|
Ha'aretz
Avis de décès de l'unilatéralisme
Danny Rubinstein
[Après le Liban et Gaza, l¹unilatéralisme
israélien est mort. L¹alternative : un accord avec les Palestiniens. Du côté palestinien, on
semble y être prêt et on en discute. Mais rien n¹est joué. Du côté israélien,
"business asusual" ]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/752754.html
Ha¹aretz, 21 août 2006
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Après les événements au Liban et à Gaza, le concept de l¹unilatéralisme
semble avoir vécu. Plus de plan de convergence unilatéral. Avec
lui pourrait disparaître son frère jumeau : le mur de séparation. Car à
quoi sert un mur quand la guerre est menée à coups de Katiouchas, de Qassams et d¹enlèvements
? Si le tracé du mur avait suivi la ligne Verte, cela aurait été
différent,
mais à partir du moment où il a commencé à empiéter sur la
Cisjordanie, en particulier dans la zone de Jérusalem, il est devenu un plan d¹annexion
par la tromperie, par ailleurs impossible à mettre en oeuvre
autrement qu¹en provoquant souffrances, discriminations et exploitation, ce qui ne
peut pas durer indéfiniment.
L¹alternative à l¹unilatéralisme a été et demeure la
recherche d¹un accord. Les Palestiniens le demandent, et depuis quelques jours, ils y
travaillent. La semaine dernière, Mahmoud Abbas a passé trois jours à Gaza
pendant lesquels il a eu de longues conversations avec d¹importantes
personnalités du Hamas. Pour la première fois, Abbas a réuni à Gaza le
Conseil national de
sécurité de l¹Autorité palestinienne, réunion où étaient présents
le Premier ministre Ismail Haniyeh et le ministre de l¹intérieur Saïd
Seyam, responsable de l¹appareil de sécurité intérieur de l¹Autorité
palestinienne.
La première question à l¹ordre du jour a été la mise sur pied
d¹un gouvernement d¹union nationale. Tous les courants politiques
palestiniens comprennent que l¹embargo sur le gouvernement du Hamas, imposé
par les Etats-Unis et la plus grande partie du monde, doit être contourné.
Comment faire ? Créer un nouveau gouvernement qui ne repose plus sur le
seul Hamas, comme aujourd¹hui. En théorie, la route qui mène à ce
gouvernement est tracée. Haniyeh est arrivé à ce que toutes les factions se
mettent d¹accord sur une trêve, et de fait, les tirs de Qassam ont pratiquement
cessé. Il existe aussi un plan politique qui contient une reconnaissance
indirecte d¹Israël (le "document des prisonniers"), et en théorie
encore, tout ce qui reste à faire est de décider des nominations au nouveau
gouvernement.
Certaines fuites aux médias palestiniens nous apprennent qu¹il y
a eu aussi des progrès dans les négociations sur la libération du caporal
Gilad Shalit. Les médiateurs sont le gouvernement égyptien et les dirigeants
qataris, responsables d¹un projet d¹accord selon lequel Shalit serait
transféré en Egypte, et à partir de là, des discussions commenceraient autour
de la liste des 600 prisonniers qu¹Israël libérerait en échange. Cette
liste comprendrait des femmes palestiniennes détenues en Israël, des
mineurs, d¹anciens prisonniers détenus depuis avant les accords d¹Oslo,
et des malades.
Les dirigeants palestiniens sont convaincus que si la trêve se
poursuit, si Shalit et les prisonniers palestiniens sont libérés et si un
gouvernement palestinien d¹unité nationale est créé, le processus de paix
peut reprendre. Mais il semble que les choses ne soient pas si simples, car Abbas,
Haniyeh et leurs hommes s¹imposent mutuellement des conditions très
dures. Abbas exige du Hamas une reconnaissance d¹Israël et des accords déjà
signés plus concrète, ainsi qu¹une renonciation à la violence, comme le
Quartet l¹exige. Haniyeh exige que le nouveau gouvernement soit toujours dirigé
par le Hamas, avec une majorité de ministres de son mouvement. Azam el-Ahmad,
du Fatah, réplique : "Nous n¹accepterons pas d¹être un ingrédient
de plus au gouvernement, nous voulons être des partenaires à part
entière." Un accord est-il possible ? Ziad Abou-Amar, député indépendant de Gaza,
accepté par les deux côtés, suggère de revenir à l¹idée d¹un
gouvernement d¹experts.
De son côté, le gouvernement israélien agit comme si les développements
politiques en Palestine ne le concernaient pas. La routine
continue, avec les arrachages d¹oliviers, comme récemment dans le village de
Zbuba, dans le district de Jénine, et les expropriations de terres pour le mur
et les colonies (récemment, des plaintes sont venues de Susiya,
Khalkhoul, Beit Omar et Al-Arub, ainsi que de Tul Karem et de Paron). Les raids,
les assassinats ciblés et les arrestations se poursuivent. La dernière
en date a été celle du vice-premier ministre Nasser al-Shaer, du Hamas,
enlevé de son domicile de Ramallah, qui a rejoint les dizaines d¹hommes
politiques du Hamas emprisonnés en Israël, dont des ministres et des députés.
Que cela ait un rapport ou non, différentes cellules d¹organisations en
Cisjordanie préparent des attentats, et comme d¹habitude, les abus
continuent aux check points, ce qui, à part les femmes de Makhsom Watch, n¹ennuie
plus guère de monde en Israël.
|