Opinion
Le combat
anti-impérialiste de l'Etat-nation et du
peuple syrien est celui de l'ensemble
des peuples du monde
Claude
Beaulieu, Geneviève Blache
Jeudi 13 décembre
2012
La situation en
Syrie résulte pour l’essentiel d’une
agression extérieure.
La Syrie est en état de guerre latent
avec Israël et les USA depuis des
décennies.
La crise paroxystique actuelle, imposée
par les dirigeants étatsuniens, atteint
un niveau de cynisme dans la barbarie et
le viol de la légalité internationale
rarement égalé dans la longue suite
d’ingérences, d’agressions et de guerres
qu’ils mènent sans interruption,
notamment depuis la fin de seconde
guerre mondiale. Cet
irrespect continu de la légalité
internationale et de la Charte des
Nations Unies a conduit les dirigeants
étasuniens à ne plus tenir compte, de
plus en plus souvent, des usages et des
règles diplomatiques dans les relations
entre Etats souverains, que la
civilisation a historiquement construits
au cours des siècles. Ce choix de la loi
de la jungle en matière géopolitique est
totalement approuvé et reproduit par
leurs vassaux occidentaux, parmi
lesquels les Sarkozy, Fabius, Hollande
et Juppé sont aujourd’hui les plus
zélés.
Cette réalité concrète qui s’aggrave au
fil des ans et que nul anti-impérialiste
ne peut ignorer, a imposé à la Syrie
souveraine de se doter d’un pouvoir
d’État particulièrement solide, certes
imparfait et non dépourvu de défauts,
mais qui lui a permis de se maintenir et
de rester aujourd’hui le seul pays arabe
laïque véritablement indépendant du
Moyen-Orient, capable de résister au
vandalisme euro-atlantique, sioniste et
occidentaliste, qui assassine en
symbiose avec l’islamisme radical le
plus rétrograde.
Refusant la vassalisation ou le
démantèlement de leur pays, le
gouvernement anti-impérialiste de la
République arabe syrienne et le peuple
qui, majoritairement, le soutient
activement, mènent aujourd’hui une lutte
acharnée dans laquelle ils résistent
opiniâtrement à une guerre d’agression
extérieure. Celle-ci, prévue et préparée
de longue date par les différentes
administrations américaines, est menée
par une alliance qui associe les forces
conjuguées des barbaries occidentaliste
et sioniste avec celle des mercenaires
djihadistes wahhabites, salafistes et
takfiristes.
Dans cette agression, le poids
spécifique des collabos de l’armée
syrienne « libre » est secondaire par
rapport à celui des bandes terroristes
venues de l’étranger. Ils apparaissent
comme une force d’appoint dont le rôle
est de faire illusion, de donner une
couleur locale et à servir d’alibi
syrien à une intervention extérieure.
Malgré la gravité de l’ingérence
euro-atlantique et l’inhumanité de cette
guerre d’agression financée par les
milliards du Qatar et de l’Arabie
Saoudite, malgré les trahisons
rémunérées ou l’occupation partielle du
territoire national par Israël qui
prétend annexer le plateau du Golan, les
Syriens, sous la conduite de leur
gouvernement légitime, se sont tout de
même engagés dans un processus difficile
de démocratisation de leur société,
conjugué avec le développement de la
résistance pour l’indépendance, la
souveraineté, la laïcité et le refus de
la guerre civile interconfessionnelle.
Depuis près de deux
ans, nous assistons à la recherche d’un
renforcement méthodique de la
souveraineté populaire en Syrie, à
l’inverse de ce qui se passe en France
comme dans les autres pays vassalisés de
l’Euro dictature, dans lesquels les
oligarchies financières détruisent les
Etats-nations, la démocratie et la
souveraineté des peuples, tout en
imposant à ceux-ci une régression
sociale qu’elles aggravent en
permanence.
Dans son discours
du 30 mars 2011 devant l’Assemblée du
Peuple, le président Bachar Al Assad a
manifesté une volonté réformatrice que
depuis, il n’a cessé de mettre en
pratique par étapes, en dépit des
obstacles que le contexte de guerre
multiplie inévitablement dans le domaine
particulièrement complexe du
développement des libertés
démocratiques.
