Durban II
Cette vérité qui dérange tant la
diplomatie européenne
Daniel Vanhove
Photo Réseau Voltaire
Dimanche 25 avril 2009
Face aux propos du président iranien Mahmoud Ahmadinejad (1) la
diplomatie européenne, dans son éthique scrupuleusement choisie,
a estimé presque à l’unisson devoir évacuer la conférence de
l’ONU à Genève sur le racisme, dite Durban II… quand la majorité
de la salle applaudissait aux propos du président iranien et
demeurait en place.
L’on eût apprécié une telle unité de mouvement et de véhémentes
protestations lors de la dernière agression de l’armée
israélienne à l’encontre de la Bande de Gaza, mais là,
étrangement, les voix de ces ténors d’apparat furent des plus
discrètes, et d’unité, il n’y en eût point…
Au lieu de nous livrer une analyse calme et objective des
choses, ainsi qu’une mise à plat des problèmes que l’on nous
dissimule la plupart du temps, la majorité de nos médias a opté
pour une massive retransmission de ces gesticulations de
saltimbanques et du brouhaha qu’elles suscitent.
A l’observation de ces faits, un constat s’impose :
contrairement à ce que d’aucuns affirment, tant que nos pays
dominants agiront de la sorte, ils perdront à chaque fois un peu
plus de leur crédibilité. Et il convient de le dire et le
répéter : la justice n’est pas une matière que l’on négocie.
Accepter (presque) sans broncher que la situation dramatique
perdure en Palestine, et dans le même temps, pousser des cris
d’orfraie lors d’une prise de parole – appréciez la différence
de situations – c’est vraiment tomber dans l’absurde, pour ne
pas dire le ridicule!
Hélas, il faut bien constater que nos diplomaties en sont-là.
Idéologiquement incapables de revenir à plus de justice et
d’équilibre dans le monde, elles s’entêtent à poursuivre par
tous les moyens, leurs tentatives de domination planétaire sur
les plus démunis. Sachant l’importance médiatique dans nos pays
d’une mise en scène bien orchestrée, nos diplomates s’en sont
donc allés, sans
compter la grotesque
petite déclaration de chacun à l’attention de son
électorat national… Triste spectacle. Lamentable hypocrisie.
Comme toujours ! Et d’aucuns, ici, de se précipiter dans la
brèche pour en remettre une couche, et fondre bec et ongles sur
le président iranien pour ses propos…
Ce sont d’ailleurs bien souvent les mêmes caciques de
l’ordre établi qui dans le même temps, défendent au nom de la
liberté d’expression, les caricatures du prophète, mais
dénoncent le danger qui menace nos sociétés éclairées, pour
quelques panonceaux bricolés à la hâte dans une manifestation de
rue, quelques jeunes filles voilées ou quelque liste électorale
assimilée grossièrement à un relais du Hamas ou du Hezbollah à
Bruxelles…
Les citoyens et les militants de mieux en mieux informés,
sauront faire la part des choses. Et se rappelleront aisément
les dramatiques témoignages de début d’année, en provenance de
Gaza. Ils n’auront aucune peine à se rappeler que les mêmes
diplomaties se sont abstenues de condamner fermement l’armée et
le gouvernement israélien pour ses crimes d’alors… qui ne font
que s’ajouter à une liste commencée il y a plus de 60 ans ! Ces
mêmes citoyens et militants savent aussi que les diplomates ne
sont pas des gens ignorants. Et que si leurs réflexes ne
changent pas, ce n’est pas par manque de connaissance des
dossiers, mais par volonté délibérée de garder une suprématie
sur l’ensemble de l’économie et de la finance mondiales. La
vérité, c’est que nos pays riches NE VEULENT PAS que leur ordre
du monde change. Nos gouvernements NE VEULENT PAS que les
déséquilibres qu’ils ont créés et alimentés partout sur la
planète se résolvent. Parce qu’ils ont appris depuis bien
longtemps que pour régner, il fallait diviser. Ce à quoi ils
s’emploient avec zèle et application. L’ultime démonstration
