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Opinion
Claude Allègre
attaque Politis
Denis Sieffert
Photo : FEFERBERG/AFP
Jeudi 20 mai 2010
L’ancien ministre s’estime diffamé par une
tribune parue dans notre journal le 18 juin 2009.
Le texte portait les signatures de huit personnalités du monde
universitaire, scientifique ou associatif. Politis revient sur
le fond des débats qui, depuis vingt ans, nous opposent à Claude
Allègre. Et lance une
pétition de soutien au journal.
À l’heure où nos lecteurs découvriront ces lignes, les
auteurs d’une
tribune publiée par Politis le 18 juin 2009, ainsi
que le directeur de la publication, auront été mis en examen
pour « diffamation publique envers un fonctionnaire public ».
Ledit fonctionnaire n’est autre que Claude Allègre, dont Patrick
Piro brosse le portrait dans les pages suivantes. Nous n’aimons
guère l’adjectif « controversé » qui, dans tant de débats
publics, sert à insinuer pour ne pas avoir à affirmer. Mais s’il
s’applique à quelqu’un, c’est bien à Claude Allègre. L’homme est
de nouveau, aujourd’hui, au cœur d’une controverse qu’il a
lui-même provoquée en contestant violemment les travaux des
climatologues qui nous mettent en garde contre les conséquences
de certaines activités humaines sur l’avenir de la planète. Il
est entré dans ce débat comme toujours, sans être trop regardant
sur les moyens ni les arguments. Comme un mauvais rugbyman dans
la mêlée : en piétinant ses adversaires. Contrairement à la
présentation que l’on fait de lui dans certains médias
complaisants, il n’est pas un « sceptique ». Le scepticisme ne
peut pas plus s’appliquer aujourd’hui aux conclusions des
climatologues du monde entier qu’à la rotondité de la terre.
Ce que M. Allègre appelle improprement scepticisme, c’est
l’incrédulité de l’ignorance. Et pire encore : l’exploitation de
cette incrédulité par quelqu’un qui sait.
Mais, en juin 2009, lorsqu’est paru sous le titre « Claude
Allègre : question d’éthique » le texte de Politis,
l’important personnage avait une autre actualité. On parlait de
lui comme ministrable dans le gouvernement Fillon. Il
s’apprêtait à devenir dans le domaine des sciences et de
l’éducation ce qu’Éric Besson, ancien socialiste comme lui, est
à la solidarité et aux droits de l’homme. Aurions-nous,
malencontreusement, interféré dans ce calendrier ? Serait-ce la
cause de la colère de Claude Allègre à notre égard ? Quoi qu’il
en soit, nous voulons dire ici que, ce texte, nous sommes fiers
de l’avoir publié et nous l’assumons pleinement aux côtés de nos
sept amis – sept, hélas, et non pas huit, puisque Jean-Yves
Barrère, emporté par la maladie, nous a quittés depuis. Ce
texte, il peut se lire comme un bilan critique de toute une
carrière. Mais aussi comme prémonitoire de la polémique sur le
climat. Preuve de sa double actualité.
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