitation
politique, avaient estimé des experts. La
Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Espagne et la France ont
profité de ces moments pour faire passer des lois
drastiques, revenant sur des acquis sociaux. L’Europe a
bien transpiré à la fin de l’été avec les multiples
projets déjoués d'attaques simultanées en France,
en Grande-Bretagne et en Allemagne, planifiées au
Pakistan en lien avec Al-Qaïda.
La France est en état de vigilance accrue depuis
l'enlèvement, revendiqué par Aqmi, de sept personnes
dont cinq Français au Niger. Là aussi, l’événement
s’était déroulé au moment où s’affrontaient syndicats et
pouvoir à propos de la loi sur les retraites. Et lorsque
la France a renoué, fin octobre, avec l’agitation des
années 2005 qui s’était soldée par la montée de la
droite extrême au nom du tout sécuritaire et dont le
chef de file devait par la suite occuper l’Élysée, Ben
Laden s’est en personne invité dans la crise française.
C’est la première fois qu’il s’adresse à un peuple autre
que le peuple américain ; Ben Laden change de cible,
pour ainsi dire. Et ce message n’est pas seulement un
avertissement à la France, c’est aussi une mise en
perspective des actions d’Al-Qaïda au Maghreb islamique
(Aqmi), qui, depuis 2006, multiplie les enlèvements
d’otages occidentaux, les opérations de contrebande et
de trafic. Depuis l’été, des contradictions ont éclaté
un peu partout à travers les pays occidentaux, portant
les revendications de leurs populations dans la rue. Et
la bulle médiatique qui a mouvementé ces alertes réelles
n’a pas cessé de se gonfler.
Au point où certains commentateurs n’ont pas hésité à
s’interroger sur l’explosion de ces menaces et les
agendas politiques de certains grands pays. Aux
États-Unis, les républicains n’ont pas raté l’occasion
pour démontrer les failles de l'administration du
président Barack Obama qui, lui, peut chercher à montrer
à quel point il est mobilisé dans la lutte
antiterroriste à l'approche des élections de mi-mandat
de ce mois. En France, l'opposition de gauche a
soupçonné d'arrière-pensées politiques le pouvoir du
président Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les
sondages, à un an et demi de la fin de son mandat.
L'ex-candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène
Royal, a évoqué “une part de mise en scène”. Cela dit,
le risque terroriste est une menace réelle, fréquente et
constante.