nous en a été faite lors du récent sommet du G20 : point de
fondamentale remise en question d’un système dont pourtant les
signes d’effondrement peuvent se lire partout ; juste les
milliards nécessaires à relancer ce système dont ils se gavent
bien, ainsi que quelques meilleurs outils pour en contrôler les
inévitables futures dérives – qui seront, sans aucun doute, plus
graves encore –
afin que les
puissants ne soient plus pris par surprise et puissent sauver
leurs avoirs et les planquer dans quelques paradis fiscaux qui
ne seront jamais démantelés, malgré le tintamarre qui les
entoure…
Ainsi, à l’écoute attentive et complète des propos du président
iranien, ceux-ci se révèlent bien moins exagérés qu’on ne nous
les rapporte. Et en outre, que sont-ils à côté de ceux du
nouveau ministre d’extrême droite des Affaires étrangères
israélien Avigdor Lieberman ? Voici pour tous ceux qui semblent
atteint de manière précoce par la maladie d’Alzheimer, ce que
celui qui a été plébiscité par une partie du peuple israélien au
rang de ministre, préconise pour les Palestiniens en
particulier, et les Arabes en général :
-
Le bombardement des banques ;
-
Le bombardement des stations d’essence ;
-
Le bombardement des centres commerciaux ;
-
La noyade des prisonniers politiques dans la Mer morte ;
-
La castration des individus de sexe mâle ;
-
L’exécution des parlementaires palestiniens de la Knesset
(parlement israélien) ;
-
Le bombardement du barrage d’Assouan, en Egypte ;
-
La destruction de la Syrie, de ses raffineries, de ses
infrastructures, de ses aéroports ;
-
Un traitement à la
japonaise (entendez, l’utilisation du nucléaire), etc… dans
une liste aussi longue que funeste…
Propos auxquels aucune de nos chancelleries, ni aucun de nos si
vertueux diplomates n’ont jamais réagi. C’est dire les
motivations qui les animent…
Par ailleurs, que pèsent les mots du président iranien, face à
l’horreur du quotidien des gazaouis affamés et maintenus sous
embargo dans un ghetto, depuis près de deux ans par l’étau
israélien, fruit de l’idéologie sioniste ?
Dès lors, OUI, le président iranien a raison de déclarer que le
sionisme se révèle être sur le terrain et dans la réalité
palestinienne, une idéologie raciste s’articulant sur la
discrimination et l’apartheid. Et OUI, l’Etat d’Israël, dans ses
structures actuelles doit disparaître. Et ne pourra prétendre à
la cohabitation pacifique avec ses voisins arabes, qu’à la
condition de devenir une vraie démocratie pour TOUS ses
citoyens, et pas seulement pour ceux qui peuvent prouver leur
judéité, comme c’est le cas actuellement.
La domination coloniale, sous quelle que forme qu’elle revêt
encore, n’a plus lieu d’être, et nos diplomates devraient
comprendre que leurs arrogantes habitudes d’antan à mener le
monde comme ils l’entendaient n’est plus de mise. Il eût été
hautement préférable qu’ils restent docilement assis à leurs
places pour écouter le discours du président iranien jusqu’au
bout, et s’interroger par la suite, des changements d’équilibre
qui, avec ou sans eux – et dès lors sans nous – s’opèrent dans
le monde.
En Palestine, face à tant d’injustices, de crimes et
d’assassinats, de vols de terres et de transferts de population
perpétrés depuis tant d’années – et qui ne sont pas sanctionnés
– l’on attend toujours de la part de nos diplomaties modèles et
tellement éprises d’éthique quand cela les arrange, un peu plus
de détermination dans l’avènement d’une justice qui ne
fonctionne plus sur cet insupportable deux poids, deux mesures !
Daniel Vanhove –
Observateur civil
Membre du Mouvement Citoyen Palestine
Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes
– 2004 – Ed. M. Pietteur
La Démocratie Mensonge
– 2008 – Ed. M. Pietteur
(1) Pour le discours intégral du président Ahmadinejad :
http://www.voltairenet.org/article159812.html
|