Une résistance
patriotique accompagnée d’un processus
de réformes démocratiques.
Soulignons-en notamment les étapes
suivantes :
En juillet 2011, le parlement syrien a
établi le pluralisme politique, et
rendue légale l’existence de partis
d’opposition, dirigés par des
responsables dont certains ont été
emprisonnés à une autre époque.
Le 26 février 2012, une nouvelle
Constitution syrienne a été adoptée par
référendum avec 89,4% de oui et la
participation de 57,4 % du corps
électoral, malgré la situation marquée
par les massacres, les attentats et les
menaces terroristes. Cette constitution,
en abolissant la suprématie autoritaire
du parti Baas au pouvoir depuis un
demi-siècle, a été voulue par Assad qui
a manifestement entrepris de faire
évoluer un système politique dont il
tend à se différencier au profit de la
promotion d’un vaste rassemblement
patriotique, permettant de mettre fin à
la guerre et de conduire et
d’approfondir la réforme annoncée.
Le 7 mai 2012, des élections
législatives ont été organisées. Elles
ont connu une participation de 51,36%,
chiffre important compte tenu du
contexte difficile. Si le bloc « Unité
nationale » soutenant le président
Bachar al-Assad a remporté ces
élections, il convient de noter que des
membres de l’opposition démocratique ont
été élus, ce qui représente une avancée
significative dont on peut prévoir
qu’elle aura des suites.
Le 23 juin 2012, un nouveau gouvernement
a été constitué en Syrie, dans lequel
ont été intégrés deux membres de
l’opposition fidèles à la nation :
Qadri Jamil et Ali Heidar, qui président
le Front populaire pour le Changement et
la Libération, créé en juillet 2011 (ce
mouvement, rassemblant des communistes
et des patriotes progressistes, a
participé aux élections législatives du
mois de mai ; il agit pour des réformes
tout en condamnant la violence et en
s’opposant à toute intervention ou
ingérence étrangère).
Qadri Jamil, élu de l’opposition
démocratique à l’Assemblée du Peuple
(élections législatives du 7 mai),
provenant de la mouvance communiste, a
été nommé vice-premier ministre pour les
Affaires économiques, ministre du
Commerce intérieur et de la protection
des consommateurs, tandis qu’Ali Haïdar
est devenu ministre d’Etat pour les
Affaires de la Réconciliation nationale,
charge à partir de laquelle il apporte
depuis une contribution particulièrement
utile au rassemblement populaire.
Les 22 et 23 septembre 2012, le congrès
d’une coordination de l’opposition
regroupant 20 partis et des cadres
politiques de l’opposition a pu se tenir
à Damas, en présence notamment des
ambassadeurs de Russie et de Chine.
A différentes reprises le Président
syrien a préconisé un dialogue national
avec l’opposition démocratique, afin de
rechercher une possible solution
politique consensuelle à la crise…
C’est bien, il faut le souligner, cette
opposition récemment reçue à Moscou qui
continue à refuser jusqu’ici des
pourparlers patriotiques. Elle est
stimulée dans ce refus du débat
souverain, par les ingérences et les
manipulations des provocateurs
occidentaux du type Juppé - Fabius, ce
dernier allant jusqu’à appeler au
meurtre du chef de l’Etat syrien.
Le général libanais
Michel Aoun, président du courant
patriotique libre libanais, a pu
récemment affirmer avec pertinence que
la Syrie est « plus proche de la
démocratie que n’importe quel pays arabe
». Il a mis d’ailleurs en garde contre
un renversement du régime d’Assad qui
constituerait « un prélude à une guerre
mondiale ».
Un patriote laïque
et réformateur, un combattant
anti-impérialiste de stature
internationale
Homme d’Etat charismatique, courageux et
opiniâtre, le Président de la République
arabe syrienne apparaît dans le monde
aux esprits libres, émancipés de la
pensée unique, comme un dirigeant
anti-impérialiste conséquent, de la
stature des dirigeants qui ont marqué la
lutte anti colonialiste du 20ème siècle.
