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Ha'aretz
Du côté
palestinien après Beit Hanoun
Danny Rubinstein
[appels à la vengeance et à la
reprise des attentats, unité de tout le paysage politique
palestinien contre des négociations avec Israël, à l'exception
notable de Mahmoud Abbas, affaiblissement de ce dernier, acccélération
probable de la constitution d'un gouvernement d'union nationale :
quelques-unes des conséquences du massacre de Beit Hanoun]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/785641.html
Ha'aretz, 9 novembre 2006
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
La nuit dernière, aucun porte-parole ou analyste palestinien
n'avait le moindre doute : le massacre de Beit Hanoun va bientôt
entraîner le Hamas à réagir par un attentat. Les appels à la
vengeance pour les morts de BeitHanoun, dont sept étaient des
enfants, sont venus de toutes les factions palestiniennes. Le président
de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a été le seul à se
montrer relativement modéré. Il a appelé è une "réaction
palestinienne unie et coordonnée", que plusieurs
commentateurs ont interprété comme un avertissement contre un
attentat majeur de la part du Hamas. Peu de temps après, le
leader du Hamas Khaled Mesh'al tenait une conférence de presse à
Damas, où il a dit que toutes les factions palestiniennes
devaient ordonner à leurs membres de commettre des "actes de
résistance", à savoir des attentats terroristes. Nizar,
dirigeant militaire du Hamas à Gaza, a lui aussi appelé à la
reprise de la politique de résistance.
Au niveau politique, il ne fait pas de doute que les morts d'hier,
au premier titre des 54 autres habitants de la région tués lors
des opérations de l'armée israélienne à Beit Hanoun ces
derniers jours, ont grandement affaibli Mahmud Abbas dans ses négociations
avec le Hamas autour de la création d'un gouvernement d'union
nationale. "Comment est-il possible, dans un moment comme
celui-ci, de parler de reconnaissance et d'amitié avec Israël?",
ont demandé les orateurs à l'occasion d'une grande manifestation
d'étudiants à l'université Al-Quds, dans le faubourg de Jérusalem-Est
d'Abou Dis. Au cours de manifestations similaires qui se sont déroulées
hier partout en Cisjordanie et à Gaza, les participants ont crié
leur douleur, leur colère, et ont appelé à la vengeance. Mais
ce qui retient surtout l'attention, c'est une sorte d'unité qui
est apparue entre toutes les factions rivales. Toutes ont déclaré
qu'il était inutile de viser des négociations de paix avec Israël
et ont critiqué la voie modérée choisie par Mahmoud Abbas.
Résultat : une pression publique grandissante sur le Hamas pour
qu'il réagisse par "au moins un gros attentat", comme
un journaliste arabe de Jérusalem Est l'écrivait hier. L'Autorité
palestinienne a déclaré une grève
de trois jours en signe de deuil, et certains représentants
palestiniens ont exprimé leur espoir que le massacre convaincrait
finalement les Etats arabes à mettre fin au boycott imposé au
gouvernement et au peuple palestiniens, et qu'ils reprendraient
leurs transferts de fonds vers Gaza et la Cisjordanie.
Les négociations entre Mahmoud Abbas et Ismail Haniyeh ont été
suspendues, et les deux hommes se sont fait photographier en train
de donner leur sang hier dans un hôpital de Gaza. Toutefois, il
paraît clair que les pourparlers vont continuer ces prochains
jours. Le programme diplomatique du gouvernement d'union, fondé
sur ce qu'il est convenu d'appeler le document des prisonniers, a
été plus ou moins accepté par les deux parties, mais deux problèmes
empêchent encore de parvenir à un accord. Le plus difficile
concerne la libération du soldat enlevé Gilad Shalit en échange
de la libération par Israël de prisonniers palestiniens. La libération
de Shalit est censée constituer l'un des premiers articles de
tout accord entre Abbas et Haniyeh, mais il semble qu'il n'y ait
pas de solution à ce problème, en raison des désaccords entre
Israël et le Hamas.
Second problème : qui dirigera le gouvernement d'union nationale,
composé de technocrates et de personnalités indépendantes nommées
par le Hamas et le Fatah? Le favori semble être le ministre de l'Education
et vice-Premier ministre Nasser al-Din al-Shaer, de Ramallah,
considéré comme un sympathisant du Hamas, mais non membre de
cette organisation. Il a été arrêté par l'armée israélienne
lors d'une vague d'arrestations menée en Cisjordanie après l'enlèvement
de Shalit, mais il a été libéré peu de temps après. Il semble
qu'Abbas serait d'accord pour nommer al-Shaer, parce qu'il peut être
présenté à la communauté internationale comme une personnalité
qui n'est pas un représentant du Hamas.
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