Il conduit, dans des conditions
différentes, un combat manifestement
solidaire avec celui d’Hugo Chavez et du
peuple du Venezuela, pour ne prendre
qu’un exemple. Les anti-impérialistes
qui, dans le monde, n’ont pas accepté la
diabolisation par les médias occidentaux
prostitués de Fidel Castro ou de Chavez,
ne doivent pas davantage endosser la
fausse image d’un Bachar Al Assad
autocrate sanguinaire que tend à imposer
la guerre idéologique.
Manifestement, Bachar Al Assad est
soutenu par la majorité des Syriens ; il
apparaît comme le plus apte à construire
la victoire militaire et politique sur
les agresseurs impérialistes et leurs
collabos et mercenaires. Il est aussi le
plus déterminé à rassembler le
peuple-nation agressé autour d’une
politique réformatrice de défense de la
souveraineté et de l’indépendance
nationales, d’essor des libertés
démocratiques et de progrès.
Ne faut-il pas considérer en outre, que
le combat imposé à la Syrie, son
gouvernement et à son peuple patriote,
place objectivement cet Etat nation à
l’avant-garde de la défense de la cause
des peuples du monde ?
La Syrie souveraine est en réalité un
avant-poste stratégique de la lutte
contre l’asservissement des nations et
pour la liberté de l’ensemble des
peuples du monde. Ceux-ci sont
aujourd’hui tous vassalisés, opprimés ou
sous le coup de la menace étasunienne
d’agression et de guerre, relayée par le
bloc euro-atlantique et occidentaliste
et ses divers agents.
Si, ce que nous ne
croyons pas, la Syrie anti-impérialiste
et laïque venait à tomber, cela
représenterait manifestement une défaite
de l’Iran, de la Russie et de la Chine.
La Syrie résistante est un verrou qui,
d’une certaine façon, protège ces pays
dont elle retarde l’agression
programmée. Ces trois pays sont en effet
aujourd’hui encerclés par de multiples
bases militaires, et visés par des
dispositifs bellicistes divers aux mains
des dirigeants étasuniens qui installent
aussi, nous le savons, des systèmes
antimissiles avec la prétention de se
rendre invulnérables.
La Syrie et son
peuple triompheront, nous en sommes
convaincus, de la sauvagerie américaine.
Mais dans le cas contraire, il s’agirait
aussi de notre propre défaite, celle de
tous citoyens pacifiques du monde, celle
de l’ensemble des peuples et des nations
opprimés et vassalisés. Comme l’a
souligné avec d’autres le général Aoun,
cela ouvrirait le chemin vers une
nouvelle guerre mondiale.
C’est le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes qui se joue en Syrie et pas
seulement celui du peuple de ce pays.
L’avenir de l’Etat syrien, le choix de
ses dirigeants qui relèvent
exclusivement de la souveraineté
populaire et de l’indépendance
nationale, doit être décidé en Syrie et,
nulle part ailleurs, ni à Washington à
Tel Aviv, Paris ou dans toute autre
capitale.
La question sociale
et la question nationale sont
inséparables
Les communistes et les progressistes
syriens ont dénoncé des privatisations
et à travers elles, l’influence
envahissante ces dernières années, du
FMI et du néolibéralisme sur la
politique économique du pays, en même
temps que leurs conséquences
antisociales, qui ont provoqué un
mécontentement populaire naturellement
exploité par l’opposition – légitimement
ou de manière démagogique.
L’actuelle recherche, dans le peuple
syrien, d’une démarche de de
rassemblement autour de la préservation
de l’Etat-nation laïque permettant de
triompher de la guerre d’agression, sera
peut-être l’occasion pour les patriotes
de conjuguer l’intérêt national, la
souveraineté populaire, le développement
des libertés démocratiques avec une
politique de reconstruction économique
incluant le progrès social.
Cette situation particulière n’est pas
sans rappeler le cheminement héroïque
qui a conduit pendant la seconde guerre
mondiale, à la constitution en France du
Conseil National de la Résistance et à
l’élaboration de son programme.
Le Comité Valmy
est une organisation pluraliste :
Claude Beaulieu y appartient à la
sensibilité communiste,
Geneviève Blache est gaulliste, elle
anime aussi le collectif Résistance et
Renouveau Gaullien.
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